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Pass sanitaire obligatoire : «ça va être ingérable», craignent les professionnels de la restauration

Alors que le pass sanitaire doit devenir obligatoire dans les bars et les restaurants «début août» selon le gouvernement, les professionnels du secteur s'inquiètent des effets négatifs de celui-ci sur la fréquentation des établissements.

Dans quelques jours, qu'ils s'installent en terrasse ou à l'intérieur, les clients des bars et des restaurants devront en effet systématiquement présenter un pass sanitaire valide, c'est-à-dire apporter la preuve qu'ils ont bien été vaccinés des deux doses de vaccin, ou bien apporter un test PCR négatif. «Incompréhensible» selon Frank Delvau, le président de l'UMIH Île-de-France (Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie), qui ne comprend pas pourquoi les centres commerciaux sont exemptés de pass sanitaire, quand les terrasses à l'air libre devront s'y soumettre.

Selon lui, l'application de ce pass sanitaire risque d'être un véritable casse-tête pour les professionnels de la restauration et leur faire perdre des clients. «Ça va être ingérable. Il faudra faire des files d'attente [...] Mais dans les faits, tout le monde sait que les gens s'installent directement sur les tables disponibles en terrasse. Si leur pass n'est pas valide, que fait-on ? On leur demande de partir ?», s'interroge-t-il, craignant d'être «dans une situation de conflit permanente».

Le président de l'UMIH Île-de-France évoque d'autres inquiétudes : celles du temps perdu et des inégalités face à l'accès à Internet. Pour lui, impossible d'imaginer que les gens prévoient de se faire tester juste pour aller au restaurant : «entre faire la queue à la pharmacie ou organiser un dîner à la maison, le choix sera vite fait», assure-t-il. Et de se demander également ce que feront ceux «qui ne sont pas en phase avec l'utilisation du smartphone ? Ils ne prendront pas la peine de télécharger l'application».

Le pass déjà obligatoire dans les cinémas

Une situation que connaissent déjà les lieux de loisirs et de culture capables d'accueillir 50 personnes et plus. Depuis le 21 juillet dernier, le pass sanitaire y est désormais obligatoire. Et le constat est sans équivoque : les entrées des salles de cinéma auraient brutalement baissé de 70 % entre mardi et mercredi, selon la Fédération nationale des éditeurs de films (FNEF), qui dénonce une «catastrophe industrielle».

Des chiffres qui inquiètent d'autant plus les restaurateurs. «Les cinémas ont fait des chiffres de septembre [...] considéré comme le pire mois pour eux», explique Frank Delvau, qui assure que les restaurants de la région francilienne vont subir la même «double peine», alors que «les chiffres du mois d'août ne sont déjà pas bons en temps normal» quand tout le monde est en vacances.

Et de conclure : «nous sommes pour la vaccination, mais à un moment donné, il faut remettre les aides en place». À la fin du mois d'août, Frank Delvau souligne que «plus aucune aide ne sera disponible pour les restaurateurs, alors même que tout le monde n'aura pas fini son schéma vaccinal». Lui espère un assouplissement des règles : «au Danemark, où le pass sanitaire – appelé "coronapass" – a été mis en place depuis le 21 avril, il n'est pas obligatoire en terrasse».

le conseil constitutionnel tranchera le 5 août

En attendant, le gouvernement mise tout sur la vaccination à grande échelle. Le cap des 40 millions de primo-vaccinés a été franchi ce lundi 26 juillet, a annoncé Emmanuel Macron, qui a publié un message sur Twitter, se félicitant que «40 millions de Français» aient «reçu au moins une dose de vaccin, soit près de 60% de la population».

Si le président de la République apparaît déterminé à tenir le rythme de la vaccination malgré l'extension controversée du pass sanitaire, votée au Parlement dimanche et qui devrait s'appliquer «début août», il n'en demeure pas moins que la loi n'a pas encore été validée par le Conseil constitutionnel. L'institution a en effet indiqué ce lundi qu'elle «rendrait sa décision le jeudi 5 août». Le gouvernement publiera dans les jours suivants un ou des décrets d'application.

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