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Les gilets jaunes en ordre dispersé

Les gilets jaunes s’interrogent désormais sur la stratégie à suivre pour perdurer. Les gilets jaunes s’interrogent désormais sur la stratégie à suivre pour perdurer. [© ERIC FEFERBERG / AFP]

Des gilets de plus en plus décousus. Après un acte XI marqué par un recul de la mobilisation et un grand débat qui prend forme, le doute s’installe.

En quête d’un second souffle, mais lequel ? Après un acte XI qui a rassemblé, samedi, près de 70 000 personnes dans l’Hexagone, soit une mobilisation en recul mais tenace, les gilets jaunes s’interrogent désormais sur la stratégie à suivre pour perdurer.

Si la question se fait de plus en plus pressante depuis le lancement du grand débat national par l’exécutif, mais aussi à l’approche des élections européennes, les dissensions et les querelles qui ont éclaté dans leurs rangs ces dernières semaines ont mis en lumière certaines fractures. Preuve que le mouvement, qui se voulait jusqu’ici unitaire, évoluant quasiment d’un seul bloc depuis plus de deux mois, avance plus que jamais en ordre dispersé.

Des désaccords sur la suite

Premier sujet de discorde chez les gilets jaunes : le grand débat national (GDN). Comme espéré par le gouvernement, plusieurs milliers de Français se prêtent volontiers à l’exercice. A tel point que, sur le site dédié à l’opération, plus de 1 660 événements étaient déjà déclarés, dimanche soir, à travers le pays, mais aussi parmi les communautés d’expatriés à l’étranger.

Reste que, dès lors que l’exécutif a exclu tout changement de cap ou «détricotage» de ses réformes, comme la suppression de l’ISF, nombre de gilets jaunes doutent déjà ouvertement de l’utilité de la consultation, dénonçant une «mascarade» destinée à étouffer la grogne – et ce, comme deux Français sur trois (67 %), selon un récent sondage OpinionWay. Résultat, ils sont partagés entre exprimer leurs revendications par la voie officielle, ou continuer la lutte sur le terrain, au risque de violences. «Avancer hors de tout cadre institutionnel ou syndical peut être une force, mais c’est aujourd’hui une faiblesse à cause des différents courants internes», relève le spécialiste des mouvements sociaux Stéphane Sirot.

Autre dossier clivant, les européennes. Annoncée la semaine dernière, la constitution d’une liste gilets jaunes ne fait déjà pas l’unanimité, à en croire les réactions sur les réseaux sociaux, dont celle d’Eric Drouet, l’un des initiateurs du mouvement, qui fustige une «récupération abjecte». «Ce n’est pas un scrutin de proximité, donc il est difficile de le voir comme un prolongement de la contestation», ajoute Stéphane Sirot, qui rappelle que les eurodéputés ont une image de «technocrates» – ce qu’ont toujours dénoncé les gilets jaunes. Pire, d’autres estiment qu’un candidat du mouvement mordrait sur les partis extrêmes et faciliterait ainsi la victoire de LREM.

Une fronde qui veut perdurer

Malgré les divisions, les gilets jaunes réfléchissent à de nouveaux moyens pour garder l’initiative. Et ce, notamment en diversifiant leurs actions. En plus des rendez-vous, chaque samedi, des opposants appellent à une «grève illimitée» dès le 5 février, prévoient des actions nocturnes (comme la première «nuit jaune» qui a eu lieu samedi, sans grand succès), ou encore créent leurs propres réseaux de médias (Vécu, Born to be jaune…).

L’objectif : occuper le terrain, afin d’être le plus visible possible. Alors que «la mobilisation a marqué les esprits par son originalité (ronds-points investis, défilés non encadrés, aucun leader…)», selon Stéphane Sirot, les gilets jaunes pourraient donc tenter de se relancer avec la même stratégie.

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