En direct
A suivre

Agriculteurs : quel rôle dans la campagne présidentielle ?

Les représentants des agriculteurs comptent faire passeur leurs messages aux candidats à la présidentielle.[Fred SCHEIBER / AFP]

Les agriculteurs comptent bien se faire entendre. A sept mois de la présidentielle, et alors que la FNSEA clôt son congrès ce jeudi, ils souhaitent profiter du grand débat politique qui s’ouvre pour défendre leur profession et la ruralité.

Comme un clin d’œil, deux anciens ministres de l’Agriculture se sont déclarés candidats à la présidentielle 2022. Michel Barnier côté Les Républicains, en attente d’une primaire, et Stéphane Le Foll côté socialiste, qui conteste le fait qu’Anne Hidalgo ait été d’office déclarée comme la représentante du parti.

La profession pourrait donc compter sur eux pour exister, mais n’en a pas besoin. Avec environ 400.000 agriculteurs-exploitants sur le territoire et 71% de très bonne opinion parmi la population française (sondage Crédit Agricole et Agridemain), son poids est conséquent.

Les candidats se positionnent

Parfois malmenés par le camp écologiste, dont certains candidats et militants voient en eux des pollueurs et les éléments les plus radicaux souhaitent même faire disparaitre certaines activités, comme la production de viande, les agriculteurs restent néanmoins une catégorie à séduire pour la plupart des candidats à la présidentielle. Parmi ceux déjà déclarés, Xavier Bertrand s’est élevé contre «l’agribashing», en affirmant à Midi Libre soutenir «chacun d’entre eux» et en se disant «prêt à mettre un peu plus pour acheter du lait qui vient de ma région plutôt que celui qui vient de Pologne».

Jean-Luc Mélenchon s’est lui prononcé dans les colonnes de Libération pour l’interdiction des «fermes-usines», pour favoriser les «cultures vivrières» ou le gel des dettes des exploitants passant au 100% bio. Pour Marine Le Pen, qui se pose en défenseur de la ruralité et des villages français, l’accent est mis sur le «localisme», qui met en avant la «préférence locale» lorsqu’il s’agit de consommer.

Avec, en toile de fond, d’autres sujets qu’il faudra irrémédiablement aborder, comme les pesticides, la PAC (Politique agricole commune) ou la transmission du métier (près de la moitié des agriculteurs atteindront la retraite dans les dix ans à venir).

«Assurer un revenu décent» aux agriculteurs

«La campagne présidentielle nous permet d’avoir une écoute un peu plus importante, il faut en profiter», reconnaît Samuel Vandaele, président des Jeunes Agriculteurs. «C’est une période où l’on n’est pas forcément plus défendu, mais mieux écouté. Nous sommes consultés pour les programmes qui se fabriquent, les idées se confrontent, c’est intéressant».

Selon lui, la campagne pour 2022 est l’occasion d’insister sur «l’attractivité du métier pour attirer les jeunes et renouveler les générations». La demande centrale faite aux candidats est «d’assurer un revenu décent» aux agriculteurs, pour encourager ceux qui veulent se lancer. Avec cela vient logiquement la défense d’une «ruralité vivante, avec le retour des commerces, des écoles, des médecins dans les villages», indique-t-il. Ses partenaires de la FNSEA doivent d’ailleurs profiter ce jeudi de leur congrès pour diffuser un «manifeste pour des ruralités vivantes», qui comprend un soutien à l’entreprenariat et à l’emploi local.

«Tout cela dépend des décisions politiques des collectivités », résume Samuel Vandeale. «L’élection présidentielle est donc très importante».

Une loi sur les rémunérations en passe d'être votée

Le gouvernement n’a d’ailleurs pas attendu pour répondre à certaines exigences des agriculteurs, puisqu’un texte devant protéger leurs rémunérations a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale en juin dernier, et est examiné actuellement en première lecture au Sénat. Le but est notamment de leur redonner une marge de manœuvre dans la négociation des prix qui sont payés contre leurs matières premières. Le texte prévoit une généralisation des contrats écrits entre l’agriculteur et l'entreprise qui va transformer les produits, sur trois ans minimum, en tenant compte des coûts de production. Et de rendre «non négociable», entre l'industriel et le distributeur (les magasins), la part du prix correspondant au coût des matières premières agricoles.

Présent au congrès de la FNSEA, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, devrait pour sa part prendre la parole et présenter une refonte du système d’indemnisation des aléas climatiques, annoncé par Emmanuel Macron. Le budget public alloué aux pertes des récoltes et aux subventions des assurances des agriculteurs doit d’ailleurs doubler, pour monter à 600 millions d’euros. Preuve que l’opération séduction en direction du secteur a déjà bien commencer.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités