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Le virage social d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron présente le plan pauvreté, depuis le musée de l'Homme, à Paris, le 13 septembre 2018. [Hamilton / Sipa].

Un changement de cap ? En dévoilant en personne son projet pour lutter contre la pauvreté, Emmanuel Macron a fait, jeudi 13 septembre, un pas vers le domaine social, très attendu par l’aile gauche de sa majorité.

Attaché aux symboles culturels, c’est au musée de l’Homme, à Paris, que le chef de l’Etat a pris la parole pour défendre ses mesures, initialement prévues en juillet.

Si l’exécutif nie tout «tournant social», vantant la cohérence de sa politique depuis le début du quinquennat, il s’agit bien là de la première étape d’une série de chantiers qui doivent permettre d’inventer «l’Etat providence du XXIe siècle», selon les mots du président.

Des gages pour les plus modestes

Le Premier ministre, Edouard Philippe, l’a martelé cette semaine : le macronisme, qui «a deux jambes» – droite et gauche –, vise «une France de l’émancipation et des solidarités réelles».

C’est là toute l’ambition du plan porté par le locataire de l’Elysée, destiné selon lui à combattre «le déterminisme social» : aider les plus démunis à sortir seuls de la précarité (via la réinsertion professionnelle) plutôt qu’à la supporter un peu mieux.

Invitant «les premiers de cordée à ne pas oublier les derniers», en référence à l’expression qu’il avait utilisée il y a près d’un an, Emmanuel Macron a ainsi multiplié les annonces.

Au menu : un revenu universel d’activité fusionnant diverses prestations sociales (RSA, APL, allocation adulte handicapé), une extension de la CMU, des repas à 1 euro et des petits-déjeuners offerts dans les écoles prioritaires, des places en crèches subventionnées dans les communes populaires, ou encore une obligation de formation étendue jusqu’à 18 ans (contre 16 actuellement).

A ces mesures de prévention, devraient s’ajouter, prochainement, d’autres réformes du même acabit. Celle de la santé, dévoilée d’ici à quelques jours, s’inscrit dans cet objectif (reste à charge zéro, maintien des hôpitaux de proximité…), tout comme le récent plan prison, qui prévoit des mesures classées à gauche (création de nouvelles places, peines alternatives...).

Sans compter les futures réformes de l’assurance chômage et des retraites qui, selon l’Etat, renforceront la justice sociale et la solidarité entre générations. «L’exécutif est dans une logique de rééquilibrage de sa politique libérale», relève Frédéric Dabi, de l’Ifop.

D’autant que le président est aujourd’hui critiqué au sein de son propre camp, en témoigne l’élection contestée de Richard Ferrand à la tête de l’Assemblée.

Des prochains mois décisifs

Après une première année de quinquennat orientée vers la rigueur budgétaire et les aides aux entreprises, le président veut donc, par le social, «briser l’image de “président des riches” que lui colle l’opposition, et qui a contribué à sa chute de popularité dans les sondages», selon Frédéric Dabi.

Mais, alors que ses détracteurs évoquaient déjà, hier, des mesures «insuffisantes» contre la précarité, il s’agit pour Macron de montrer des résultats.

Et vite, car d’ici à neuf mois, les européennes pourraient changer la donne. En effet, le président a déjà esquissé le débat en opposant les «progressistes» et les «nationalistes».

Sauf que ces derniers se targuent de parler en particulier aux «perdants de la mondialisation», à savoir les classes populaires. C’est donc sur le front du social que la bataille pourrait faire rage.

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