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Médecins généralistes et spécialistes en grève

Les spécialistes se sont joints au mouvement de grève des médecins généralistes ce 24 décembre 2014. [Jean Philippe Ksiazek/AFP]

"Une semaine sans médecins libéraux" : les spécialistes se joignent mercredi au mouvement de grève des généralistes entamé la veille pour contester le projet de loi santé de la ministre Marisol Touraine, qu'ils accusent de favoriser le secteur public.

 

Fermeture des cabinets et grève des gardes, du 24 au 31, sont les modes d'action choisis par plusieurs syndicats, dont la puissante Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), pour prouver l'importance de la médecine libérale. 

Outre la revalorisation à 25 euros des consultations pour les généralistes, les libéraux demandent la réécriture, voire le retrait pur et simple du projet de loi santé porté par la ministre Marisol Touraine

"Nous, les médecins, ne sommes pas des excités, ce n'est pas dans nos habitudes de batailler comme ça. C'est que vraiment, la coupe est pleine, on n'en peut plus", assure Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF, qui regroupe généralistes et spécialistes. A ceux qui moquent une "grève Courchevelle" calquée sur une période de congés, M. Ortiz rétorque qu'"en général, les médecins, parce qu'ils ne sont pas idiots, ne partent pas quinze jours en vacances". "Le pays habituellement ne se retrouve jamais sans médecins libéraux pour la semaine de Noël", clame-t-il. 

Depuis plusieurs semaines, les appels à la grève se multiplient, syndicats de pédiatres, cardiologues ou encore radiologues s'étant engouffrés dans la brèche, avec parfois des revendications propres. Les pédiatres, par exemple, s'inquiètent d'être la spécialité "la moins bien rémunérée". 

Tous dénoncent la généralisation du tiers payant d'ici à 2017, ses difficultés de mise en oeuvre et les retards de paiement que pourrait entraîner le dispositif. 
    
 

"Etatisation" de la santé
    
Egalement dans leur ligne de mire, le pouvoir accru des agences régionales de santé (ARS), chargées d'assurer la politique sanitaire nationale sur les territoires, synonyme selon eux d'"étatisation" de la santé. 

"Le fil rouge de cette loi de santé, c'est d'organiser la médecine de proximité par les ARS" assure Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF, en référence au service territorial de santé au public que veut mettre en place la ministre, et qui fait craindre aux médecins la fin de leur liberté d'installation. Les ARS pourront par exemple subordonner l'attribution de subventions à la participation à ce service territorial de santé, destiné à répondre aux besoins du territoire et favoriser la coopération entre professionnels.

"C'est une bureaucratisation et une administration de la médecine libérale avec l'hôpital au milieu", juge Jean-Paul Ortiz. Son syndicat redoute, comme la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) qui appelle à la fermeture des cliniques à partir du 5 janvier, l'exclusion des établissements privés du nouveau service public hospitalier.

Mardi, la CSMF dénonçait "les préférences affichées du gouvernement", Marisol Touraine étant parvenue à un accord avec les urgentistes qui ont levé un préavis de grève illimité au bout de 24 heures et obtenu des avancées sur leur temps de travail.

 

Un projet de loi santé critiqué

Le même jour, les généralistes étaient appelés à garder porte close par leurs principaux syndicats, MG France se félicitant d'un taux de mobilisation de 80%. Difficile à mesurer, leur mouvement n'avait pas encore eu d'effet notable mardi matin sur les services d'urgences, où la vigilance est renforcée.

A la fermeture des cabinets pourrait s'ajouter le transfert vers l'hôpital public d'interventions non urgentes des cliniques, où exercent de nombreux libéraux, avait récemment prévenu le président de la Fédération de l'hospitalisation privée Lamine Gharbi. Mais les agences régionales de santé peuvent réquisitionner les médecins grévistes pour assurer la continuité des soins promise par la ministre.

Pour l'heure, Marisol Touraine exclut de répondre aux revendications des libéraux avant la rentrée, quand seront relancées les discussions. Décrié par les professionnels, son projet de loi l'est également par l'opposition, l'UMP réclamant son retrait. Même au sein de la majorité, le texte ne fait pas l'unanimité, le député PS Gérard Bapt, pointant notamment "un problème de méthode" et les difficultés d'application du tiers payant généralisé. 

 

 

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