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Grand débat : Emmanuel Macron face aux élus des Outre-mer

Emmanuel Macron lors du grand débat à Grand Bourgtheroulde le 15 janvier 2019 [Ludovic MARIN / POOL/AFP/Archives] Emmanuel Macron. [Ludovic MARIN / POOL/AFP/Archives]

Emmanuel Macron poursuit vendredi le grand débat pour tenter de résoudre la crise des gilets jaunes, en rencontrant à l'Elysée une soixantaine de maires ultramarins, bien décidés à faire valoir les particularités et les besoins de leur territoires.

C'est la quatrième fois que le président de la République se prête au jeu d'une discussion avec des maires, après les réunions de Grand Bourgtheroulde (Eure, 600 maires), Souillac (Lot, 600 maires), et Valence (60 élus).

Cette fois, la rencontre se déroule à l'Elysée, où un peu plus de soixante édiles ultramarins (sur environ 130 invités) de Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et Mayotte ont accepté de faire le déplacement, à leurs frais. Les élus des trois territoires du Pacifique (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna) n'ont pas été invités, l’Etat n'exerçant pas de responsabilité économique et sociale dans ces territoires aux statuts particuliers.

Certains maires voient dans cette rencontre un exercice inutile et superflu après une longue consultation de huit mois, les «assises des Outre-mer», qui a abouti en juin 2018 au Livre bleu Outre-mer. Dans cette «feuille de route», le gouvernement a pris des engagements pour ces territoires qui cumulent difficultés sociales et économiques (taux de chômage élevé, PIB par habitant inférieur à la moyenne nationale, accès aux soins et à l'éducation difficile, cherté de la vie lié à l'éloignement et à l'insularité).

«Ce sont des réponses concrètes», affirme la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, qui animera le débat. Elle cite par exemple la création d'un fonds de 400 millions d'euros pour soutenir les entreprises, le renforcement du fonds exceptionnel d'investissement (FEI) pour accompagner des projets locaux, la mobilisation de 700 millions pour la formation des jeunes, la création d'une centaine de postes de médecins et de 6.500 places de crèches.

Emploi et pouvoir d'achat en tête des revendications

Mais certains maires soulignent que sur le terrain, les besoins sont toujours là, malgré ces assises et les nombreuses consultations précédentes : «Sous Sarkozy, nous avons eu les états généraux. Sous Hollande nous avons eu les discussions pour la loi Égalité réelle outre-mer. Sous Macron, nous avons eu les assises des Outre-mer avec le Livre bleu, et on nous demande encore un grand débat national...», relève Éric Jalton, maire des Abymes, en Guadeloupe. «Je pense que pour les Outre-mer, nos gouvernants savent très bien ce que nous attendons».

En Outre-mer, les gilets jaunes ont peu mobilisé, même si plusieurs mouvements sociaux (aux Antilles en 2009, en Guyane en 2017, à Mayotte en 2018), avaient déjà reflété l'exaspération de la population. Seule La Réunion a connu son mouvement de gilets jaunes, qui ont bloqué l'île pendant quinze jours en décembre, pour dénoncer la vie chère et les inégalités sociales.

Malgré les annonces d'Annick Girardin sur place (création d'un «compteur emploi» pour contrôler l'efficacité des aides aux entreprises, participation de citoyens volontaires à l'observatoire des prix, hausse du minimum vieillesse, etc), de nombreux élus entendent encore réclamer au président des mesures pour l'emploi et le pouvoir d'achat.

Olivier Hoarau, maire divers gauche de la commune du Port, veut par exemple lui rappeler «les spécificités» de son territoire que le président «semble méconnaitre», évoquant les 42% de la population sous le seuil de pauvreté, ou les prix 20% supérieurs à ceux de la métropole.

Le chef de l'Etat, qui s'est déjà rendu à quatre reprises dans les Outre-mer (Saint-Martin et Saint-Barth, Guyane, Nouvelle-Calédonie, Les Antilles) depuis le début de son mandat, est aussi attendu sur les sargasses et le chlordécone aux Antilles, l'accès à l'eau potable, la piste longue pour l'aéroport de Mayotte, l'immigration clandestine, la réduction de l'abattement fiscal spécifique aux Outre-mer, l'habitat insalubre, le projet guyanais de la Montagne d'or, les accords de Guyane de 2017 dont certaines demandes sont toujours insatisfaites...

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