Le candidat EELV à Paris, David Belliard, tend la main au dissident LREM Cédric Villani, en vue des municipales de mars 2020. Une entente qui rebattrait considérablement les cartes de la campagne parisienne, mais qui reste loin d'être acquise.
«Depuis plusieurs semaines, Cédric Villani nous rejoint sur nos propositions, notamment sur une ville libérée de la voiture, 100 % cyclable ou la rénovation énergétique des bâtiments», a affirmé David Belliard au Parisien. Pour le Vert, le mathématicien aurait «toute sa place» à ses côtés.
Aujourd’hui j’ai signé pour un #TEP citoyen qui préserve la nature et le sport.
Heureux d’y retrouver @Simonnet2 et @VillaniCedric dans un combat porté par les écolos depuis 8 ans. #EcologieParis pic.twitter.com/vvb8ZYVixO— David Belliard (@David_Belliard) December 14, 2019
Cette union aurait le mérite de propulser le duo – crédité de 14 % pour Villani et 12 % pour Belliard dans le dernier sondage – en tête des intentions de vote, devant Anne Hidalgo (22 %). Les deux outsiders, qui peinent à décoller à trois mois du scrutin, se placeraient ainsi en position de détrôner la maire sortante.
Le représentant des écologistes dans la capitale s'interroge toutefois sur la sincérité des engagements du Marcheur : «est-il un candidat indépendant» ou «le deuxième candidat d'un gouvernement en retrait sur la lutte pour le climat et qui détruit nos retraites» ? Pour cela, il demande à Cédric Villani de «clarifier sa position vis-à-vis du gouvernement».
Des exigences qui vont dans le sens des critiques qu'avaient émises il y a à peine quelques mois David Belliard et David Cormand (alors secrétaire général d'EELV) à l'encontre de leur désormais potentiel allié.
Fausse alerte... pic.twitter.com/vhZ25D6Ne5
— Paris Centre avec Villani (@villanicentre) December 17, 2019
Afin de participer à la «large coalition» que rêve de former David Belliard, celui qui est toujours membre de LREM devrait donc accepter de désavouer publiquement le parti présidentiel. Une ligne qu'il n'a jamais franchie jusqu'à présent, d'autant que le scientifique aurait encore été reçu à l'Elysée très récemment, par Philippe Grangeon, le conseiller D'Emmanuel Macron, selon Le Figaro.
Face à cette offre, la réponse côté Villani a ainsi été plutôt prononcée à mezza-voce : «ces propos confirment qu'une nouvelle majorité est possible», s'est contenté de répondre Rayan Nezzar, son habituellement très loquace porte-parole. «Cela va dans la droite ligne de ce que prône Cédric Villani depuis juillet», souffle-t-on dans l'entourage du mathématicien.
En effet, le dissident LREM a déjà lui-même «tendu la main aux progressistes», en particulier EELV, pour «nouer des alliance sur le fond», car «se retrouvant sur beaucoup de sujets».
Qui est prêt à se sacrifier ?
En filigrane, se dessine la vraie question qui se pose avec cette hypothèse d'alliance : qui prêterait allégeance à qui ? Une lutte – d'influence, de pouvoir et d'égo – dont l'issue paraît d'autant plus incertaine qu'aucun des deux candidats ne prend aujourd'hui l'ascendant sur l'autre, avec chacun des forces et des faiblesses.
En résumé, deux entreprises de tailles similaires sont intéressées pour fusionner et devenir le leader du marché, mais pour cela, il faudrait que l'une des deux accepte d'être absorbée et de disparaître. Un dilemme cornélien.