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S&P charge la barque du gouvernement

Manifestation de salariés de La Redoute le 7 novembre 2013 à Lille pour la défense de l'emploi [Denis Charlet / AFP/Archives] Manifestation de salariés de La Redoute le 7 novembre 2013 à Lille pour la défense de l'emploi [Denis Charlet / AFP/Archives]

L'emploi reste une grosse épine dans le pied du gouvernement: confronté à un chômage record et à une cascade de plans sociaux, il est aujourd'hui pointé du doigt par Standard & Poor's, qui voit dans la situation sociale dégradée un frein aux réformes et à la croissance.

Alors que François Hollande maintient, malgré les sombres prévisions des économistes, son engagement d'inverser durablement la courbe du chômage avant la fin de l'année, l'agence de notation, qui a abaissé vendredi une nouvelle fois la note de la France, estime que la politique économique n'a pas "réduit de manière significative le risque que le taux de chômage reste au-dessus de 10% jusqu'en 2016".

Elle ajoute que "le niveau actuel du chômage amoindrit le soutien populaire en faveur de nouvelles réformes structurelles et sectorielles et affecte les perspectives de croissance à plus long terme".

Face à ces critiques, le chef de l'Etat a confirmé son "cap", évoquant notamment son choix de "lutter contre le chômage en mobilisant tous les dispositifs, tous les acteurs, privés comme publics".

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a, lui, considéré que l'agence n'avait "pas pris en compte toutes les réformes" dans son analyse, citant notamment la réforme des retraites, en cours d'examen au Parlement, et celle du marché du travail, déjà en application.

Mais pour Hervé Boulhol, économiste à l'OCDE, il y a encore "beaucoup à faire en France pour faire baisser le chômage sur le long terme, c'est évident".

Jean-Marc Ayrault entre Marylise Lebranchu et Marie-Arlette Carlotti le 8 novembre 2013 à Marseille [Anne-Christine Poujoulat / Pool/AFP]
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Jean-Marc Ayrault entre Marylise Lebranchu et Marie-Arlette Carlotti le 8 novembre 2013 à Marseille
 

Pour autant, l'expert ne partage pas la vision de l'agence de notation, qui voit dans le taux de chômage élevé un frein à la croissance. "Ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de chômage aujourd'hui qu'il n'y a aura pas de croissance demain", "le lien de cause à effet se fait dans l'autre sens", la croissance entraînant une amélioration sur le front du chômage, selon lui.

M. Boulhol reste aussi dubitatif sur le fait que le chômage serait un obstacle aux réformes: "Le chômage est le symptôme de quelque chose qui fonctionne mal, ce devrait plutôt être une impulsion pour faire des réformes, on l'a vu dans d'autres pays", souligne-t-il.

 

Une hausse jusqu'en 2015, selon la Commission européenne

 

Des pneus sont brûlés le 7 novembre 2013 à l'entrée de l'usine Goodyear d'Amiens- Nord  [François Lo Presti / AFP]
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Des pneus sont brûlés le 7 novembre 2013 à l'entrée de l'usine Goodyear d'Amiens- Nord
 

Face au chômage record (3,29 millions de personnes sans activité inscrites à Pôle emploi fin septembre), le gouvernement s'accroche à sa boîte à outils: les emplois d'avenir (75.000 contrats signés) et l'allongement des contrats aidés classiques, le contrat de génération, la loi de sécurisation de l'emploi et le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, qui a permis de sauver ou créer 30.000 emplois en un an selon lui.

Reste que les organismes internationaux ne tablent sur aucune amélioration à court et moyen terme. Dans ses prévisions publiées mardi, la Commission européenne prévoit une hausse du taux de chômage, qui atteindrait 11,2% en 2014 et 11,3% en 2015, contre 11% en 2013. L'Insee table sur une stabilisation du chômage au quatrième trimestre 2013, sans non plus entrevoir l'inflexion promise par le président.

Selon les économistes, une croissance annuelle au moins égale à 1,5% est nécessaire pour créer des emplois, chiffre bien supérieur à ce qui est attendu en 2013 ou 2014.

Philippe Waechter, économiste chez Natixis, a toutefois "le sentiment qu'il peut y avoir une stabilisation sur le front de l'emploi privé à la fin de l'année". "Mais le chômage ne va pas s'améliorer pour autant car il va y avoir des flux d'entrées sur le marché du travail et les entreprises ne vont pas embaucher", dit-il.

Pour autant, une baisse du nombre d'inscrits à Pôle emploi sur les derniers mois de l'année, comme en août, n'est pas exclue. Déjà, depuis plusieurs mois, le rythme des nouvelles inscriptions a ralenti.

"Depuis plusieurs mois, on note une montée des radiations sur les listes et une accélération des contrats aidés: ces deux phénomènes font que les chiffres de Pôle emploi pourraient être mieux orientés", selon l'économiste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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