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«Epargne Covid» : les pistes pour pousser les Français à relancer l'économie

Pour le moment, le gouvernement écarte toute hausse d'impôts. [JOEL SAGET / AFP].

200 milliards d'euros. C'est la somme colossale que les Français devraient mettre de côté d'ici à la fin de l'année, selon les économistes de la Banque de France. Un trésor, deux fois supérieur au plan de relance, sur lequel lorgne l'Etat qui est bien décidé à faire repartir l'économie.

Comme l'explique le journal Les Echos, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, devrait en effet présenter, dans les prochaines semaines, «un dispositif pour assurer que l'épargne des Français va bien à la relance de l'activité économique et aux entreprises françaises», comme il l'a lui-même expliqué en fin de semaine dernière en marge d'un point presse consacré au fonds de solidarité.

Ce faisant, le quotidien économique a établi les différents scénarios mis sur la table à ce stade - par le gouvernement mais pas seulement - pour inciter les Français à piocher dans leur bas de laine afin d'alimenter la reprise.

Un débat qui monte dans la classe politique et parmi les économistes, sur lequel Bercy devra vraisemblablement trancher.

Des «prêts ou dons entre générations»

Parmi les différentes pistes explorées, une source ministérielle citée par Les Echos évoque notamment celle d'un «système incitatif pour donner envie aux Français de recourir à des transferts ou des dons entre générations».

Ce n'est pas la première fois que l'exécutif évoque cette possibilité, déjà mise en avant - sans suite - par Gérald Darmanin lorsqu'il était ministre des Comptes publics en 2019.

Concrètement, cela pourrait passer par un assouplissement des règles en matière de transmissions après le durcissement observé en la matière ces dernières années.

Au pouvoir, Nicolas Sarkozy avait en effet d’abord allongé en 2011 le délai entre deux donations défiscalisées de six à dix ans. Puis en 2012, son successeur, François Hollande, l’avait augmenté de cinq années supplémentaires et décidé d’abaisser l’abattement sur les successions en ligne directe de 150.000 à 100.000 euros.

Interrogé sur cette piste intergénérationnelle, lors d'un point presse consacré au plan de relance ce lundi, Bruno Le Maire a toutefois refusé de confirmer cette solution.

Une taxation de l'épargne réclamée à gauche

A gauche de l'échiquier politique, c'est la solution d'une taxation de cette épargne accumulée qui revient à cor et à cri.

Le journal Les Echos souligne d'ailleurs à ce sujet que 70 % de l'épargne accumulée proviendrait des 20 % des ménages ayant les revenus les plus hauts, selon une étude du Conseil d'analyse économique (CAE).

Le quotidien économique rapporte d'ailleurs que même l'économiste Philippe Aghion - qui avait participé à l'élaboration du programme économique d'Emmanuel Macron en 2017- a évoqué la semaine dernière «une contribution exceptionnelle sur les revenus élevés d'une année». 

Mais le risque est que cette mesure soit perçue par les classes moyennes comme une première hausse d'impôts avant d'autres qui les toucheraient. Ce faisant, ces foyers pourraient être tentés de mettre davantage encore leur argent à l'abri, dans une forme «d'épargne de précaution».

De son côté, le gouvernement ne cesse de toute façon de répéter qu'il ne veut pas entendre parler de hausses d'impôts. 

Ce lundi, toujours lors du point presse consacré au plan de relance, Bruno Le Maire l'a d'ailleurs encore assuré une nouvelle fois.

«J’écarte une nouvelle fois clairement et définitivement toute taxation de l’épargne des Français», a-t-il assuré.

L'idée d'un «Livret C» lancée par la droite

Bien sûr, la solution la plus consensuelle serait de sortir au plus vite de la crise sanitaire avec l'espoir que cela encourage les Français à consommer.

Pour autant, alors que cette embellie reste encore hypothétique, notamment du fait des variants plus contagieux du SARS-CoV-2 qui changent la donne, d'autres solutions sont lancées.

Eric Woerth, président (LR) de la Commission des Finances à l'Assemblée nationale, propose ainsi de mettre en place «un Livret C, un instrument financier très simple garanti par l'Etat dont les fonds iraient vers les TPE et les PME».

Mais cette idée de livret Covid est jugée peu probante par l'exécutif, au motif qu'elle n'est pas adaptée aux règles prudentielles, soit les dispositifs légaux et éthiques qui permettent de protéger les épargnants contre les risques excessifs lors de leurs placements et investissements.

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