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Harcèlement sexuel, réchauffement climatique, immigration, séniors… des idées reçues très répandues

L'étude Ipsos «Perils of perception 2018 est révélatrice de préjugés profondément ancrés. [Photo d'illustration. PHILIPPE HUGUEN / AFP].

Le danger des préjugés. Lorsque les Français donnent leur avis sur des sujets de société de premier plan, ils ont tendance à s’éloigner très largement de la réalité des chiffres, que ce soit en la minorant ou, au contraire, en la majorant.

A l’heure où les «fake News» («fausses informations», en français) se multiplient sur les réseaux sociaux, une étude d’Ipsos, baptisée «Les périls de la perception», illustre parfaitement les dangers de la désinformation.

La proportion de femmes harcelées est minorée

Les Français interrogés estiment par exemple que 44% des femmes ont déjà subi une forme de harcèlement. Un chiffre loin de la réalité, car 75 % en auraient été victimes, soit une différence de 31 points.

Dans le détail, la sous-évaluation est plus forte chez les hommes (41 %), mais les femmes elles-mêmes la propagent. Drague lourde, remarques en tous genres, ou pire… les hommes ont tendance, encore aujourd’hui, «à relativiser ce qui est insupportable pour les femmes», explique Yves Bardon, directeur au Ipsos Knowledge Center.

Et si le scandale Weinstein, suivi des phénomènes #BalanceTonPorc et #MeToo ont permis de libérer la parole des femmes, il apparaît donc que, dans les faits, les Français demeurent encore dans l'ignorance des violences qui leur sont faites.

Les dangers du réchauffement climatique sous-estimés

Les habitants de l’Hexagone évaluent assez mal le nombre d’années où, depuis 2000, des records de chaleur ont été battus.

Ils répondent en moyenne huit, alors que la bonne réponse est dix-sept (- 9 points), quand, parmi les 36 autres pays sondés, les Espagnols ou les Hongkongais (- 4 et - 5 points respectivement) sont assez proches de la réalité.

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«On savait déjà que le changement climatique ne préoccupe que 11% des habitants de la planète et seulement 18% des Français», commente Yves Bardon, «ils placent en haut de leurs préoccupations les inégalités sociales (38% des Français inquiets), le chômage (34%) et les impôts et taxes (29%)».

Un décalage qui se retrouve d'ailleurs dans la situation (crise des «gilets jaunes»), «avec un gouvernement qui alerte sur la transition énergétique et une population qui met en tête de ses préoccupations le chômage et sa situation économique personnelle», souligne encore le spécialiste.

Le climat, qui est souvent au premier plan de l’actualité, ne semble donc pas autant préoccuper les Français que ce que l’on pourrait penser.

Immigration et islam au centre des préjugés

La composition de la population cristallise aussi, et plus encore, les idées fausses. Les Français pensent ainsi qu’il y a 27% d’immigrés dans le pays, alors que le taux réel est de 12%.

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De même, la part de musulmans est très largement déformée. Alors qu’elle est en réalité d’environ 9%, les sondés l’estiment à 28%. Le contexte terroriste, notamment avec la vague d’attentats islamistes de 2015 «aurait tendance à alimenter les fantasmes et les peurs», analyse Yves Bardon.

Cette question est même celle sur laquelle la France est en tête des pays les plus induits en erreur, juste derrière les Canadiens (+ 19 points), ou encore les Belges (+ 22 points) et les Sud-Africains (+ 24 points).

Le nombre de seniors largement surévalué

Enfin, sur la question de l’âge, les Français se trompent, là aussi, encore largement. Ils évaluent à 55% la proportion de la population du pays qui aura plus de 65 ans en 2020, alors que les projections tablent sur un taux de 27%.

Une surestimation de 28 points qui traduirait une vision pessimiste de l’avenir, et qui se retrouve, dans l’évaluation fantaisiste du nombre de chômeurs. Les sondés l’estiment à 30%, alors qu’il se situe à 9%.

«Cette estimation (de 30%, ndlr) revêt des disparités locales très importantes. Il y a, par exemple, des quartiers où ce taux est même dépassé», explique Yves Bardon, pour qui, «cette surestimation est révélatrice d'une peur du chômage».

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