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Attaques de l'Aude : Trèbes se recueille à la mémoire des victimes

Recueillement devant la gendarmerie nationale à Carcassonne le 24 mars 2018 au lendemain de l'attaque qui a tué 4 personnes dont un lieutenant colonel [PASCAL PAVANI                        / AFP] Recueillement devant la gendarmerie nationale à Carcassonne le 24 mars 2018 au lendemain de l'attaque qui a tué 4 personnes dont un lieutenant colonel [PASCAL PAVANI / AFP]

La petite ville de Trèbes dans l'Aude se recueille dimanche à la mémoire des quatre victimes abattues par Radouane L., un petit délinquant radicalisé sur lequel les enquêteurs poursuivent leurs investigations, avec deux de ses proches toujours en garde à vue.

«L’heure n’est qu’à la prière et à la compassion. Puissent de tels événements nous permettre de trouver le courage pour refonder une société où ils ne seraient plus possibles», a déclaré Mgr Alain Planet.

L'évêque de Carcassonne et Narbonne préside une messe dimanche à 10H30 en l'église Saint-Etienne de Trèbes, en hommage aux quatre tués et aux trois blessés des attaques de l'Aude.

Le hall de la mairie de Trèbes, le 24 mars 2018 où un soutien psychologique est proposé au lendemain de l'attaque qui a fait quatre morts  [ERIC CABANIS / AFP]
Le hall de la mairie de Trèbes, le 24 mars 2018 où un soutien psychologique est proposé au lendemain de l'attaque qui a fait quatre morts

La communauté catholique «partage le sentiment de reconnaissance et d’admiration que tous nos concitoyens portent à l’égard des forces de l’ordre qui ont mis un terme à cette horrible situation», a ajouté Mgr Planet, dans un communiqué.

Au surlendemain des attaques de Carcassonne et du Super U de Trèbes, le patron des gendarmes Richard Lizurey est attendu à Toulouse et à la caserne du groupement de l'Aude à Carcassonne, pour y rencontrer les hommes du GIGN intervenus lors de la prise d'otages, ainsi que la veuve du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.

Cet officier de gendarmerie est tombé en «héros» sous les balles de l'assaillant après s'être livré à la place d'une otage du Super U. L'Elysée a annoncé qu'un «hommage national» lui serait rendu à une date qui n'a pas été précisée.

Emmanuel Macron (d) préside un conseil estreint de défense avec le Premier ministre Edouard Philippe (G) à Paris le 24 mars 2018 au lendemain des attaques de l'Aube [CHRISTIAN HARTMANN / POOL/AFP]
Emmanuel Macron (d) préside un conseil estreint de défense avec le Premier ministre Edouard Philippe (G) à Paris le 24 mars 2018 au lendemain des attaques de l'Aube

A l'issue d'un conseil restreint de défense, le président Emmanuel Macron a en outre demandé la convocation de tous les groupes départementaux chargés du suivi des personnes radicalisées.

L'enquête menée sous l'autorité du procureur de la République de Paris «doit faire toute la lumière sur les éventuels liens du terroriste avec Daech», ainsi que sur "les complicités dont il aurait pu bénéficier pour mener à bien ses attaques, ainsi que sur les étapes de son parcours de radicalisation", selon le ministère de l'Intérieur.

Radouane L., un Français d'origine marocaine de 25 ans, s'était présenté vendredi comme «un soldat» du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui a peu après revendiqué les attaques. S'il avait été repéré et suivi par les services de renseignement, «nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation», a concédé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

Photo fournie par la gendarmerie nationale, prise en 2018 du lieutenant-colonel  Arnaud Beltrame tué lors de l'attaque dans le Super U [HO / GENDARMERIE NATIONALE/AFP]
Photo fournie par la gendarmerie nationale, prise en 2018 du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame tué lors de l'attaque dans le Super U

A son domicile, dans la cité d'Ozanam à Carcassonne, les enquêteurs ont découvert des «notes faisant allusion à Daesh» et s'apparentant à un testament, selon des sources concordantes. Parallèlement, deux personnes ont été placées en garde à vue: un jeune de 17 ans présenté comme un ami de Radouane L., et sa compagne.

Six ans après les attaques de Merah

Vendredi peu après 10H00, Radouane L., armé d'un pistolet, d'un couteau et d'engins artisanaux, avait commencé son équipée meurtrière en volant une voiture à Carcassonne, blessant grièvement son conducteur portugais et tuant son passager, Jean Mazières, un viticulteur à la retraite.

Attentats meurtriers en France  [Paul DEFOSSEUX / AFP]
Attentats meurtriers en France

Après avoir tenté de s'en prendre aux parachutistes du 3e RPIMa de Carcassonne, il avait tiré sur des CRS revenant de jogging, blessant un policier près de la caserne. Le modus operandi rappelle les attaques de Mohamed Merah, il y a six ans presque jour pour jour, à quelques dizaines de kilomètres de là à Montauban et Toulouse, où l'islamiste avait été abattu dans l'assaut du RAID, le 22 mars 2012.

C'est également en criant «Allah Akbar» que Radouane L. a surgi et fait feu vendredi dans un Super U de Trèbes, une petite ville calme proche traversée par le canal du Midi, tuant un salarié quinquagénaire du supermarché, Christian Medves, et un client, Hervé Sosna, maçon retraité.
 
 
Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui s'était livré à la place d'une otage, était tombé sous les balles du tueur, déclenchant l'intervention du GIGN, qui a tué Radouane L.. L'officier de gendarmerie a succombé à ses blessures, samedi à l'aube.

Au total, Lakdim a tué quatre personnes. Trois autres ont été blessées: un CRS, un gendarme du GIGN et l'automobiliste portugais, qui était entre la vie et la mort dimanche.

Une Marche blanche est en préparation pour leur rendre hommage samedi à la veille de Pâques, selon ses organisateurs.

«Rien ne sera plus jamais pareil»

Dans la paisible localité de Trèbes, «rien ne sera plus jamais pareil», selon son maire Eric Menassi. «Nous vivons dans une petite bourgade d'un peu moins de 6.000 habitants, et nous étions tous convaincus que ces atrocités ne se passent jamais chez nous», a-t-il dit, or «nous avons pu mesurer que le fanatisme peut toucher n'importe qui».

Fiché «S» (pour Sûreté de l'Etat), Radouane Lakdim ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités. En août 2016, il avait fait un mois de prison à la maison d'arrêt de Carcassonne, après des condamnations pour «port d'arme prohibé», «usage de stupéfiants» et «refus d'obtempérer».

En 2016 et 2017, il avait de nouveau été suivi par les services de renseignements, qui n'avaient décelé aucun «signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste", selon le procureur de la République de Paris, François Molins.

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