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Seine-Saint-Denis : le vaccinodrome du Stade de France suscite l'inquiétude

Photo du Stade de France à Saint-Denis (93), prise lors de l'Euro 2016. Photo du Stade de France à Saint-Denis (93), prise lors de l'Euro 2016.[© FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Alors que le Stade de France, à Saint-Denis (93), se transforme en vaccinodrome, plusieurs élus de Seine-Saint-Denis craignent que cet immense centre de vaccination ne désavantage les habitants d'un département frappé de plein fouet par la 3e vague du Covid.

Le vaccinodrome devrait permettre d'inoculer environ «10.000 doses» par semaine. Les réservations ont d'ailleurs ouvert ce jeudi 1er avril sur Doctolib. Mais pour Pierre Laporte, vice-président de la Seine-Saint-Denis chargé de la santé, cette politique de vaccination à grande échelle va à l'encontre de ce qui avait été mis en place jusqu'à présent : c'est-à-dire des centres de vaccination de proximité.

«Je ne suis pas contre les vaccinodromes, mais si leur arrivée est synonyme de fermeture pour les autres centres, on n'est pas dans la bonne démarche», explique-t-il. Pire, selon lui, l'Etat a récemment demandé aux médecins généralistes «d'accélérer la vaccination» de leurs patients, sans pour autant leur fournir suffisamment de doses. «J'ai des médecins qui me disent qu'ils ont une dose pour la semaine», témoigne l'élu.

Moins de vaccins disponibles ?

«Si on retire des doses aux pharmaciens, aux médecins de famille et aux petits centres de vaccination pour les donner au vaccinodrome, on recommence les erreurs de Doctolib», s'inquiète Pierre Laporte, en référence aux débuts de la vaccination dans le pays. Les rendez-vous se prenaient quasi-exclusivement sur Internet, excluant les personnes éloignées des outils informatiques ou ne parlant pas bien français. Ce paramètre avait fortement pénalisé la vaccination des habitants de Seine-Saint-Denis.

Des inquiétudes partagées par le député communiste Stéphane Peu, qui souhaite que les doses de vaccins alloués au Stade de France, les «10.000 vaccins par semaine», soient «prioritairement mis au service de la population de ce département, notamment [celle qui exerce] les métiers les plus exposés», à l'instar «des personnels des écoles».

Autre problème : «l'éloignement du Stade de France par rapport à la population [de Seine-Saint-Denis]». Pierre Laporte craint en effet que l'enceinte sportive, très bien desservie depuis la capitale via les transports en commun, soit davantage accessible aux Parisiens qu'aux Séquano-dionysiens. Ces derniers seront obligés de posséder une voiture ou de prendre différents bus pour atteindre Saint-Denis. 

Même son de cloche chez le député Insoumis Alexis Corbière, qui évoque sur France Info «un certain nombre de dysfonctionnements» concernant la vaccination dans son département. «Sur 40 villes de Seine-Saint-Denis, il n'y en a que 21 qui ont un centre de vaccination», déplore-t-il, regrettant que la décision «spectaculaire» d'utiliser le Stade de France comme mega-centre de vaccination ne règle pas le problèmes rencontrés par les centres de vaccination de proximité.

«Les gens ne le savent peut-être pas, mais là où je suis député [Montreuil/Bagnolet, ndlr], c'est beaucoup plus compliqué qu'ailleurs de se rendre à Paris [...] quelqu'un de 80 ans, il ne va pas se balader jusqu'au Stade de France quand il met 1h30 pour y aller», explique l'élu, qui craint que ce soit «un affichage» sans «réelle augmentation du nombre de doses».

Vers Des rendez-vous réservés aux habitants

Des difficultés anticipées par le conseil départemental. Il prévoit qu'«une plateforme de prises de rendez-vous spécialement réservés aux habitants de la Seine-Saint-Denis» soit mise en place et accessible «via un numéro dédié».

Le maire socialiste de Saint-Denis Mathieu Hanotin partage cette ambition, estimant que cela «ne serait pas normal qu’au final les habitants de Seine-Saint-Denis ne représentent que 20 % des vaccinés au Stade de France».

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