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Régionales : le grand flou en Ile-de-France

[© Philippe LOPEZ / AFP]

Alors que Julien Bayou a été officiellement investi candidat aux élections régionales en Ile-de-France par Europe Ecologie Les Verts ce jeudi 15 octobre, le flou persiste dans tous les camps à 5 mois de la date prévue pour ce scrutin. Avec le Covid en toile de fond.

Appels, contre-appels, candidat peu motivé ou non déclaré... Difficile d'y voir clair actuellement concernant l'élection du futur dirigeant de la première région de France, qui présidera à l'avenir de 12 millions de personnes.

A droite, s'il ne fait aucun doute que Valérie Pécresse se présentera à sa réélection, elle se garde bien d'annoncer sa candidature. La présidente sortante (Libres!, ex-LR) se contente pour l'instant d'avancer ses pions, avec ses proches à la manœuvre. Othman Nasrou (1er vice-président de la région, élu à Trappes) et Florence Portelli (vice-président de la région à la culture, maire de Taverny) ont lancé en septembre son collectif de soutien «Ile-de-France Rassemblée». Plusieurs réunions publiques ont déjà organisées, dans le Val-d'Oise et en Essonne. Egalement en action Vincent Jeanbrun, maire de l'Haÿ-les-Roses et président du groupe Libres, Républicains, Indépendants au conseil régional.

Les macronistes y vont à reculont

Chez LREM, les volontaires pour mener le combat francilien ne semblent pas se bousculer. Seule Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée chargée de l'Industrie, a marqué officiellement sa volonté le mois dernier. Mais son CV n'a pas semblé susciter l'enthousiasme. Alors le parti présidentiel mise le tout pour le tout sur une figure qui a déjà pourtant dit «non» pour être tête de liste en Ile-de-France : Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l'Education aurait finalement été convaincu par Emmanuel Macron, et a accepté de piloter la mise au point du projet régional de la formation présidentielle.

L'envoi en première ligne d'un ministre important du gouvernement a toutefois de quoi rappeler un précédent fâcheux. «On le surnomme Jean-Michel Buzyn», persifle auprès de CNews un proche de Valérie Pécresse. Une référence à l'ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, parachutée candidate LREM aux municipales à Paris pour remplacer Benjamin Griveaux en février, juste avant que l'épidémie de coronavirus ne déferle sur la France. Arrivée largement derrière Anne Hidalgo et Rachida Dati, elle n'a même pas été élue conseillère de Paris du 17e arrondissement.

D'autant que les alliés de la formation présidentielle au plan national, le Modem, l'UDI et Agir, font partie de la majorité de droite de la présidente sortante depuis cinq ans en Ile-de-France. Pourtant, malgré les railleries, les macronistes présentent une menace réelle pour la favorite Valérie Pécresse : celle de la faire perdre. En se maintenant au second tour, un candidat LREM pourrait en effet la mettre en difficulté face à une gauche écologiste unie. Sans oublier la probable présence de l'extrême-droite, qui, aux régionales de 2015, avait récolté pas moins de 18 % des suffrages au premier tour, puis 14 % au second.

Sauf qu'à gauche, la situation semble actuellement encore plus complexe. Outre EELV, trois autres mouvements sont dans les starting blocks : Ile-de-France en Commun, le Printemps Ile-de-France et Ile-de-France Populaire.

Le premier, «IDF en Commun», vise à mettre sur orbite Audrey Pulvar, soutenue par la maire de Paris Anne Hidalgo. Le deuxième, «Printemps IDF», a été lancé par les communistes, mais comprend aussi des socialistes et des écologistes. Enfin, le troisième, «IDF Populaire», est l'œuvre de La France Insoumise. Autant dire que pour le moment, le rassemblement de la gauche paraît loin.

La candidature d'Audrey Pulvar a été entérinée lors d'un diner dans un restaurant du 12e arrondissement il y a quelques semaines. Autour de la table, outre l'ex-journaliste, se trouvaient le patron du PS Olivier Faure, Luc Carvounas maire d'Alfortville et directeur de campagne du candidat de la gauche aux dernières régionales, Claude Bartolone, et les leaders socialistes des 8 départements d'Ile-de-France. «Ce n'était pas gagné d'avance», commente Rémi Féraud, le premier secrétaire de la fédération PS de la capitale, mais «la perspective de la candidature d'Audrey Pulvar ne fait plus débat» au sein du parti à la rose.

Reste maintenant pour les socialistes à trouver une entente avec les communistes. Lors des dernières municipales à Paris, le PCF avait d'abord nommé un candidat, Nicolas Bonnet, avant de rallier Anne Hidalgo en décembre 2019. En revanche, aux régionales de 2015, les communistes avaient mené une liste autonome au premier tour, derrière leur secrétaire national de l'époque, Pierre Laurent. Après avoir obtenu 6 % des voix, ils avaient rallié le bloc de gauche durant l'entre-deux-tours.

L'alliance gauche-verts pas pour tout de suite ?

Autre rouage potentiel de cette machine : Julien Bayou. Le secrétaire national d'EELV, également conseiller régional d'Ile-de-France depuis 2010, a été le premier à annoncer sa volonté de se présenter, fin août. Une candidature validée ce jeudi par un vote des militants écologistes. En plein phase d'accélération, le leader vert multiplie désormais les déplacements et les prises de parole. Avec des critiques appuyées contre la sortante Valérie Pécresse, et son bilan «catastrophique», ainsi que dans une moindre mesure contre Audrey Pulvar et sa proposition de gratuité des transports.

L'hypothèse d'une candidature commune gauche-verts ? «Une fois que les chefs de file socialistes et communistes auront été désignés, on pourra commencer à discuter», a botté en touche Julien Bayou lors de son intronisation ce jeudi. Mais dans le cadre de la stratégie de conquête actuelle d'EELV, il apparaît plus probable que le candidat écologiste maintienne sa liste au premier tour, en espérant faire un score plus haut que celui des socialistes pour obtenir leur ralliement. «Il y a urgence pour la planète. On n'est pas là pour baguenauder, flâner le nez au vent, on est là pour gagner», a-t-il clamé ce jeudi.

Des calculs qui pourraient être balayés, encore une fois, par le coronavirus. Difficile en effet d'imaginer une campagne être menée dans les conditions actuelles de reprise de l'épidémie. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a donc annoncé ce jeudi sur Franceinfo la mise en place «d'une commission qui va associer l'ensemble des forces politiques, avec un éclairage sanitaire, pour regarder quand est-ce qu'on peut organiser ces élections». Avant de préciser : «Il faut que la décision soit prise (...) d'ici à la fin de l'année, début 2021».

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