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Paris : les 5 défis d'Anne Hidalgo, désormais officiellement candidate

La maire sortante fait figure de favorite à sa succession, selon les sondages. [© Thomas SAMSON / AFP]

A moins de trois mois des élections, les 15 et 22 mars prochains, Anne Hidalgo a enfin officialisé sa candidature pour les municipales à Paris, ce 10 janvier. Et la maire sortante va devoir relever plusieurs défis si elle veut pouvoir obtenir un second mandat.

Mener une campagne éclair

En moins de dix semaines, Anne Hidalgo va devoir mener une campagne ramassée et offensive. Alors qu'elle était relativement en retrait depuis plusieurs mois et laissait ses adjoints de confiance monter au créneau, il faut désormais s'attendre à ce que la maire sortante multiplie les sorties médiatiques et les déplacements. «Elle sera tous les jours sur le terrain», promet son équipe, selon Franceinfo.

Ian Brossat, l'un des portes-paroles de la campagne d'Anne Hidalgo, se veut confiant sur ce timing serré : «on n'a pas perdu de temps car la campagne n'a pas réellement commencé. Depuis septembre, le débat politique n'a pas été vraiment structuré par les propositions des différents candidats. Et puis, on le sait, les gens s’intéressent aux campagnes de plus en plus tard. Au final, les Parisiens n’ont pas été passionnés par la campagne ces derniers mois, ils s’en intéresseront de plus en plus à l’approche du premier tour».

Favorite dans les sondages depuis plusieurs mois – avec 22 % d'intention de vote, selon le dernier en date –, l'élue socialiste ne dispose toutefois pas d'une avance suffisante sur les autres candidats pour gérer tranquillement sa campagne.

faire des propositions fortes

Pour marquer les esprits et se démarquer de ses concurrents, la maire sortante va ainsi devoir présenter un programme novateur, avec des idées détonantes. Un projet sur lequel planche depuis un an les membres de la plateforme Paris en commun, lancée en janvier 2019 par ses proches.

Si l'ensemble du programme ne sera présenté que dans les semaines à venir, quelques idées ont déjà été évoquées par Anne Hidalgo ou son entourage, comme la gratuité des transports pour les mineurs. Deux notes du think tank progressiste Terra Nova ont aussi posé des jalons sur l'écologie et l'urbanisme, ainsi que sur le tourisme.

Enfin, dans un livre récemment publié, Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la maire, aborde des thèmes qui devraient figurer dans le futur programme. Le bras droit d'Anne Hidalgo imagine ainsi «un nouveau modèle écologique et social pour Paris» guidé par les grands principes que sont «le maintien du pouvoir d'achat, la soutenabilité environnementale et la solidarité», pour créer une «troisième voie» progressiste entre «la social-démocratie et l'écologie politique».

répondre aux critiques

Pas encore entrée dans l'arène, Anne Hidalgo assistait jusqu'à maintenant aux attaques depuis les gradins. Mais désormais, plus question de survoler la mêler, elle va devoir faire des propositions, encaisser et rendre les coups. Et elle aura fort à faire face au «Hidalgo-bashing», sur des thèmes sensibles tels que la propreté, les travaux, la crise migratoire ou encore la dette de la ville.

De plus, en tant que maire sortante, elle va devoir se livrer au délicat exercice d'équilibriste afin d'expliquer pourquoi elle sollicite un nouveau mandat afin de mettre en place une nouvelle politique, tout en justifiant pourquoi elle ne l'a pas fait avant.

«Nous allons proposer des choses fortes et novatrices, mais aussi crédibles, donc en accord avec ce que nous avons fait pendant ce mandat 2014-2020. Nous ne mènerons pas une campagne sur le bilan mais de projection sur l’avenir, en s’appuyant sur ce qu’on a fait», précise Ian Brossat.

Et l'adjoint au logement de souligner : «On peut nous reprocher beaucoup de choses mais pas nous taxer d’immobilisme. On nous a même parfois reproché d’avoir beaucoup fait ou trop vite, comme sur les pistes cyclables ou les voies sur berge».

Viser les arrondissements clefs

C'est le nerf de la guerre de l'élection municipale à Paris, qui est un scrutin très particulier où il importe davantage d'obtenir des conseillers municipaux que des voix d'électeurs. Or, le bilan d'Anne Hidalgo dans les quartiers populaires est très critiqué, alors que les 18e, 19e et 20e arrondissements sont trois des quatre plus gros pourvoyeurs de conseillers. Avec le risque que ces zones traditionnellement à gauche se tournent vers d'autres partis.

Autre clé de la bataille : le 15e arrondissement, où elle vie et est élue conseillère depuis 2001, et qui envoie le plus d'élus (18 sur 163 au total) au conseil de Paris. Mais Anne Hidalgo y a été battue sèchement en 2014 (63 % pour Philippe Goujon, ex-LR) et se présentera cette fois dans le 11e.

Surtout, le 15e arrondissement a voté massivement pour Emmanuel Macron lors des élections présidentielles (35,9 % au premier tour) puis européennes (37,4 %). Et Benjamin Griveaux pourrait lui-même décider d'y conduire la liste LREM.

tendre la main aux Verts

Comme en 2014, les écologistes vont faire cavalier seul au premier tour du scrutin. Et comme en 2014, Anne Hidalgo espère bien nouer une alliance avec eux pour le second tour. Dans cette optique, un programme à l'orientation très «verte» serait un premier message positif à envoyer à EELV.

Dans un second temps, la maire sortante dispose encore de sujets sur lesquels elle pourrait faire des concessions. Le projet d'urbanisme Bercy-Charenton, très critiqué par les écologistes, pourrait ainsi être largement revu, voire annulé.

Reste à voir quelle sera la situation le jour J, dans la mesure où les Verts discutent déjà d'un rassemblement avec Cédric Villani.

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