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Des héros parmi nous

Mamoudou Gassama a été reçu lundi à l’Elysée pour une entrevue avec Emmanuel Macron. [Thibault Camus / POOL / AFP]

La bravoure de l’homme qui a sauvé un enfant, samedi à Paris, en rappelle d’autres dont les gestes ont été salués.

L’incarnation de l’héroïsme. En quarante-huit heures à peine, Mamoudou Gassama est passé des rues du 18e arrondissement aux salons de l’Elysée, pour une entrevue avec Emmanuel ­Macron. Une trajectoire incroyable pour ce Malien sans-papiers, auteur du sauvetage spectaculaire d’un enfant de 4 ans, samedi, à Paris. Un acte à la portée planétaire.

Surnommé «Spiderman», le sauveteur de 22 ans devrait être naturalisé français dans les prochains mois sur décision du chef de l’Etat, rejoignant ainsi le cercle très restreint des héros ­nationaux. Des anonymes qui ont, chacun à leur manière, marqué les esprits par leur courage et leur abnégation, n’hésitant pas à prendre tous les risques, voire à donner leur vie pour autrui.

Des profils distincts

«Je n’ai rien pensé, j’ai pensé à le sauver», a simplement déclaré, après les faits, Mamoudou Gassama, qui envisage d’intégrer les sapeurs-pompiers de Paris. Une déclaration à chaud qui fait écho à celle de Lassana Bathily il y a trois ans. Ce demandeur d’asile malien avait sauvé plusieurs personnes lors de la prise d’otages de l’Hyper Cacher en 2015, avant d’être régularisé. «Mon cœur a parlé et m’a fait agir», avait-il ­expliqué.

La même année, trois soldats américains en voyage touristique avaient empêché une tuerie dans un train Thalys en août, tandis que, lors de l’attentat du Bataclan, c’est un agent de sécurité surnommé «Didi» qui avait permis à de nombreux spectateurs de s’échapper. «Etre un héros, c’est avant tout dépasser ses propres peurs, donc tout le monde peut l’être», met en avant le psychanalyste Frédéric Vincent, président de l'Association des psychanalystes européens (APE).

Des parcours singuliers

Dernièrement, c’est un autre geste, un sacrifice même, qui a bouleversé le pays. Celui du gendarme Arnaud Beltrame tué par un jihadiste après avoir pris la place d’une otage durant les attaques dans l’Aude en mars. Sans compter le «héros du pont Neuf» qui, en 2014, avait plongé dans la Garonne pour y secourir une personne, mais aussi ces trois hommes qui avaient tenté d’arrêter la course folle du terroriste de Nice en 2016.

Autant d’actes spontanés illustrant que l’héroïsme n’a pas de ­visage : Français ou pas, formés à l’action ou non, chrétiens ou musulmans, tous ont décidé d’agir. Cela dit, nuance Frédéric Vincent, «ces ”héros” ont souvent un parcours de vie singulier, des expériences qui, ce jour-là, leur ont permis de gérer leur peur face au danger». Comme cela peut être le cas pour un gendarme chevronné ou un migrant qui a déjà traversé de terribles épreuves et de nombreux pays avant d’arriver à bon port.

Un «besoin» populaire

L’engouement populaire pour ces héros de l’ombre fait sens, comme en témoignent les élans de solidarité qui s’ensuivent (pétitions de soutien, cagnottes pour les victimes…). «Il y a un besoin de héros, car nous vivons dans un monde en crise, individualiste, violent», souligne Frédéric Vincent. Ces actes de bravoure agiraient ainsi comme des appels d’air dans une société étouffée par les menaces.

D’autant plus que «leur médiatisation permet à toute la population de s’identifier au héros et de se rassembler autour de lui», selon le spécialiste. A ce titre, l’exploit de Mamoudou Gassama, vu des millions de fois sur Internet, a pu redonner foi en l’humanité à plus de soixante millions de Français.

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