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«Le Covid-19 doit être reconnu comme maladie professionnelle», selon le syndicat des professionnels de la santé au travail

Le SNPST veut que tous les salariés touchés dans le cadre de leur travail puissent bénéficier de la reconnaissance de la maladie professionnelle. Le SNPST veut que tous les salariés touchés par le Covid-19 dans le cadre de leur travail puissent bénéficier de sa reconnaissance comme maladie professionnelle.[BERTRAND GUAY / AFP]

La reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle est actuellement en débat. Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire général du syndicat des professionnels de la santé au travail (SNPST), propose sa reconnaissance pour tous les salariés qui l'auront contracté sur leur lieu de travail ou en y allant.

Quelle est la position des médecins du travail quant à la reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle ?

«Bien sur, nous pensons que cela doit être reconnu comme maladie professionnelle. Le ministre de la Santé a déjà dit que ce serait le cas pour le personnel soignant. Pour nous, cela doit être étendu à tous les salariés exposés.

Quelle est votre définition du salarié exposé ?

Tous ceux qui sont amenés à se déplacer pour aller travailler et qui contractent le Covid-19, peu importe sa profession. Par exemple, une aide à domicile qui, à cause de son travail, est touchée par le virus, doit pouvoir bénéficier de cette reconnaissance. 

Mais la question qui se pose est la suivante : vaut-il mieux demander à être reconnu en maladie professionnelle ou en accident du travail ? Je pense qu'à chaque fois que les faits sont clairs sur l'origine de la contamination, une déclaration d'accident du travail s'impose. C'est plus facile.

«les membres d'une famille, qui sont contaminés parce qu'un des leurs est obligé d'aller travailler, doivent être pris en charge au titre du Covid-19»

Les salariés en télétravail, s'ils ont été contaminés par un membre de leur famille à domicile, doivent-ils également bénéficier de cette reconnaissance ?

Cette question est plus délicate. Aujourd'hui dans la réglementation, rien ne permet ce cas de figure et on pourra toujours estimer que la personne en télétravail a attrapé le Covid-19 au moment de faire ses courses. Mais nous pouvons également imaginer qu'effectivement, la personne contaminée est sous la dépendance de l'employeur et que sans confinement, ce ne serait pas arrivé. 

Mais, en revanche, je veux porter mon attention sur une situation :  je pense que les membres d'une famille, qui sont contaminés parce qu'un des leurs est obligé d'aller travailler en présentiel, doivent être pris en charge au titre du Covid-19. En tout cas, c'est un problème auquel il faut réfléchir.

La CFDT demande la création d'un fonds pour prendre en charge l'indemnisation des salariés touchés. Qu'en pensez-vous ?

A priori, nous n'y sommes pas favorables. A partir du moment où la reconnaissance de l'accident du travail ou de la maladie professionnelle est actée, l'indemnisation doit être assurée par la branche AT/MP.

Allez-vous participer à la réunion entre le gouvernement et les syndicats le 24 avril sur ce sujet ?

Nous n'y sommes pas invités et je le regrette. A aucun moment les professionnels de la santé au travail, qui risquent d'être au premier rang au moment de sa reprise, n'ont été consultés. Pourtant des questions demeurent : à chaque fois que l'on va mettre un arrêt de travail pour Covid-19, l'employeur va être au courant de la maladie du salarié, ce qui est une rupture du secret médical. 

Que pensez-vous du retour au travail pour beaucoup de salariés le 11 mai ?

Nous pensons que c'est très prématuré.  Il ne faudrait reprendre le travail qu'à partir du moment où nous sommes capables de garantir que les risques sont au minimum. Aussi, dans un premier temps, le télétravail doit être maintenu à chaque fois que cela est possible. Les conditions de travail doivent être étudiées au cas par cas pour vérifier si elles ne mettent pas en danger les salariés. Les travailleurs peuvent-ils être séparés de deux mètres ? Ont-ils accès à un point d'eau avec du savon ? Toutes les entreprises, d'après les échos que j'ai, ne jouent pas le jeu du respect des mesures barrières. Il ne faut pas que la logique économique surpasse celle de la santé.»

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