En direct
A suivre

Covid-19 : scandale après la mort de 35 pensionnaires dans une maison de retraite américaine

Mi-février, le site hébergeait 120 personnes. Il n'en accueille désormais plus qu'une quarantaine.[Karen Ducey / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Scandale sur fond d'épidémie de coronavirus. Aux Etats-Unis, une maison de retraite est sous le feu des critiques après la mort d'une trentaire de ses pensionnaires.

Au total, ce sont 35 personnes âgées qui ont succombé du Covid-19 dans cet établissement de Kirkland, situé à côté de Seattle, dans l'état de Whashington. Les familles des victimes demandent des réponses à la direction.

D'autant plus qu'un rapport des autorités sanitaires fédérales publié mercredi dernier a démontré que les précautions n'avaient pas été prises par le personnel soignant. Pire que cela, par manque de moyens et de formation, les soignants auraient fait preuve de négligence.

Des infirmiers ont continué à travailler au contact des pensionnaires alors qu'ils présentaient des symptômes. 

La colère des familles de victimes 

Une situation inquiétante, dans un premier temps, que les familles avaient dénoncée très tôt. «Il n'y a aucune quarantaine ici. La maladie se propage au grand galop», déclarait à des journalistes Kevin Connolly, dont le beau-père de 81 ans est accueilli au centre. 

Mi-février, le site hébergeait 120 personnes. Il n'en accueille désormais plus qu'une quarantaine.

«Nous avons des questions, et nous voulons des réponses», lance M. Connolly. Il veut notamment savoir qui est responsable des multiples retards dans la mise en oeuvre de mesures clés qui auraient permis d'endiguer l'épidémie : identification du nouveau coronavirus - initialement pris pour une grippe saisonnière -, tests systématiques pour les pensionnaires et mise à l'isolement strict. «C'est vraiment désolant», lâche Clancy Devery, gendre d'un homme qui a contracté le coronavirus à la maison de retraite. «On a l'impression que s'ils avaient accepté de le tester et de le faire sortir de là, comme on l'avait demandé, on ne se retrouverait pas dans cette situation», a-t-il dit au journal Seattle Times. «On a eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment», résume Scott Sedlacek, lui-même contaminé en rendant visite à son père. 

La direction et les autorités se renvoient la balles

Tout le monde se rejette la responsabilité mais tant la direction du centre que les autorités, locales et fédérales, ont mis du temps à réagir.

La maison de retraite dit avoir signifié le 10 février une recrudescence d'infections respiratoires mais n'a interdit les visites dans l'établissement qu'un mois plus tard. «Les gens ont beau jeu de rejeter toute la faute sur cette maison de retraite», estime  Tim Killian, porte-parole du Life Care Center. Selon lui, «le gouvernement n'était pas complètement prêt à réagir à la situation comme nous en aurions eu besoin» pour endiguer l'épidémie. Par ailleurs, il affirme que les tests de dépistage ont mis plus d'une dizaine de jours à arriver après confirmation du premier cas de Covid-19. Et «il a fallu encore une semaine de plus pour obtenir davantage de personnel soignant sur le site», ajoute le porte-parole.

Une gestion «risible» de la crise

«Il nous a fallu un moment avant de comprendre que nous avions reçu les autorisations ad hoc du gouvernement» pour fermer l'établissement, répond-il. Preuve en est selon lui qu'aucun policier ou représentant officiel ne surveille les accès du centre. A ce jour, seuls les infirmiers sont en contact avec les pensionnaires - dont 32 sont positifs au Covid-19, à l'exception des familles se rendant au chevet d'un mourant.

Pour M. Connolly, la gestion de la crise par les autorités est tout simplement «risible». Mais les responsables locaux tiennent bel et bien la maison de retraite pour responsable. «Nous avons eu des difficultés avec Life Care et je commence à perdre patience», a lancé à la presse Dow Constantine, directeur du comté de King où est situé l'établissement. Pour sa défense, M. Killian rappelle que le centre a été parmi les premiers touchés par le virus aux Etats-Unis et que ses infirmières «ne sont pas à l'origine de la contagion». «C'est le virus qui est la cause de l'épidémie, et notre personnel en a payé le prix», relève-t-il. Près d'un tiers a en effet été contraint d'arrêter le travail après avoir été infecté.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités