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Augustin Trapenard parrain de Bibliothèques Sans Frontières

Augustin Trapenard parrain de Bibliothèques sans frontières[Joel Saget / AFP]

On connaît Augustin Trapenard dans 21 Centimètres et Le Cercle sur Canal Plus ou tous les matins sur France Inter. Depuis le printemps 2018, il est aussi parrain de Bibliothèques Sans Frontières.

Cette association tente d'offrir un accès facile, ouvert et libre à l'information et à l'éducation, afin de lutter contre la précarité et les inégalités sociales dans le monde, notamment dans les zones d'urgence humanitaire. À l’occasion du Salon Fnac Livres qui se tient du 14 au 16 septembre à Paris, une grande collecte de livres au profit de l'association est organisée. La rédaction de CNews a rencontré le journaliste pour parler de l'association et de son engagement.

Pouvez-vous nous présenter Bibliothèques Sans Frontières ? 

Bibliothèques Sans Frontières c’est une association qui a neuf ans qui a été créée par Patrick Weill et Jérémy Lachal. Le but de cette association, c’est de poursuivre cette idée que la bibliothèque est un lieu de sociabilité, un lieu de rencontre et un lieu qui peut se déplacer hors les murs et qu’on peut trouver partout. Un lieu qui peut permettre l’éducation, l’instruction. Un lieu qui peut permettre l’ouverture vers un ailleurs. Là où Bibliothèques Sans Frontières est intéressante, c’est qu’elle emmène ses bibliothèques hors les murs. Ça peut aller d’un lavomatique à Detroit parce que c’est un lieu de sociabilité, jusqu’à un centre de réfugiés à Palerme, ou un camp de réfugiés en Jordanie en passant par une association qui lutte contre l’illettrisme en France.

Pourquoi vous êtes-vous engagé à leurs côtés ?

J’avais connaissance d’un objet qui s’appelle l’«Ideas Box», cette bibliothèque mouvante, cette médiathèque en kit qui avait été dessinée par Philippe Starck et qui me paraissait être un objet extraordinaire. À l’intérieur, on y trouve des livres matériels, mais aussi des ordinateurs, des tablettes et aussi des jeux. J’ai trouvé cette somme d’objets absolument fascinante et j’ai réfléchi, je me suis plongé un petit peu plus dans l’histoire de cette association, j’ai rencontré les gens qui la faisaient et au bout de deux ou trois mois, j’ai accepté. Mais quand je fais quelque chose, je le fais à fond. Ça voulait dire des déplacements, ça voulait dire apprendre, écouter et répondre au maximum de sollicitations pour porter cette cause. De manière plus intime, il se trouve que ma grand-mère, que j’aime énormément, était bibliothécaire. Et j’ai un lien avec la bibliothèque très fort, que ce soit la bibliothèque que l’on a chez soi -moi c’est le lieu le plus important de mon appartement-, ou la bibliothèque municipale ; la bibliothèque d’étudiant où j’ai été.

Personne ne va dans une bibliothèque pour dire comment on met une capote. C'est ça le livre aussi.

Concrètement, comment et sur quels terrains intervient l'association ?

Elle peut intervenir à plein de niveaux différents. Une des raisons pour lesquelles je me suis intéressé à Bibliothèques sans frontières, c’est pour ses immenses potentialités et sa formidable créativité. Cette «ideas box», cette médiathèque mouvante, il y en a une centaine dans le monde qui est utilisée par un million de personnes. Chacune de ces boites est unique et répond à un projet précis. Un exemple : le lavomatique à Detroit répond à des populations vulnérables. Il se trouve que les lieux de sociabilité là-bas, c’était les lavomatiques et on a installé cette médiathèque en kit pour que les gens puissent se rencontrer, parler, dialoguer, aller à la rencontre de la littérature, de l’objet livre. Dans un camp de réfugiés, la fonction est totalement différente. Ça peut être un lieu où on apprend à sortir, à raconter sa vie, à partager des expériences, mais aussi possiblement à écrire un CV. Dans le nord de la France, à Boulogne-sur-mer, il y en a une autour de la santé. Eh bien c’est intéressant, car personne ne va dans une bibliothèque pour dire comment on met une capote. Là, dans le cadre de cette box qui était dans une école de la deuxième chance, soudain tous les étudiants pouvaient poser leurs questions qui peuvent toucher à l’alcoolisme, à la sexualité, à des préventions de santé immédiates. Donc chacune de ces boites a un sens, toujours en lien avec l’apprentissage, la culture et la transmission. C’est ça le livre aussi.

Dans un camp de réfugiés il y a des enfants partout. Si on oublie l'éducation, l'instruction, l'alphabétisation, on a perdu sur tous les terrains.

Quel rôle le développement de la culture peut-il jouer en zone d'urgence humanitaire ? Quel impact peut-elle avoir sur les populations sinistrées ? 

C’est une question qu’on me pose souvent depuis que j’ai commencé à travailler pour Bibliothèques Sans Frontières. On me dit : «À quoi ça sert, des livres, lorsque t’es enfermé dans un camp de réfugiés ?» Il y a quelque chose que les gens ne disent pas. C’est que quand tu rentres dans un camp, sûrement parce que les gens n’y sont jamais allés, la première chose qui te frappe, c’est qu’il y a des enfants partout. Plus de la moitié, plus des trois-quarts parfois. Si on oublie l’éducation, l’instruction, l’ouverture vers ailleurs, l’alphabétisation, on a perdu sur tous les terrains. Ça, c’est une première réponse. Évidemment que les bibliothèques sont nécessaires, parce que ce sont des lieux d’éducation. Ensuite, ce sont des lieux de sociabilité. C’est là où les gens vont se rencontrer et partager leur propre histoire. Et ça c’est ce que j’ai pu observer. Il s’agit de dialoguer, de discuter, de parler de leur expérience. Et puis, il y a un troisième point, au-delà de l’éducation, c’est l’ouverture. L‘ouverture à l’ailleurs. Le livre, l’objet, c’est l’occasion de s’échapper. Ce qu’on oublie tout le temps, c’est que dans un camp de réfugiés, on ne peut pas sortir donc on se fait chier. Ils ne peuvent pas sortir, donc c’est l’occasion de sortir. Ils entrent par le livre dans un autre monde.

Une rencontre vous a-t-elle marqué ? 

Il y en a mille. Pour moi ça a été l’occasion de sortir de mon studio pour me confronter aux potentialités des cultures dans toutes leurs multitudes. Pour citer un exemple, un jour, je suis allé visiter un projet de Bibliothèques Sans Frontières en France pour lutter contre des situations d’illettrisme. Et je suis tombé sur cet homme qui déposait sa fille. Il a dit : «Je dépose ma fille, mais moi je ne peux pas rentrer, je ne sais pas lire.» Ça montrait toutes les frontières symboliques qu’il y avait encore, à l’idée d’entrer dans une bibliothèque. Le gros avantage de ces bibliothèques hors les murs, c’est qu’elles investissent l’espace public. Les bibliothécaires qui travaillent avec Bibliothèques Sans Frontières sont présents et montre que c’est un lieu d’accueil et de sociabilité. Cette anecdote m’a bouleversé.

Comment faire un don ? 

La chose la plus simple, c’est d’aller sur le site de Bibliothèques Sans Frontières. Car il y a mille façons de participer à cette association. Il y a le don de livre. On a un centre de dépôt à Épône, où vous trouverez toutes les façons de donner vos livres en bon état. Mais il y a aussi la possibilité de participer à des communautés. Il y a une multitude de savoir, de savoir-faire que vous avez, que tout le monde a, et qui peut servir à Bibliothèques Sans Frontières. Des traductions, des mises en relation, des rapports, des réflexions, être une main et aider, si vous partager cette même confiance que j’ai dans le livre comme objet de transmission, d’éducation et d’ouverture sur l’ailleurs.

À l'occasion du Salon Fnac Livres une grande collecte solidaire est organisée au profit de l'association. Quels livres attendez-vous ?

Le plus de livres possibles et de tout genre, de toutes formes. Donc que ce soit un dictionnaire, un livre d’images, d’économie, un roman, ce sera toujours un livre dont on pourra se servir, soit pour récolter des fonds, c’est-à-dire revendre, soit utiliser dans nos bibliothèques en kit, s’ils sont en bon état, et qu’on pourra retrouver dans un projet au Burundi, au Canada ou en France.

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