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Congrès des maires 2018 : le blues des élus

Le 101e Congrès des maires se tient du 20 au 22 novembre 2018. [JACQUES DEMARTHON / AFP]
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Le malaise est profond sur fond de brouille entre l’exécutif et les collectivités territoriales. C’est pourtant dans cette ambiance que s’ouvre, aujourd’hui, à Paris, le 101e congrès de l’Association des maires de France (AMF).

Pour l’occasion, entre 10 000 et 15 000 élus sont attendus jusqu’à jeudi, à la Porte de Versailles (15e). Au programme : plusieurs discussions autour des finances locales, ­la sécurité, ou encore les services de proximité.

Mais l’événement s’annonce bien morose tant les hommes et femmes à l’écharpe bleu-blanc-rouge se sentent abandonnés. Un sentiment renforcé par une absence de taille : celle du président Emmanuel Macron.

Les raisons de la colère

Le même constat revient pour nombre d’élus : ils se disent désemparés, ne pouvant plus répondre aux attentes de leurs administrés.

La faute en revient, disent-ils, aux dotations qui n’ont cessé de fondre ces dernières années. Réduites de 11,5 milliards sur la période 2014-2017, elles l’ont été encore davantage depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

Dès juillet 2017, ce dernier avait en effet prévenu que les collectivités territoriales devront, sur le quinquennat, participer à hauteur de 13 milliards aux économies demandées.

En outre, les élus attendent toujours de savoir comment l’Etat entend compenser l’exonération de la taxe d’habitation promise par l’exécutif à 80 % des ménages d’ici à 2020.

«Comparé au quinquennat précédent, la potion est encore plus amère à avaler», analyse André Laignel, Premier vice-président de l’AMF, et maire (PS) d’Issoudun (Indre) pour qui «il est primordial que les collectivités voient leur compensation honorée à l’euro près».

Des ressources financières primordiales tant la désespérance ressentie dans les territoires, notamment en milieu rural, est grande tant chez les maires que chez les habitants.

Ils se disent ainsi délaissés par le pouvoir central en voyant un certain nombre de services publics (transports, hôpitaux, etc.) disparaître les uns après les autres.

Le contexte est tel, qu’aujourd’hui un maire sur deux ne souhaite pas se représenter, selon une étude de l’Observatoire de la démocratie de proximité publiée le 15 novembre dernier.

Une colère exprimée dans les nombreux soutiens apportés ces dernières semaines par plusieurs édiles au mouvement des gilets jaunes qui, s’ils sont opposés à la hausse du prix de l’essence, s’estiment surtout être les oubliés du pays.

Un dialogue nécessaire

Reste que si les désaccords sont là, Etat et élus ont, dans la perspective des municipales de 2020, tout intérêt à renouer le dialogue.

A cet égard, après une quasi-rupture fin septembre lors du Congrès des régions, l’executif a multiplié les rencontres avec les élus. Emmanuel Macron doit en outre défendre sa vision des territoires, demain soir, devant plusieurs maires invités à l’Elysée.

De leur côté, ces derniers, estiment que ce qui importe, «c’est qu’on puisse négocier», comme l’a expliqué, dimanche, François Baroin (LR), président de l’AMF.

«Nous ne sommes pas des opposants mais des proposants», renchérit André Laignel, qui estime pouvoir trouver des marges de manœuvre notamment sur la future réforme des Institutions.

Sur sa proposition, le Congrès des maires de France doit d’ailleurs, jeudi, présenter officiellement le cadre de négociations qu’il souhaite mettre en place avec l’Etat. 

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