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Après le décès de Serge Dassault, la succession en bonne voie

Serge Dassault et son successeur Charles Edelstenne lors d'une présentation de résultats de Dassault Aviation le 8 mars 2017  [ERIC PIERMONT / AFP/Archives] Serge Dassault et son successeur Charles Edelstenne lors d'une présentation de résultats de Dassault Aviation le 8 mars 2017. [ERIC PIERMONT / AFP/Archives]

Serge Dassault, décédé lundi à 93 ans, a laissé les commandes de l'empire industriel à son homme de confiance, Charles Edelstenne, 80 ans, qui va devoir travailler avec la famille au casse-tête du pilotage du groupe à plus long terme.

«Il n'y aura aucune querelle d'héritiers. C'est en tout cas l'engagement que je peux prendre aujourd'hui devant vous, devant mes frères et soeur et devant les Français», a affirmé mardi l'aîné de ses enfants, Olivier Dassault, interrogé sur la succession sur la radio Europe 1.

L'empire Dassault s'étend de l'industrie aéronautique et de défense (Dassault Aviation avec les Rafale et Falcon), à la presse (Le Figaro), en passant par l'édition de logiciels (Dassault Systèmes), l'immobilier (Immobilière Dassault), les vente aux enchères (Artcurial) et la viticulture (Château Dassault dans le bordelais).

Les obsèques de l'ex PDG du groupe Dassault seront célébrées vendredi à 14H30 aux Invalides à Paris, a indiqué Le Figaro dans son édition de mercredi. «Les honneurs militaires lui seront rendus à l'issue de la cérémonie», a précisé la famille de Serge Dassault dans le carnet du quotidien.

L'industriel avait été condamné en février 2017 pour avoir dissimulé au fisc des dizaines de millions d'euros. Le parquet général de la cour d'appel de Paris a confirmé mardi que son décès, une semaine avant son procès en appel pour blanchiment de fraude fiscale, avait éteint les poursuites à son encontre.

Serge Dassault à Corbeil-Essonnes dans l'Essonne au sud de Paris, le 29 mai 2015 [Kenzo TRIBOUILLARD / AFP/Archives]
Serge Dassault à Corbeil-Essonnes dans l'Essonne au sud de Paris, le 29 mai 2015 [Kenzo TRIBOUILLARD / AFP/Archives]

En 2000, Serge Dassault avait décidé de céder la présidence de Dassault Aviation, mais avait conservé celle de la holding familiale Groupe Industriel Marcel Dassault (GIMD), où ses quatre enfants siègent au conseil de surveillance.

Il avait coupé court à toute bataille autour de sa succession en 2014 en décidant que son homme de confiance et directeur général de GIMD, Charles Edelstenne - et non un de ses quatre enfants - lui succéderait «automatiquement».

L'Etat a son mot à dire

Etant donné la sensibilité des secteurs couverts par l'empire Dassault, l'Etat a son mot à dire pour préserver ses intérêts.

«C'est un groupe dont l'Etat ne peut pas se désintéresser, il joue un rôle tout à fait stratégique pour le ministère (des Armées), c'est un groupe à la fois civil et militaire», a expliqué la ministre des Armées, Florence Parly, interrogée sur Public Sénat.

Pour garantir la pérennité du groupe, l'Etat a ainsi passé fin 2014 une convention avec le GIMD, qui confère à l'Etat un droit de préemption sur des transferts de titres.

Serge Dassault était père de quatre enfants dont aucun n'occupe de rôle opérationnel dans l'aéronautique.

Olivier, 66 ans, est député de l'Oise tandis que Laurent, 64 ans, est chargé des investissements du groupe Dassault notamment dans la viticulture et cogérant d'Artcurial Développement.

Thierry, 61 ans, est spécialisé dans l'intelligence économique et Marie-Hélène, 53 ans, est responsable du mécénat.

Olivier Dassault a assuré que la pérennité du groupe serait l'unique critère de gouvernance, estimant que la question était «de faire en sorte que cette société, fleuron national, international de l'industrie aéronautique, de l'informatique et de l'électronique, comme l'est également Dassault Systèmes, perdure au-delà de l'homme» qu'était son père.

En 1986, la disparition du fondateur du groupe, Marcel Dassault, avait donné lieu à des dissensions au sein de la famille.

Marcel Dassault et son fils Serge Dassault, à Paris le 5 novembre 1975 [- / AFP/Archives]
Marcel Dassault et son fils Serge Dassault, à Paris le 5 novembre 1975 [- / AFP/Archives]

«A l'inverse de son père, il a fait le nécessaire. Il n'y a aucun problème», explique à l'AFP l'historien Claude Carlier, auteur de plusieurs livres sur Marcel et Serge Dassault.

La mémoire du patron de l'entreprise familiale fondée en 1928 par Marcel Bloch, qui a pris le nom de Marcel Dassault en 1949, a encore été saluée mardi.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense pendant la présidence de François Hollande et qui s'était fait le champion des exportations françaises d'armement, notamment d'avions Rafale, fleuron du groupe Dassault, a ainsi évoqué un «grand capitaine d'industrie, défenseur de l'excellence française».

Mardi, le Sénat a aussi rendu hommage lors d'une minute de silence à Serge Dassault, qui avait siégé sur ses bancs de 2004 à 2017.

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