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Notre-Dame-des-Landes : que va devenir la ZAD ?

[LOIC VENANCE / AFP]

Sur les 1.650 hectares que compte la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, au total, l'Etat possède la majeure partie. 650 hectares font encore l'objet de litige. Que ce soit les propriétaires de ces terres agricoles ou les néo-ruraux, arrivés au cours de l'occupation, tous refusent de partir.

Entre 150 et 200 personnes habitent dans des roulottes, des cabanes fabriquées de toutes pièces, mais aussi une brasserie, une bibliothèque, une crèche, un moulin, le long de la D281, dite aussi «route des chicanes» : depuis la décision prise par Edouard Philippe d'abandonner le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la ZAD («zone d’aménagement différé» pour les promoteurs de l’aéroport, «zone à défendre» pour les occupants) est restée la même et compte bien devenir pérenne dans le bocage nantais. 

Assigner les terres à la restauration collective régionale

Après que l'abandon du projet d'aéroport soit confirmé, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, proposait sur Sud Radio jeudi d'assigner les terres occupés à la production de produits bio ou «sous signes de qualité» pour alimenter la restauration collective régionale. 

En décembre dernier, lors des Etats généraux de l'alimentation, le gouvernement avait réaffirmé vouloir servir, d'ici à 2022, au moins 50% d'aliments issus de l'agriculture biologique avec un label écologique ou produits localement dans la restauration collective. Une mesure, promise dès la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron, qui pourrait tomber à pic pour les zadistes. 

«Nous pouvons faire un certain nombre d'expériences sur les pratiques agronomiques, sur l'agriculture biologique (...) puisque nous sommes dans les Etats généraux de l'alimentation, il y a un projet de loi qui arrive le 31 janvier prochain au conseil des ministres», avait-il-expliqué. 

Malgré la volonté de vouloir travailler en coopération avec les habitants de la zone, le ministre avait rappelé que «celles et ceux qui occupent le site de manière illégale devront partir à partir du 30 mars». Les propriétaires expropriés pourraient récupérer leurs terres tandis que les autres agriculteurs souhaitant porter un projet pourraient être accueillis dans un deuxième temps. 

Les occupants de la ZAD se disent «prêts à négocier» avec l'État sur un futur projet de territoire agricole. Néanmoins, après l'ultimatum d'Edouard Philippe, qui a donné jusqu'au 30 mars pour évacuer les lieux, ils ont répondus par un «refus de toute expulsion». 

Un nouveau Larzac

«On va se battre pour que tout le monde puisse rester ici et on va continuer à construire nos vies ici», affirme une occupante de longue date de la ZAD. 

Une des solutions envisagées pour permettre aussi bien aux propriétaires expropriés qu'aux occupants arrivés de rester sur Notre-Dame-des-Landes : une mise en commun des terres, inspirée de ce qui s'est mis en place sur le plateau du Larzac. 

Après dix ans de lutte contre l’extension du camp militaire du Larzac, les antimilitaristes du causse de l'Aveyron avaient obtenu l'abandon du projet. Leur victoire avait été accompagnée de la création de la Société civile des terres du Larzac (SCTL) : l'Etat est devenu propriétaire des terres mais la gestion des 6.300 hectares est depuis assurée par les agriculteurs via un bail emphytéotique (de très longue durée). 

Une principauté «hors-normes»

Dans un manifeste daté du 15 janvier, avant même de connaitre le choix du gouvernement, les zadistes envisageaient toutes les éventualités. Dans le cas d'un abandon du projet d'aéroport, une victoire partielle à leurs yeux, les habitants de la ZAD déclaraient ne pas compter sur eux pour libérer les lieux. Ils ambitionnent plutôt de concevoir une société alternative où serait inventé «un nouveau modèle social». 

Refusant de voir la ZAD transformée en «zone pacifiée de commerce équitable», les zadistes promouvaient dans ce manifeste un système «hors cadres et hors normes», définit par leurs propres règles et leur propre manière de régler les conflits.

«Nous voulons aussi continuer à inventer d’autres manières de partager et d’échanger en dehors du seul lien marchand, pour être moins dépendant.es de l’état et du marché, mais aussi pour nos voisin.e.s et pour soutenir d’autres luttes», peut-on lire dans le communiqué. 

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