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Alain Bauer : «Les délinquants s’adaptent à tout, même au confinement»

Alain Bauer estime que les actes de délinquance vont se modifier durant le confinement.[JOEL SAGET / AFP]

Alors que le pays est placé en confinement, les actes illégaux ne semblent pas faiblir pour autant. Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), explique comment cette période inhabituelle influe sur la délinquance.

Avec la séquence de confinement actuelle, doit-on s’attendre à une baisse de la délinquance ou à une hausse de celle-ci ?

Les deux. En fonction de quelle délinquance il s’agit. Le confinement va avoir un effet très important sur le trafic de drogue, par exemple. Les clients ne pourront pas se déplacer et l’approvisionnement des dealers sera compliqué.

Cela risque d’entraîner un transfert vers des cas de violences sur la voie publique. Des vols dans les supermarchés, dans les supérettes, des pillages, du dépouillage de personnes, des vols avec violence. Des gens vont même s’attaquer à des véhicules ou du personnel de santé. Les délinquants s’adaptent toujours, et à tout.

Les forces de l’ordre étant massivement mobilisées pour surveiller le déroulement du confinement, existe-t-il un risque qu’elles soient débordées ?

Au contraire, justement. Elles n’ont jamais été aussi nombreuses sur la voie publique. Toutes les tâches secondaires de bureau sont mises de côté, même les transferts de prisonniers. Sur le terrain, leur boulot ne change pas vraiment, mais les contrôles sont d’une autre nature. A elles de s’adapter.

 

Le marché noir est consubstantiel à la pénurie

Des associations et le gouvernement craignent que le confinement fasse augmenter les cas de violences conjugales et familiales.

Nous ne sommes pas encore à un vrai confinement. On n’a jamais vu autant de gens courir aussi souvent ou promener leur chien. Mais si il devenait vraiment réel, la question de «l’insupportabilité» de la présence de l’autre se posera. Le risque concernant ces violences est indiscutable. Le problème est que, avec cette situation actuelle particulière, il faut permettre aux victimes de se signaler. Le numéro d’urgence (3919, ndlr) doit fonctionner.

Des cas de personnes lambdas volant ou vendant illégalement des masques et du gel hydroalcoolique ont été rapportés. Comment expliquer cela ?

Le marché noir est consubstantiel à chaque période de pénurie. Dans un cas, c’est de l’opportunité personnelle. Le but est de disposer d’un équipement que l’on juge indispensable à sa famille. C’est naturel, humain. Par exemple, si l’un de nous trouve du gel ou un masque dans la rue, ce n’est pas sûr qu’il aille le rendre. Ce n’est pas bien, mais c’est compréhensible.

Dans l’autre cas, c’est de la spéculation, avec la revente. Il s’agit là de voyous, qui méritent et qui doivent être sévèrement punis.

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