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Viande rouge et cancer colorectal : une récente étude établit un lien

Une nouvelle étude a pu identifier les caractéristiques spécifiques des dommages causés sur l'ADN par un régime alimentaire riche en viande rouge. [©scoob_switzerland de Pixabay ]

Alors que jusqu'ici tous les experts n'en étaient pas persuadés, une nouvelle étude montre qu'il y a bel et bien un lien entre consommation de viande rouge et cancer colorectal.

Les chercheurs, qui ont publié leurs travaux cette semaine dans la revue scientifique Cancer Discovery, sont parvenus à identifier les caractéristiques spécifiques des dommages causés sur l'ADN par un régime alimentaire très riche en viande rouge. 

Et elle incrimine effectivement cette dernière comme cancérigène. Avant d'arriver à cette conclusion, les scientifiques ont séquencé l'ADN de 900 patients atteints d'un cancer colorectal, sélectionnés parmi un groupe de 280.000 personnes participant à des études sur plusieurs années, incluant des questions sur leur mode de vie.

mutation de l'ADN alkylation

Les analyses ont révélé une mutation spécifique, n'ayant jamais été identifiée auparavant, mais indiquant un type de mutation de l'ADN appelé alkylation.

La force de cette approche est qu'ainsi les participants ne pouvaient pas savoir qu'ils allaient développer ce cancer, contrairement à un interrogatoire sur des habitudes alimentaires mené une fois la maladie déclenchée. 

Toutes les cellules contenant ces mutations ne deviendront pas forcément cancéreuses. De plus, elles étaient aussi présentes dans des échantillons sains. Mais cette mutation était associée de façon significative à la consommation de viande rouge (transformée et non transformée) avant le déclenchement de la maladie.

«Avec la viande rouge, il y a des composés chimiques qui peuvent causer une alkylation», a expliqué Marios Giannakis, oncologue au Dana-Farber Cancer Institute. Il s'agit de composés pouvant être produits à partir de fer, très présent dans la viande rouge, ou de nitrates, que l'on trouve souvent dans la viande transformée.

Cette mutation était par ailleurs très présente dans le colon distal, qui est une partie du colon dont de précédentes études ont suggéré qu'elle était fortement liée au cancer colorectal résultant de la consommation de viande rouge.

D'autre part, parmi les gènes les plus affectés par l'alkylation, se trouvent ceux qui selon de précédents travaux ont montré être les plus susceptibles de déclencher un cancer colorectal lorsqu'ils mutent.

Consommer avec modération

Selon Marios Giannakis, ces différents éléments pris ensemble construisent un dossier solide. Cependant, a-t-il souligné, il ne s'agit pas de totalement arrêter de manger de la viande rouge : «je recommande la modération, et un régime alimentaire équilibré».

Les patients dont les tumeurs présentaient le plus haut niveau d'alkylation avaient 47% de risque en plus d'en mourir. De hauts niveaux d'alkylation n'ont été constatés que dans les tumeurs de patients mangeant en moyenne plus de 150 grammes de viande rouge par jour. 

Pour le chercheur, cette découverte pourrait aider les médecins à identifier quels patients sont davantage pré-disposés génétiquement à l'alkylation, et ainsi leur conseiller de limiter leur consommation de viande rouge.

Et repérer les patients ayant déjà commencé à accumuler ces mutations pourrait aider à identifier ceux ayant le plus de risque de développer un tel cancer, ou de détecter très tôt la maladie. De plus, puisque le niveau d'alkylation semble être un marqueur de la gravité de la maladie, il pourrait être utilisé afin de leur livrer un pronostic sur leur espérance de vie. 

Sans compter que comprendre la façon dont le cancer colorectal se développe ouvre la voie au développement de traitements permettant d'interrompre ou de renverser ce processus, afin d'empêcher que la maladie ne se déclenche.

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