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Il capturait des oiseaux protégés pour les vendre en brochettes

Le rouge-gorge faisait partie des espèces capturées et vendues par l'accusé.[Pixabay]

Sur le banc des accusés du tribunal de Dax (Landes), Bernard Fargues, 68 ans, a tenu à préciser qu'il ne capturait pas les mésanges : «elles, je les relachais». Les quelque 10.000 volatiles de la famille des passereaux, rouge-gorge, moineaux, pinsons qui ont croisé ses pièges entre 2011 et 2019 n'ont pas connu le même sort. Le retraité les plumait, vidait et congelait avant de les vendre, par brochettes de douze.

Selon les informations du Parisien, ce petit commerce braconnier lui permettait de compléter une modeste retraite de 900 euros par mois. Bernard Fargues installait des pièges à glu ou des matoles, un piège à oiseaux typique de sa région landaise, dans quatre champs de la commune de Dax et ses environs. Un procédé remarqué par l'Office de la chasse et de la faune sauvage dès 2015.

L'ancien électricien était surveillé depuis lors et a fini par être arrêté en novembre 2019, alors qu'il relevait ses pièges. Dans son congélateur, les forces de l'ordre ont retrouvé des oiseaux, tous issus d'espèces protégés. Un cahier consignant chacune des ventes de Bernard Fargues a également été découvert, révélant ses tarifs : 15 euros la brochette d'abord, puis 20 euros en 2018 et même 25 euros à partir de 2019.

Parmi les clients réguliers du retraité figure un nom connu : celui du rugbyman Jean-Pierre Bastiat, ancien international de l'US Dax, aujourd'hui âgé de 71 ans. Selon ce dernier, Bernard Fargues a commencé à le fournir en brochettes d'oiseaux pour rembourser une dette de 500 euros. «Ensuite j'ai continué à lui en acheter», admet-il. Et il se trouve que Jean-Pierre Bastiat était un bon client puisqu'entre 2013 et 2019, il a acheté 134 brochettes pour 3.350 euros au total. Il les mangeait lors de repas «entre amis» et affirme qu'il ignorait consommer des espèces protégées.

Alors que la défense plaidait la tradition locale, l'avocat de la Société pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso), s'appuyant sur un rapport du CNRS, rappelait que «30% de la population des petits oiseaux de campagne a disparu en quinze ans». Un argument que la procureure semble avoir entendu puisqu'elle a requis deux ans de prison avec sursis, un million d'euros d'amende et, dans un dessein pédagogique, la publication du verdict dans un journal d'annonce légale. Le jugement définitif sera rendu le 19 novembre.

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