A Strasbourg, un policier a décidé de porter plainte contre la Police nationale. Il l'accuse de «racisme, de discrimination et de harcèlement moral».
Haykal Rezgui Raouaji, un policier motard de 37 ans, a été muté à Strasbourg en septembre 2018, où il a commencé à subir les insultes et les remarques raciste de ses collègues, comme le rapporte France Bleu Alsace. «Lors de la semaine de présentation, j'entends : 'Rezgui Raouaji, un nom bien français de chez nous'. C'était toujours des petites blagues, quand j'arrivais ils parlaient Alsacien, on vous fait sentir que vous n'êtes pas du groupe», a-t-il raconté au média local.
«Au fond du trou»
Après seize ans de carrière, le policier - qui avait par ailleurs été décoré par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et 2016 pour avoir sauvé deux enfants d'un incendie - sombre dans une profonde dépression en août 2019. «J'étais au fond du trou, j'ai perdu pas loin de 15 kilos et personne ne m'a appelé, personne ne m'a soutenu», poursuit-il.
Dès le mois d'octobre 2019, le brigadier alerte une première fois le Direction Départementale de la Sécurité Publique, mais son rapport est classé sans suite quelques mois plus tard par manque «d'éléments pour prouver le racisme». «Là, je suis tombé quasiement en pleurs», se souvient-il.
Haykal Rezgui Raouaji a repris son poste dans la brigade de Schiltigheim au mois de mai dernier, mais s'apprête, avec son avocate Me Kaoutar Choukour, à porter plainte. «Nous avons des captures de messages, qui ne laissent place à aucune ambiguïté. Certains de ses collègues sont prêts à témoigner», selon elle. Tous deux s'attendent à mener une bataille de plusieurs mois.
L'avocate réclame à la justice une indemnité pour toutes les souffrances endurées et une promotion, tandis que des psychiatres demandent sa mutation à Toulouse, certificats médicaux à l'appui, afin que le trentenaire puisse se reconstruire. Le policier motard souhaite de son côté que les collègues qui ont tenu des propos racistes soient sanctionnés.