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Qu’est-ce-que la théorie du «Grand remplacement» ?

Il avait publié sur un forum de discussion 8chan un manifeste de quatre pages faisant référence à la théorie du Grand Remplacement, extrait du livre de Renaud Camus.[Illustration du manifeste ]

Vingt personnes ont été tuées et vingt autres grièvement blessées, samedi 3 août, lors d'une attaque à l'arme à feu dans un hypermarché d'El Paso, au Texas (Etats-Unis). Un homme d'une vingtaine d'années a été arrêté.

Ce dernier avait publié sur un forum de discussion 8chan un manifeste de quatre pages faisant référence à la théorie du Grand Remplacement, extrait du livre de Renaud Camus.

Une thèse d'extrême-droite

Le contenu du texte semble s'inspirer de la thèse de l'écrivain Renaud Camus, un Français proche du Rassemblement national. En 2003, ce dernier a écrit un manifeste alarmiste intitulé «Non au changement de peuple et de civilisation». «Le Grand remplacement est le choc le plus grave qu'ait connu contre la patrie depuis le début de son histoire unique puisque, si le changement de peuple et de civilisation, déjà tellement avancé, est mené jusqu'à son terme, l'histoire qui continuera ne sera plus la sienne, ni la nôtre», peut-on lire.

Et c'est dans son livre auto-édité «Le Changement de peuple», paru en 2013, que Renaud Camus développe sa théorie. Il y évoque la supposée substitution des «peuples européens» dits «de souche» par des «immigrés extra-européens.»

Pour l'essayiste, il est impossible que le peuple français puisse cohabiter avec des peuples dits «allogènes» non-européens sans perdre son identité. Il prend l'exemple des Etats-Unis, le pays du «melting-pot», où «le changement du peuple est en cours comme chez nous» et la situation telle que «les descendants des bâtisseurs de cette nation s'y trouvent désormais minoritaires.»

Et c'est sous cet angle qu'il faut interpréter le manifeste de l'assaillant d'El Paso car à travers cet acte, il mène une «action de partisans contre une force d'occupation».

UN RACISME ASSUMÉ

Avant lui, un suprémaciste néo-zélandais et auteur de la tuerie de Christchurch avait également signer son geste à travers un manifeste publié quelques heures avant son passage à l'acte. Ce fois-ci, ce dernier faisait très clairement référence à la théorie de Renaud Camus puisqu'il avait titré son manifeste : «Le grand remplacement»

Le terroriste néo-zélandais expliquait dès les premières lignes de son manifeste que «tant qu'un blanc vivra, les envahisseurs ne conquerront jamais nos terres et ne remplaceront jamais notre peuple». Il affirme qu'il combat ainsi le «génocide blanc», une formule empruntée depuis quarante ans par l'extrême-droite radicale anglo-saxonne. «Nous devons assurer l'existence de notre race et un futur pour les enfants blancs», une thèse mondialement répandue et utilisée par les racistes, extraite du «Manifeste du génocide blanc» du néonazi américain David Lane.

Et c'est le voyage en France de ce Néo-Zélandais «qui a fait déborder le vase». «Dans chaque ville française, dans chaque village, les envahisseurs étaient là», «les Français étaient en minorité», déplore-t-il. Un constat qui semble rejoindre celui de Jean-Marie Le Pen, en 2014. «Les Noirs et les Arabes vont remplacer les Français de souche; ils veulent saper la civilisation française; il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en rendre compte mais les élites nient cette réalité.»

Et pour mettre fin au «grand remplacement», la voie électorale ne suffit plus pour l'auteur de ce manifeste. En effet, il justifie sa radicalisation par la défaite, lors de la dernière élection présidentielle en 2017 en France, de la candidate frontiste Marine Le Pen. «La possibilité d'une victoire de la candidate quasi-nationaliste était au moins pour moi, un signe que peut-être une solution politique était encore possible». Mais après la victoire du candidat LREM, Emmanuel Macron, «sa croyance en une solution démocratique a disparu».

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