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Le difficile calcul du nombre total de morts liés au Covid-19

Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, égraine chaque soir le nombre de victimes en France du Covid-19. Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, égraine chaque soir le nombre de victimes en France du Covid-19.[THOMAS COEX / AFP]

Combien ? Combien de personnes sont décédées à cause de l'épidémie de Covid-19 en France ? Officiellement, selon Santé Publique France, au 2 mai, 24.760 personnes ont été mortellement victimes de cette maladie. Mais ce n'est pas aussi simple, dans les faits.

Ce chiffre, en l'occurrence, n'est pas exhaustif : en effet, il ne prend en compte que les décès intervenus à l'hôpital (15.487 au 2 mai) et dans les établissements sociaux ou médicaux sociaux (ESMS), dont les Ehpad (9.273 à la même date). Quid des personnes décédées à domicile ?

Certains commencent à faire des projections. MG France, un syndicat de médecins généralistes, estime à plus de 9 000 le nombre de «décès en ville en rapport avec le virus» entre le 17 mars et le 19 avril. Ce chiffre a été obtenu de la manière suivante : 2.339 médecins généralistes ont répondu à une enquête de MG France pour tenter d'identifier les cas probables de décès à domicile liés au Covid. Ensuite le syndicat a extrapolé les chiffres, selon le nombre de médecins généralistes en France (près de 60.000).

Entre 35.000 et 38.000 décès liés au Covid-19 au total ?

Ces résultats, scientifiquement peu fiables, ont le mérite de donner une ampleur au phénomène de la mortalité du Covid- 19 en ville. Pour connaître exactement le nombre de victimes engendrées par la maladie, tous lieux confondus, il faudra attendre le travail du centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès, le CépiDc. Interrogée par Le Monde, Claire Morgand, directrice adjointe, estime au total «entre 35.000 et 38.000 décès avec Covid-19 avéré ou suspecté», selon les modélisations prédictives du centre. Cette évaluation ne sera validée ou infirmée qu'entre «douze et dix-huit mois après le dernier décès».

Pour elle, savoir combien de personnes exactement sont décédées à cause de la maladie aiderait à la prise de décisions politiques : «aujourd’hui, les décisions sont prises sur la base des tendances – une hausse, un plateau, une descente. S’ils avaient des indicateurs fiables et immédiats, les politiques prendraient des décisions plus fermes. Là, on voit qu’ils y vont à tâtons». 

Le CépiDc ne peut pas aller plus vite : le personnel est trop peu nombreux et les certificats de décès ne sont, pour 80% d'entre eux, pas encore dématérialisés, ce qui ralentit sa transmission entre les professionnels concernés.

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