En direct
A suivre

Face à l'impossibilité de se garer, les médecins d'urgence à domicile boudent le centre de Paris

Même floqués, les véhicules des médecins sont verbalisés. Même floqués, les véhicules des médecins sont verbalisés.[© LOIC VENANCE / AFP]

Manque de places de stationnement, verbalisations à outrance... Les médecins qui exercent à domicile ont de plus en plus de difficultés pour se garer à Paris. A tel point que les Urgences Médicales de Paris (UMP) ont décidé d'arrêter d'exercer «en urgence» dans le centre de la capitale.

«Nous ne sommes plus en mesure d'assurer notre mission de permanence de soins dans le centre de Paris», peut-on ainsi lire sur la page d'accueil des Urgences Médicales de Paris (UMP) (texte retiré depuis). Fondé en 1973, ce service médical libéral d'urgence à domicile répond ainsi «aux difficultés de stationnement» et au «manque d'indulgence de la mairie de Paris» à ce sujet.

Pour marquer le coup, le groupe avait même décidé d'arrêter d'exercer dans le centre de la capitale «en urgence» et de ne pratiquer qu'«aux heures creuses» ou «en fin de journée», et ce, tant qu'il n'aurait pas obtenu de la part des autorités compétentes – c'est-à-dire la Mairie de Paris et la préfecture de police de Paris – l'assurance d'avoir été entendu.

Contraints d'emprunter des places non autorisées

En cause ? La verbalisation dont les véhicules d'intervention des médecins opérant pour de grandes institutions de visites à domicile – telles que les Urgences Médicales de Paris ou encore SOS Médecins – sont régulièrement victimes, alors même qu'ils devraient être exemptés de payer le stationnement. Sauf que dans les faits, les praticiens de terrain disent trouver rarement, voire jamais, de places «classiques» et sont le plus souvent contraints de stationner sur des places non autorisées voire même en double file ou dans les couloirs de bus.

Ainsi mal garés, les médecins sont «régulièrement verbalisés», relate le secrétaire général de SOS Médecins, Serge Smadja, qui confirme «recevoir jusqu'à 4 PV par jour», et ce malgré l'utilisation de véhicules blancs floqués du caducée de médecine et munis de gyrophares. Un «problème majeur de stationnement et de circulation» à l'origine d'une «situation extrêmement tendue» selon lui, qui ne concerne d'ailleurs pas seulement le centre de la capitale mais «tout Paris».

«Historiquement, il y avait une tolérance qui a aujourd'hui disparu, sans que l'on sache pourquoi», explique-t-il. A l'issue d'un entretien avec Anne Hidalgo mardi 26 janvier à ce sujet, Serge Smadja assure que la maire de Paris dit avoir entendu les demandes de ces médecins parisiens et aurait fait passer la consigne aux autorités compétentes de faire désormais preuve de «discernement». A la condition que les professionnels de santé soient bien en mesure de prouver qu'ils «exercent leur métier à Paris» et qu'ils effectuent «plus de 100 visites à domicile par an» dans la capitale, qu'ils soient «indépendants ou salariés d'une association ou d'un établissement public de santé».

Si la mairie de Paris-Centre n'a pas répondu aux sollicitations, l'hôtel de ville fait savoir de son côté que le sujet est «en train d'être réglé», et confirme que «le stationnement est bien gratuit pour les médecins». Des «prises de rendez-vous» seraient même «en cours», pour gérer cette problématique, alors que l'exécutif a annoncé sa volonté de transformer la moitié des places de stationnement en espaces dédiés à de nouveaux usages. «Nous avons bien en tête l'impératif de redistribuer des places de stationnement pour les professionnels, notamment les professionnels de santé», répond la Mairie de Paris.

«Une situation indigne» selon un député LREM

Reste «à voir si les actes seront en rapport avec les propos», souligne Serge Smadja. Le secrétaire général de SOS Médecins se montre confiant mais s'inquiète tout de même de la suite, alors que la question de la vaccination à domicile va bientôt s'inviter au débat. «C'est insensé aujourd'hui de casser les pieds aux médecins qui viennent au chevet des malades», conclut le médecin.

«Une situation indigne en pleine pandémie», déplore de son côté Sylvain Maillard, député de Paris et porte-parole LREM à l'Assemblée, qui a également interpellé Anne Hidalgo à ce sujet. Lui demandant notamment «de mettre immédiatement fin à ces contraventions insensées», en faisant preuve de «de discernement et d’humanité dans sa gestion des stationnements». «Verbaliser les véhicules des médecins en pleine pandémie. Affligeant», avait-il fait savoir sur Twitter.

A noter que pour faire face aux difficultés de circulation, les Urgences Médicales de Paris (UMP) avaient récemment investi dans une flotte de vélos à assistance électrique surnommés «Emergency bikes». Ces vélos cargo sont en cours d'expérimentation par quelques médecins des UMP. Le but ? «Offrir aux médecins urgentistes un moyen de transport sûr et rapide, même lorsque la ville est embouteillée».

A voir aussi

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités