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Crèche Baby-Loup : nouveau procès du voile de la discorde

La directrice de la crèche Baby-Loup à Chanteloup-les-Vignes, Natalia Baleato, s'adresse aux journalistes, le 13 décembre 2010 au conseil des prud'hommes de Mantes-la-Jolie [Jacques Demarthon / AFP/Archives] La directrice de la crèche Baby-Loup à Chanteloup-les-Vignes, Natalia Baleato, s'adresse aux journalistes, le 13 décembre 2010 au conseil des prud'hommes de Mantes-la-Jolie [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Le nouveau procès de l'affaire de la crèche Baby-Loup s'est ouvert jeudi devant la cour d'appel de Paris qui rejuge en audience solennelle le licenciement d'une ex-salariée voilée au travail, après son annulation par la Cour de cassation.

Dans un arrêt qui a fait l'objet de vives critiques, la Cour de cassation avait estimé le 19 mars que "s'agissant d'une crèche privée", ce licenciement constituait "une discrimination en raison des convictions religieuses".

L'affaire est rejugée sur le fond comme le permet la procédure. Mais fait exceptionnel, le procureur général et le premier président Jacques Degrandi ont tenu à siéger à la cour d'appel, signe qu'ils entendent donner à cette audience la plus grande solennité.

Après la tempête déclenchée par l'affaire du voile dans le débat sur la laïcité, la cour d'appel pourrait "résister" à la décision de la cour de cassation.

"Vous un avez aujourd'hui un débat de société crucial à juger", a lancé Me Richard Malka, avocat de l'association Baby-Loup au début de sa plaidoirie. "Votre décision marquera une étape dans la construction ou la déconstruction de la laïcité dans ce pays".

"Le choix d'une société multiculturaliste ne correspond pas à notre modèle républicain", a-t-il encore défendu.

Mais dans le camp de Mme Afif, c'est une toute autre vision qui a été défendue devant les magistrats: "la laïcité ce n'est pas faire du terrorisme à l'égard des convictions politiques et religieuses des citoyens", a affirmé son avocat Me Michel Henry, en soulignant "le processus de radicalisation" de la directrice de la crèche, Natalia Baleato, au nom de la neutralité religieuse.

Me Richard Malka, avocat de la crèche associative Baby-Loup, le 27 mars 2012 à Paris [Bertrand Guay / AFP/Archives]
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Me Richard Malka, avocat de la crèche associative Baby-Loup, le 27 mars 2012 à Paris
 

"Fatima Afif n'a jamais voulu être un emblème ou un porte-parole d'une cause", a-t-il plaidé.

Long foulard couleur taupe encadrant l'ovale de son visage et les épaules, l'ex-directrice adjointe licenciée de la crèche, est arrivée en retard à l'audience.

La fin de l'idéal universaliste

En 2008, Mme Afif, de retour d'un congé maternité suivi d'un congé parental, avait annoncé son intention de garder son foulard islamique au travail. Ce qu'avait refusé la directrice, invoquant la "neutralité philosophique, politique et confessionnelle" inscrite au règlement intérieur.

L'ex-directrice adjointe avait été déboutée à deux reprises par la justice, une première fois devant le conseil de prud'hommes de Mantes-la-Jolie (Yvelines) en novembre 2010, puis devant la cour d'appel de Versailles en octobre 2011.

L'arrêt Baby-Loup avait suscité une volée de critiques parmi les défenseurs d'une stricte laïcité, de droite comme de gauche.

Fondée en 1991 dans un quartier sensible de Chanteloup-les-Vignes, la crèche associative accueille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 des enfants de familles monoparentales aux horaires décalés, et souvent défavorisés. Elle fermera ses portes le 31 décembre 2013 dans cette ville.

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