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La PSQ vise à mieux connaître les habitants, «qu’elle sera chargée de protéger et d’entendre». La PSQ vise à mieux connaître les habitants, «qu’elle sera chargée de protéger et d’entendre». [© R_MEIGNEUX / SIPA]

Le dispositif de sécurité du quotidien doit recréer du lien pour être efficace, mais suscite encore quelques réserves.

La proximité et la fermeté. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, doit annoncer officiellement, ce jeudi à Paris, le lancement de la police de sécurité du quotidien (PSQ). Voulue par Emmanuel Macron, cette nouvelle force, dont l’idée est née dans le contexte brûlant de «l’affaire Théo» – l’arrestation violente d’un jeune, en février 2017 – a pour ambition d’être «au plus près des Français».

Elle vise, comme l’avait expliqué le chef de l’Etat durant sa campagne, à mieux connaître les habitants «qu’elle sera chargée de protéger et d’entendre». Le détail du dispositif, ainsi que la liste de la quinzaine de villes retenues pour l’expérimenter, sont très attendues.

Des agents en prise directe

Concrètement, la PSQ devrait avoir pour objectifs principaux la répression du harcèlement, dans la rue comme dans les transports, ainsi que la lutte contre l’usage de cannabis. Pour faciliter le travail des agents, des tablettes numériques (115 000 au total) leur seront fournies. Ils pourront ainsi verbaliser et faire payer les contrevenants directement sur le terrain. Cet équipement devrait aussi leur permettre de vérifier les antécédents d’une personne, lors d’un contrôle, et de l’interpeller si nécessaire. Elles permettraient aussi de prouver au citoyen qu’il a déjà été contrôlé dans la même journée.

«Il y a une réelle urgence à recentrer le policier sur son cœur de métier», à savoir la répression et la prévention, explique Frédéric Lagache secrétaire général adjoint du syndicat Alliance.

Le reste de l’équipement de cette PSQ, appelée à des interventions à risque, devrait aussi être renouvelé, avec 60.000 gilets pare-balles promis d’ici à la fin de l’année, ainsi que 30 000 véhicules neufs sur cinq ans. Elle devrait, enfin, associer plus étroitement tous les acteurs de terrain. En ce sens, des référents pourraient être choisis dans chaque quartier pour être en contact direct avec les policiers.

En début de mois, Gérard Collomb avait d’ailleurs annoncé qu’un protocole serait prochainement signé pour développer les échanges d’information entre police, gendarmerie, et même les entreprises de sécurité privées.

Une force qui doit faire ses preuves

Reste que, si les syndicats saluent, dans l’ensemble, une «réforme qui va dans le bon sens», ils attendent de voir comment elle va se traduire, sur le terrain notamment, en termes d’effectifs. Alors qu’Emmanuel Macron a promis de créer 10.000 postes de policiers sur cinq ans, le nombre d’agents qui participeront à la PSQ n’a toujours pas été précisé.

Autre crainte de la profession, que ce dispositif soit inutile sans vrai appui des magistrats. «Il faut que police et justice aillent dans le même sens», résume Frédéric Lagache, et cela, pour ne pas «démotiver les policiers».

L’opposition, de son côté, à l’instar du député LR Eric Ciotti, a déjà accusé le gouvernement de vouloir faire ressusciter la «police de proximité», considérée comme un symbole de l’échec de la politique sécuritaire du gouvernement Jospin en 2002.

Une accusation que l’exécutif s’est pourtant appliquée à contrer depuis plusieurs mois. Reprenant volontairement les mots prononcés par Nicolas Sarkozy en 2003, Emmanuel Macron a prévenu que la police de sécurité du quotidien «ce n’est pas jouer au foot avec les jeunes».

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