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«En colère», les élus parisiens alarment sur la situation des migrants

Selon la mairie de Paris, 2.200 migrants dormiraient encore à la rue fin novembre. Selon la mairie de Paris, 2.200 migrants dormiraient encore à la rue fin novembre. [© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Quelques jours après l'évacuation de la porte de la Chapelle (18e) et de la «colline du crack», la mairie de Paris et des élus de terrain appellent l'Etat à respecter ses engagements, ce mercredi 27 novembre. Près de 2.200 migrants dorment encore dans des campements de fortune alors qu'une vague de froid approche.

«Il faut prendre conscience de l'extrême gravité de la situation [...] qui nécessite une opération de mise à l'abri de grande ampleur», a ainsi alerté Eric Lejoindre, le maire du 18e. L'élu fait part de sa «colère froide» devant une situation qu'il qualifie de «gravissime», pour les migrants comme pour les habitants. Dans son arrondissement, les riverains du quartier d'habitation de l'impasse Marteau (18e) se sont en effet récemment mobilisés, allant jusqu'à bloquer régulièrement le passage du tramway T3b, pour exprimer leur indignation et leur ras-le-bol.

En cause, la présence de plusieurs centaines de migrants installés des deux côtés de la porte d'Aubervilliers dans des conditions indignes, et mêlés à des toxicomanes en errance. Une réalité que refusent de cautionner les élus, à l'instar de François Dagnaud, le maire du 19e. Celui-ci a récemment interpellé Didier Lallement, le préfet de police de Paris à ce sujet : «vous avez pris l'engagement d'organiser rapidement la suite des mises à l'abri portes d'Aubervilliers et de la Villette [...] pouvez-vous nous dire quand elles seront réalisées ?».

Une question à laquelle le représentant de l'Etat avait répondu positivement, assurant que «c'était en cours de préparation». «Mon voeu est le vôtre, que les choses se passent le plus rapidement possible, dans un cadre de traitement digne de l'ensemble des réfugiés», avait alors rassuré Didier Lallement. Pour autant, aucune mise à l'abri n'a été effectuée depuis le 7 novembre. Pire, celle prévue le 21 novembre a finalement été annulée face à l'absence d'encadrement policier. 

Des solutions déjà connues ?

Pour Eric Lejoindre, les solutions existent bien, mais ne sont pas mises en place. D'un côté, l'élu du 18e préconise que les mises à l'abri et l'accueil des migrants deviennent inconditionnels, qu'ils soient primo-arrivants ou qu'ils aient déjà déposé leur demande d'asile en France ou ailleurs. De l'autre, il réclame une plus grande présence des forces de l'ordre afin de mieux lutter contre le trafic de drogue, associée à une réponse sanitaire et sociale, afin de prendre en charge les toxicomanes.

De fait, Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, avait assuré le 7 novembre dernier que toutes ces personnes seraient mises à l'abri avant Noël. «Ce ne sera pas le cas», déplore Eric Lejoindre. Pour lui, l'unique moyen d'empêcher la reconstitution de ces campements «est de mettre en place un système de primo-accueil sur l'ensemble du territoire tel que cela existait à Paris, à l'époque de la bulle de la porte de la Chapelle».

Du côté de la municipalité, on assure que tous les outils disponibles sont déjà déployés : «l'organisation de maraudes» avec plusieurs associations dont France Terre d'Asile, «la création d'un centre humanitaire de jour» géré par l'Armée du Salut et entièrement financé par la ville de Paris ou encore «la mise à disposition de l'Etat de plusieurs sites et bâtiments municipaux» qui pourraient être aménagés pour l'accueil pérenne des réfugiés.

«Une ville n'a pas la capacité de financer, c'est au niveau national que cette question doit être traitée», communique-t-on à la mairie, alors qu'une nouvelle opération de mise à l'abri très prochaine est évoquée.

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