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Violences : des jeunes sans limite ?

L’extrême violence dont sont capables certains jeunes inquiète les autorités.[Philippe HUGUEN / AFP]

La dernière affaire en date est aussi la plus terrifiante. Alisha, 14 ans, a été tuée il y a quelques jours à Argenteuil, par deux camarades de classe à peine plus âgés. Agressée et frappée, elle a ensuite été jetée dans la Seine où elle est morte noyée. Un effroyable fait divers qui vient s’ajouter à une longue liste de violences où la jeunesse fait preuve d’une violence extrême.

Rixes entre bandes, agressions de policiers ou de professeurs, menaces de mort, harcèlement, les actes sont variés. Face à cette dérive, les autorités entendent réagir. Une réunion interministérielle se tiendra d’ailleurs vendredi, pour tenter de juguler ce fléau.

Une agressivité extrême

L’ultraviolence de l’agression de Yuriy, battu et laissé pour mort en janvier dans le XVe arrondissement de Paris, avait déjà braqué les projecteurs sur le phénomène des rixes entre bandes. La mort de Lilibelle, 14 ans, poignardée en février au cours d’une bagarre dans l’Essonne, puis d’un garçon du même âge le lendemain ailleurs dans le même département, avait amplifié la prise de conscience.

«Il y a toujours eu des règlements de compte entre jeunes, depuis des années», nous a expliqué Michel Fize, sociologue spécialiste de l’adolescence et ancien chercheur au CNRS. «La véritable nouveauté de ce phénomène, c’est l’usage de la violence extrême. Elle est sans limite». D’autres affaires illustrent ce manque de retenue de la part des plus jeunes. A Rillieux-la-Pape (Rhône), les autorités ont pris en flagrant délit l’auteur (un enfant de 11  ans) de tags inquiétants promettant de «couper la tête» au maire de la ville.

«Il n'y a plus de valeurs»

«Aujourd'hui, toute la société est sans foi ni loi», analyse le sociologue. «Il n'y a plus de valeurs». Une perte de repères et une absence de respect de l’autorité illustrée à nouveau quand des mineurs rouent de coups des policiers à Villeneuve-d’Ascq (Nord), ou quand des délinquants d’un quartier de Beauvais (Oise) hurlent : «Tuez-les !» à des jeunes s’attaquant à des agents.

Les images se retrouvent ensuite très rapidement sur les réseaux sociaux, analysés comme étant le lieu de cristallisation de cette violence juvénile. En plus des innombrables cas de cyberharcèlement, ils deviennent l’endroit où l’on affiche sa violence pour se faire une réputation ou provoquer le camp d’en face. De quoi entraîner de nombreux ados dans un engrenage insensé.

Un fléau difficile à combattre

Face à l’ampleur du phénomène, l’Etat ne veut pas rester les bras croisés. Une réunion interministérielle se tiendra donc vendredi, sous l’égide de Jean Castex, pour lutter contre les rixes entre bandes. Les ministres de l’Intérieur, de la Justice et de l’Education seront présents, symbole des différents axes de réponse à apporter : action policière, fermeté pénale, mais aussi pédagogie.

Les autorités se retrouvent cependant confrontées à un problème complexe à régler : le rôle des parents et la place des réseaux. Difficile en effet de se substituer aux adultes pour surveiller les sorties et les actes de leurs enfants. De même, il paraît compliqué d’espérer les empêcher utiliser certaines applications pour se défier entre groupes rivaux ou harceler d’autres adolescents. L’ampleur de la tâche est énorme.

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