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Les secrets d'une cavale réussie

Un mirador de la prison de Sequedin, le 13 avril 2013 [Philippe Huguen / AFP] Un mirador de la prison de Sequedin, le 13 avril 2013 [Philippe Huguen / AFP]

Discrétion, argent et solide réseau d'amis, tels sont les secrets d'une bonne cavale. Mais selon les policiers, même les "plus grands et les plus malins", comme Redoine Faïd, braqueur star des cités recherché par toutes les polices depuis sa spectaculaire évasion de prison samedi, finissent un jour au l'autre par tomber.

C'est un truand à l'ancienne avec l'accent marseillais et le nez cassé, septuagénaire au passé de "beau mec" qui l'a raconté dans ses mémoires en 2011. "Le secret de ma longévité", confiait alors à l'AFP Jean-Pierre Fernandez, "ce sont mes années de cavale". "Elles m'ont évité d'être arrêté, certes, mais aussi de me faire descendre" lors d'un règlement de comptes.

"Il fallait partir vite dès que cela était nécessaire, rompre tous liens avec ses proches et se faire oublier", disait-il, "et avoir beaucoup d'argent". "C'est le plus dur", ajoutait-il, "heureusement j'avais une bonne +gagneuse+", une "belle fille" qui le faisait vivre, parfois chichement selon lui, en se prostituant.

Une cavale, confirment les policiers, cela s'organise et "se gère au quotidien" avec un "réseau" et "de l'argent, beaucoup d'argent", surtout s'agissant d'un homme de la trempe de Faïd que tous considèrent comme "au dessus du lot" et "très intelligent" mais habitué à un "train de vie important". Il faut aussi des "amis", un "réseau sûr" et "discret", selon eux.

Des membres des Eris devant la prison de Sequedin le 13 avril 2013 [Philippe Huguen / AFP]
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Des membres des Eris devant la prison de Sequedin le 13 avril 2013
 

Mais "même les plus grands et les plus malins" finissent par être rattrapés un jour ou l'autre, estiment-ils. "Question de temps", dit un enquêteur, rappelant comment l'ancien caïd des cités a été arrêté, en juin 2011, alors qu'il "préparait un braquage".

Mendiant ou livreur de fruits

D'autres policiers sont moins optimistes insistant sur la personnalité "hors normes" du fugitif dont le "statut a changé" passant de "petit braqueur" à celui d'"homme le plus recherché de France" après une "belle" spectaculaire et minutieusement préparée.

Ce que confirme le journaliste et écrivain Frédéric Ploquin, qui a, dit-il, déjeuné une quarantaine de fois avec Redoine Faïd au moment de la publication du livre, en 2010, de l'ex braqueur qui a nourri plusieurs de ses ouvrages sur le banditisme.

"Il s'est construit l'image qu'il rêvait d'être", dit Ploquin, qui vient de publier chez Fayard un livre sur la Bac de Marseille ("Vol au dessus d'un nid de ripoux").

"C'est une star défiant la police, il a changé de pointure, c'est ce qu'il voulait et cela va être très dur pour lui", poursuit-il. "C'est l'homme le plus recherché, le plus surveillé, une cavale coûte très cher, le moindre faux pas aussi".

"Mais il est malin, capable de se transformer en livreur de fruits ou en mendiant", soutient-il. "En Israël, qu'il ne connaissait pas" et où il avait fui, "il a réussi l'exploit de se fondre dans la masse avec une kippa".

"Soit il se fera oublier et réussira... mais ce n'est pas son truc, il veut qu'on parle de lui, il est dans une autre logique", avance-t-il.

Les enquêteurs, disent certains d'entre eux, sont de cet avis, s'attendant à une cavale "à rebondissements" et guettant, souvent avec anxiété, le faux pas.

Selon eux, l'ex braqueur des cités n'est pas du genre à vivre dans une grotte comme l'avait fait un fugitif portugais, durant seize années, avant d'être arrêté en 2009. Il "veut surprendre" et, fait encore valoir Ploquin, "il connaît mieux la police et les policiers que nous tous réunis".

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