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Allocation adulte handicapé : pourquoi les associations mettent la pression sur les députés

Créée en 1975, l’AAH est destinée à compenser l’incapacité de travailler. [ANDREAS SOLARO / AFP]

A l'occasion d'une «niche» du groupe communiste, l'Assemblée nationale doit examiner, ce jeudi 17 juin, plusieurs propositions de loi à portée sociale dont une prévoyant la fin de la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l'Allocation adulte handicapé (AAH).

Créée en 1975, l’AAH est destinée à compenser l’incapacité de travailler. Elle est versée sur des critères médicaux et sociaux. Plus de 1,2 million de personnes en bénéficient, dont 270.000 sont en couple, pour une dépense annuelle d’environ 11 milliards d’euros.

Depuis très longtemps, les personnes en situation de handicap réclament que le calcul de leur allocation ne soit plus assujetti aux revenus du conjoint. 

Dimanche dernier, elle étaient d'ailleurs quelque 200 à continuer de porter de vive voix cette revendication, lors d'un rassemblement à Paris.

Pour les personnes handicapées, l'individualisation de l'AAH serait en effet la garantie de percevoir un meilleur revenu.

Ne plus être à la merci du conjoint

Car, disent-elles, «à partir de 2.000 euros de revenus pour le conjoint, on n’a plus droit à l’AAH», décrypte Pascale Ribes, présidente de APF France Handicap.

«Les ressources d’un conjoint ne font pas disparaître le handicap et on est ainsi à la merci de son compagnon. Déjà qu'ils sont mis à rude épreuve et en plus ils doivent nous entretenir, c’est indigne», déplore-t-elle encore.

Le texte pourrait néanmoins avoir beaucoup de mal à passer dans la mesure la majorité LREM, appuyée par son allié MoDem, veut continuer à prendre en compte les revenus du conjoint.

Dans ce contexte, certaines personnes atteintes de handicap accusent ainsi Emmanuel Macron ou Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapés, d’être carrément «handiphobes».

En commission, toutes les avancées pour les allocataires de l'AAH en couple n'ont toutefois pas été balayées. Les députés ont voté le principe d'un abattement forfaitaire de 5.000 euros sur les revenus du conjoint.

Concrètement, plus de 60% des 150.000 couples dont le bénéficiaire de l'AAH est inactif conserveraient ainsi leur AAH à 903 euros, au lieu de 45% des couples aujourd'hui.

Reste qu'à l'approche des élections régionales, et à un an d'une présidentielle qui s'annonce d'ores-et-déjà capitale, ne pas mettre fin à la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l'AAH pourrait s'avérer être très risqué pour le gouvernement.

Après la rue, les personnes en situation de handicap et leurs proches pourraient en effet être tentées de riposter dans les urnes.

Et si l'exécutif s'évertue à mettre en scène son bilan social, avec le «quoi qu'il en coûte» répété en l'envi au plus fort de la crise sanitaire, rien ne dit que son refus vis-à-vis d'une population perçue comme fragile, ne vienne pas tout faire basculer.

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