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Injures antisémites : une étudiante porte plainte

Un étudiant assis dans une salle de classe Face à la «recrudescence» d'actes antisémites dans les établissements d'enseignement supérieur, la ministre Frédérique Vidal a réuni le 23 octobre les acteurs de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.[STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Une étudiante de 20 ans, inscrite à la faculté de médecine de l'université Paris 13 (Villetaneuse, Bobigny et Saint-Denis), a porté plainte le 20 octobre pour injures antisémites, après avoir été harcelée par un groupe d'élèves.

«Dès le début, j’ai expliqué que ça me blessait, j’ai dit qu’on ne pouvait pas rire de la Shoah, mais on est passé des blagues sur la Shoah à des saluts hitlériens», témoigne cette jeune étudiante en deuxième année de médecine, sur Europe 1, ce lundi 29 octobre. Les membres du groupe rétorquent que c’est «de l’humour», qu’elle «s’insurge pour rien». Ils vont même jusqu'à inventer un jeu appelé le «freespa», contraction de «frisbee» et «kippa», qui consiste à lancer des kippas par terre.

La jeune fille s'éloigne alors de ce groupe d'étudiants, mais se retrouve pointée du doigt, «harcelée». Son nom revient sans cesse dans une conversation Facebook parlant du week-end d'intégration 2019 de l'université, à laquelle participent les membres du groupe, qui font partie du Bureau des élèves (BDE). «Ils proposent à nouveau de renouveler le thème antisémite en l’appelant "bob Auschwitz 2019" (bob désignant le week-end d'intégration, ndlr), "bob-rafle 2019", "beau juif et boboche", "les nazis contre les juifs", avec une photo d’un étudiant juif brûlant dans les flammes», détaille l'étudiante.

Un classement des Juifs de la promotion

Sur cette discussion, certains messages classent les Juifs de la promotion, d'après les captures d'écran qu'Europe 1 a pu consulter : «Juif niveau 31, impliqué mais capacité à traîner avec des goyes», «Juive niveau 75, prestige 4, prête à tout pour sa communauté», «niveau 2, il sait qu’il y a une fête qui s’appelle Shabbat».

La direction de la faculté indique avoir reçu la jeune femme immédiatement après son dépôt de plainte, puis les huit étudiants mis en cause, ainsi que deux professeurs présents au week-end d’intégration de cette année. La direction a également saisi la commission de discipline et le procureur de la République, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale. Celui-ci impose l’obligation, «pour toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire, dans l’exercice de ses fonctions», de signaler des crimes ou délits dont il a connaissance.

L'étudiante traitée de «cancer»

Aujourd'hui, l'étudiante dit se sentir isolée. Seulement soutenue par quelques amis et la direction de l’établissement, elle est «qualifiée de traître et même de cancer de la promotion» par la plupart de ses camarades. Inquiète de pouvoir continuer ses études dans cette fac qu’elle «aime», elle «demande seulement de pouvoir étudier dans des conditions sereines».

La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a annoncé dans un communiqué qu'elle recevra ce lundi 29 octobre le président de l'université Paris 13 «afin de faire le point sur les dispositifs de prévention en place dans son établissement et les actions qui peuvent être immédiatement engagées pour mettre fin à ces dérives inacceptables».

De son côté, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT Frédéric Potier a demandé sur Twitter ce lundi à la présidence de l'établissement de «condamner publiquement ce genre de pratiques et d'engager des procédures de sanction exemplaires».

De plus en plus d'actes antisémites dans les universités

Depuis quelques semaines, les actes d'antisémitisme dans les établissements d'enseignement supérieur se multiplient. Début septembre, des tags antisémites ont été découverts sur le campus de l'université Grenoble-Alpes (Isère), qui ciblaient son président. Puis, début octobre, le tableau d'une salle de classe de la prestigieuse école de commerce HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines) a été retrouvé recouvert de croix gammées, de croix celtiques et des mots «Juden» («Juif» en allemand). Enfin, le 19 octobre, c’est tout près de la fac de médecine de Créteil qu’ont été taguées des insultes antisémites visant le doyen par intérim de la fac.

En réponse à cette «recrudescence» d'actes antisémites dans différents établissements, Frédérique Vidal a réuni le 23 octobre dernier les acteurs de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Ces actes, «s'ils restent limités dans leur ampleur, peuvent être les prémices de nouveaux basculements», a souligné la ministre de l'Enseignement supérieur, exprimant sa «totale désapprobation».

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