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Ghali crée la surprise, Carlotti éliminée

Samia Ghali et Patrick Mennucci le 13 octobre 2013 à Marseille [Anne-Christine Poujoulat / AFP] Samia Ghali et Patrick Mennucci le 13 octobre 2013 à Marseille [Anne-Christine Poujoulat / AFP]

La sénatrice Samia Ghali a créé la surprise dimanche en arrivant en tête du premier tour de la primaire socialiste en vue des municipales à Marseille, devant le député Patrick Mennucci, la ministre Marie-Arlette Carlotti, favorite du scrutin, étant éliminée. Un résultat suivi d'une violente polémique entre Samia Ghali et Marie-Arlette Carlotti.

 

Dans cette consultation, l'une des cinq organisées en France par le PS, six candidats s'affrontaient pour gagner l'investiture et tenter de ravir la mairie en mars 2014 à Jean-Claude Gaudin (UMP), probable candidat à sa succession.

"Merci d'y avoir cru", a lancé Samia Ghali, élue des quartiers Nord, à ses soutiens dans une ambiance survoltée. "Je veux être la maire de Marseille qui fera que le nord et le sud se réunissent, je veux tuer le désespoir de cette ville", a-t-elle dit, peu avant la confirmation officielle de sa victoire par la Haute autorité des primaires (HAP) avec 25,25% des voix (5.151), tandis que M. Mennucci en réunissait 20,65% (4.212).

Marie-Arlette Carlotti à son QG de campagne le 13 octobre 2013 à Marseille [Bertrand Langlois / AFP]
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Marie-Arlette Carlotti à son QG de campagne le 13 octobre 2013 à Marseille
 

Le maire du premier secteur (centre ville) s'est rendu, aussitôt les résultats connus, à la fédération, où il a été accueilli par les vivats de ses partisans, avant d'être rejoint par sa rivale qui l'a embrassé, avant de s'éclipser. Il a appelé au "rassemblement le plus large", remerciant "chaleureusement" Marie-Arlette Carlotti, grande perdante avec sa troisième place (19,52% des suffrages), laquelle lui a immédiatement apporté son soutien, tout comme le député Henri Jibrayel, dernier de la course.

Le président de la communauté urbaine Eugène Caselli et le conseiller général Christophe Masse n'ont pas encore fait connaître leur position.

M. Mennucci a promis une campagne d'entre-deux tours "sobre, sérieuse", ponctuée par deux débats: "Il faut que les Marseillais transforment l'essai et se donnent un candidat capable de battre Jean-Claude Gaudin".

Patrick Mennucci à la sortie du bureau de vote le 13 octobre 2013 à Marseille [Bertrand Langlois / AFP]
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Patrick Mennucci à la sortie du bureau de vote le 13 octobre 2013 à Marseille
 

"Une victoire qui me serait accordée dimanche prochain tournerait nettement la page du clientélisme et des pratiques mises en place par Jean-Noël Guérini", l'ancien homme fort du PS, a ajouté le député, dans une allusion à peine voilée aux méthodes de Mme Ghali, également cibles un peu plus tôt des critiques de Mme Carlotti.

 

Organisation "paramilitaire"

La ministre a vivement dénoncé "un fonctionnement à plein régime du clientélisme". "Personne n'avait vu jusqu'à présent ce système fonctionner avec une telle puissance, un tel sentiment d'impunité, à la vue de tous, avec des dizaines de minibus qui sillonnent la ville, des échanges d'argent, toute une organisation que j'ai envie de qualifier de +paramilitaire+", a-t-elle asséné.

Une assesseur-assistante de Mme Carlotti, Anne-Sophie Dedieu, a raconté avoir vu dans le bureau du 15e arrondissement où elle officiait "un électeur à qui on donnait une pièce d'un euro (la contribution demandée à tout électeur, NDLR) en lui désignant le bulletin Samia Ghali. C'était la même chose dehors".

L'organisation, placée sous l'égide de la HAP, s'est voulue exemplaire, mais l'ambiance fut électrique tout au long de la journée entre les candidats, dans une fédération minée par les affaires et les rivalités et placée sous tutelle en mars.

Samia Ghali à l'annonce des résultats de la primaire socialiste le 13 octobre 2013 à Marseille [Boris Horvat / AFP]
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Samia Ghali à l'annonce des résultats de la primaire socialiste le 13 octobre 2013 à Marseille
 

Dès la mi-journée, certains avaient dénoncé l'organisation de covoiturages ou de transports collectifs, notamment par Mme Ghali. "Oui, il a fallu s'organiser pour aller voter car les transports dans certains quartiers sont inaccessibles", s'est défendue l'intéressée.

"C'est moralement condamnable, mais pas juridiquement, sauf à prouver qu'il s'agit d'un achat de voix", a souligné René Stefanini, secrétaire général de la HAP. De source proche de l'organisation, on rappelait que cette pratique "n'enfreignait pas le code électoral".

D'autres candidats ont signalé des problèmes dans les listes d'émargement. Ainsi, un bureau du 15e arrondissement a connu "des discordances de dates de naissance", empêchant des habitants de voter, et dans le 13e, au moins 700 électeurs ont été oubliés.

L'autorité cependant n'a pas été saisie de recours.

 

Forte mobilisation

Au total 20.734 personnes ont voté, une "forte mobilisation" jugée très satisfaisante par les responsables socialistes. L'heure de fermeture des 55 bureaux, répartis en 15 lieux, a même dû être repoussée à 20H00.

Secrétaire national aux fédérations, Alain Fontanel a salué "une dynamique compable" aux primaires pour la présidentielle. "Dans le contexte actuel c'est une très bonne surprise," a-t-il souligné, souhaitant "un rassemblement de tous les candidats au second tour".

Parmi les nombreux sympathisants de gauche venus aux urnes, Sidamed, 37 ans, a tenu à se déplacer car "Marseille mérite d'avoir un autre maire. Depuis 18 ans que Gaudin est au pouvoir, on voit la ville s'enfoncer", a-t-il dit à l'AFP.

 
 

Ailleurs, la primaire de Boulogne-Billancourt, ancrée à droite depuis 1971, a placé en tête l'ancien conseiller municipal Pierre Gaborit. Au Havre, Camille Galap a remporté la primaire avec 57,58% des voix. Enfin, à Béziers, où le scrutin incluait un candidat Vert, le socialiste Jean-Michel Du Plaa a frôlé la majorité absolue.

 

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