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Anne Hidalgo face à Rachida Dati, vers un duel féminin surprise pour la mairie de Paris ?

Anne Hidalgo et Rachida Dati, en 2016, lors de l'inauguration du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe, dans le 7e arrondissement.[© ERIC FEFERBERG / AFP]

Alors que Anne Hidalgo et Rachida Dati sont en position de favorites à l'orée de la dernière ligne droite de la campagne, bien malin celui qui aurait pu prédire que le fauteuil de maire de Paris se jouerait à nouveau entre deux femmes, après l'affrontement Hidalgo-NKM en 2014.

La maire socialiste sortante avait en effet vécu une seconde partie de mandat pour le moins délicate, marquée par les polémiques sur la piétonnisation des voies sur berge, l'échec du lancement de Vélib' 2, la démission fracassante de son bras droit Bruno Julliard ou encore la multiplication des travaux dans les rues de la ville.

Et surtout, Rachida Dati était très loin d'avoir le vent en poupe : brouillée avec les Républicains de la capitale (elle avait été exclue du groupe au conseil de Paris, pour non-paiement des cotisations) et recalée pour intégrer le comité de sélection du parquet européen, elle avait aussi parrainé Laurent Wauquiez pour la présidence LR qui s'est fracassé aux élections européennes.

Pour autant, les deux femmes à la grande détermination n'ont pas sombré, au contraire. Anne Hidalgo a fini par redresser la barre, profitant notamment de l'ouverture de nombreuses pistes cyclables pendant la grève. Puis, son entrée en campagne, bien que tardive, a été vigoureuse et plutôt réussie.

De son côté, Rachida Dati est parvenue, aux forceps, à se faire investir candidate et à rétablir un semblant d'unité au sein de la droite parisienne. Après ce tour de force, elle s'est ensuite lancée tête baissée, bataillant avec succès face aux multiples candidats (Griveaux, Bournazel, voire Villani et Gantzer) qui lorgnaient sur son électorat.

Dynamiques positives contre spirale négative

Désormais, les deux concurrentes ont solidement pris position en tête au fil des sondages successifs. Le dernier en date, paru de dimanche 26 janvier, donne 23 % d'intentions de vote à Anne Hidalgo et 20 % à Rachida Dati. Plus important, les deux semblent avoir enclenché une dynamique positive, alors que leur adversaire principal, Benjamin Griveaux (LREM), s'enfonce dans une spirale négative. Bien qu'Anne Hidalgo mette en avant sa formation transpartisane «Paris en Commun» plutôt que le PS, à l'heure de la recomposition du paysage politique, ce sont ainsi deux représentantes de «l'ancien monde» qui mènent la danse.

Il faut d'ailleurs savoir que ces deux figures de la vie politique parisienne se connaissent de longue date (Anne Hidalgo est élue dans la capitale depuis 2001, Rachida Dati depuis 2007) et s'estiment. Des bonnes relations qui s'expliquent notamment par des contacts fréquents en raison de leurs postes respectifs, de maire de Paris et maire du 7e arrondissement.

Ces échanges ne dateraient pas d'hier, car pendant la campagne des municipales de 2014, Rachida Dati aurait donné à Anne Hidalgo «des informations précises sur l’agenda» de Nathalie Kosciusko-Morizet, alors candidate pour l'UMP, selon L'Express. L'élue de droite a aussi confié dans un entretien à Télé Loisirs avoir reçu le soutien de sa rivale de gauche lorsque sa fille a été harcelée à l'école.

En marge d'un récent conseil de Paris, Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d'Anne Hidalgo, avait évoqué cette entente cordiale, louant également les qualités de femme politique de Rachida Dati. «Elles ne sont pas ce qu'on pourrait appeler des 'amies', mais elles se respectent et il arrive qu'elles s'échangent quelques SMS, pas forcément tous à caractère professionnel», confirme-t-on dans l'entourage de la maire sortante.

Une bonne entente critiquée

Une «paix des braves» qui pousse même certains à les accuser de comploter. C'est notamment le cas de Benjamin Griveaux : «Rachida Dati et Anne Hidalgo sont manifestement complices. Toutes deux veulent préserver le statu quo. Elles ont besoin l’une de l’autre pour enfermer les Parisiens dans l’affrontement gauche-droite qui les a tant servies. Or, ça, les Parisiens n’en veulent plus», a dénoncé le candidat LREM dans Le Parisien.

«Elles se respectent mutuellement. Cela étonne certains. Mais le respect n'est pas l'alliance», réagit-on dans l'entourage de la candidate LR. Rachida Dati est ainsi passé à l'offensive : «j'ai des désaccords politiques profonds avec Mme Hidalgo. Nous n'avons pas la même vision ni le même projet», a-t-elle déclaré au Figaro, dans une interview où elle n'hésite pas à critiquer le bilan de la maire sortante sur plusieurs sujets. Maintenant que les points comptent vraiment, la joute à fleurets mouchetés va laisser place à un duel acharné.

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