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Ce que les maires attendent d'Emmanuel Macron

Des élus participent aux Assises des maires de Bretagne, le 3 avril 2019, à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). [© Damien MEYER / POOL / AFP]

Ils se disent délaissés. C’est dans un climat de défiance vis-à-vis de l’Etat, ou du moins avec de très fortes attentes politiques que va s’ouvrir le 102e Congrès de l’Association des maires de France (AMF).

Après une journée consacrée ce lundi à l’outre-mer, pas moins de 12.000 élus sont attendus mardi, et jusqu’à jeudi Porte de Versailles, à Paris, pour discuter finances locales, services publics ou encore délinquance. L’occasion pour les hommes et femmes à l’écharpe bleu-blanc-rouge de marteler leurs préoccupations, mais aussi de resserrer les liens avec l’exécutif, après une première partie de quinquennat sous tension. Comme le résume un ministre, «nous avons tous le devoir de réussir ce Congrès».

Le blues des élus

S’il avait boudé le rendez-vous l’an dernier, Emmanuel Macron veut cette fois choyer les maires en ouvrant lui-même l’événement, mardi, puis en recevant 1.500 d’entre eux à l’Elysée, mercredi, pour une séance de questions-réponses. Le tout, selon la présidence, dans un esprit «d’écoute et de dialogue». Ce dont ils ont plus que jamais besoin.

En effet, quelques mois après avoir été fortement mobilisés lors du grand débat organisé en réponse aux gilets jaunes, les édiles du pays dénoncent aujourd’hui la façon «dont l’Etat traite les collectivités locales». Parmi les sujets de crispation : les treize milliards d’euros d’économies réclamées aux territoires sur le quinquennat, la compensation de la suppression de la taxe d’habitation, ou encore la taille des intercommunalités, jugée trop grande.

Mais également des dossiers à plus long terme, comme la future réforme sur la décentralisation envisagée par le président, le poids de la transition écologique sur les communes ou la question du vieillissement de la population. Plus largement, les élus se sentent abandonnés par le pouvoir central face à la disparition des services publics (hôpital, transports…).

Autant de sujets qui sont au menu du projet de loi «Engagement et proximité», réexaminé dès aujourd’hui par les députés, en vue d’une application début 2020. Destiné à faciliter la vie des élus, en particulier des petites communes rurales, celui-ci prévoit d’accroître leurs indemnités et leurs pouvoirs, ainsi que d’améliorer les aides, notamment pour la garde d’enfants. Une manière pour l’exécutif de répondre aux accusations de «déconnexion» avec les réalités du terrain. Les maires demeurent toutefois sceptiques : «si le ton a changé, le fond reste le même», déplore le vice-président de l’AMF, André Laignel (PS).

Les municipales en tête

Cette année, ce traditionnel rendez-vous des maires aura une saveur particulière, élections municipales obligent. En effet, à l’heure où les stratégies d’alliances ne sont pas encore définitives, ni Emmanuel Macron ni les édiles n’ont intérêt à se montrer trop vindicatifs. De son côté, le chef de l’Etat, dont le parti manque cruellement d’ancrage local, ne peut pas se fâcher avec les potentiels élus LREM-compatibles qui le rejoindraient en mars.

Quant aux maires, «clés de voûte de la République» selon l’Elysée, ils veulent garder leur siège à tout prix. A quatre mois du scrutin, ils ne sont ainsi plus que 28 % à ne pas souhaiter se représenter en 2020, contre près d’un sur deux l’an dernier, selon une enquête du Cevipof. Un signe de regain de confiance sur lequel l’exécutif compte capitaliser pendant quatre mois.

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