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Tout savoir sur le Trodelvy, ce traitement prescrit dès aujourd'hui contre le cancer du sein triple négatif

Les patientes atteintes d'un cancer du sein triple négatif sont soumises à un risque de récidive de l'ordre de 30% dans les trois ans qui suivent le diagnostic.[ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP]

Octobre rose s'achève au moment où un nouvel espoir naît pour les femmes atteintes d'un cancer du sein triple négatif. Ce lundi 1er novembre, le Trodelvy, un nouveau traitement prometteur contre cette forme agressive de la maladie, est officiellement disponible en France.

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s'était félicité de cette «bonne nouvelle», précisant que «la France a été le premier pays européen à pouvoir en faire bénéficier quelques patientes en attendant que la production soit plus importante». Jusqu'ici, seules des autorisations temporaires d'utilisation (ATU) nominatives avaient été accordées dans l'Hexagone et quelques dizaines de femmes seulement avaient pu bénéficier du Trodelvy. A présent, l'accès à ce traitement est élargi.

Qu'est ce que le cancer du sein triple négatif ?

Le cancer triple négatif se caractérise par l'absence de marqueurs à la surface des cellules cancéreuses. Ceux-là même qui sont susceptibles de répondre à une thérapie ciblée existante. Il n'y a pas de récepteurs aux oestrogènes (RE-) ou à la progestérone (RP-), ni de surexpression des récepteurs à la protéine HER2. Cette pathologie est donc classifiée RE-, RP- et HER2-, d'où le terme «triple négatif». Selon la Haute autorité de santé (HAS), les traitements proposés jusqu'ici pour venir à bout de cette forme aggressive de la maladie étaient non seulement «rares» mais «souvent peu efficaces».

Cette pathologie touche environ 15% des patientes, soit 9.000 nouveaux cas par an. Les personnes atteintes sont souvent plus jeunes que la moyenne puisque 40% d'entre elles ont moins de 40 ans. Elles sont soumises à un risque de récidive élevé, de l'ordre de 30% dans les trois ans qui suivent le diagnostic.

Lorsqu'il devient métastatique, le cancer du sein triple négatif ne se guérit pas. Il affiche un taux de survie à cinq ans de 11,3% et une survie médiane globale de 14 mois et demi, selon la HAS. Pour les malades à l'état métastatique, le pronostic ne s'est pas amélioré depuis 20 ans, faute de thérapies efficaces. Le Trodelvy doit justement être proposé en cas de récidive.

Que peut-on attendre du Trodelvy ?

Fabriqué par le laboratoire américain Gilead, cette nouvelle thérapie consiste en un traitement par anticorps, conjugué à une chimiothérapie. La promesse du Trodelvy est notamment d'allonger la survie à court terme des malades. L'étude clinique internationale de phase 3 Ascent, menée sur 468 patientes et coordonnée par l'Institut Curie, montre une médiane de survie sans progression de 5,6 mois pour les malades traitées avec le Trodelvy, contre 1,7 mois pour les autres. Un bénéfice a également été observé en matière de survie globale, à 12,1 mois contre 6,7 mois.

Interrogée par franceinfo, Delphine Loirat, oncologue médicale à l'Institut Curie et investigatrice principale de l'étude Ascent, explique que c'est «un vrai progrès». «On n'avait jamais eu d'aussi bons résultats dans cette situation pour le cancer du sein triple négatif métastasique», précise-t-elle. Claude Coutier, du collectif #Mobilisationtriplettes, souligne quant à elle le temps précieux gagné grâce au Trodelvy : «Doubler l'espérance de vie, c'est donner l'espoir [...] de voir arriver un nouveau traitement».

Qui a eu ou aura accès à ce traitement ?

Cette nouvelle thérapie s'adresse aux femmes atteintes d'un cancer dit triple négatif, métastasées et considérées «en échec thérapeutique» après avoir reçu deux autres traitements. Grâce aux autorisations temporaires d'utilisation obtenues par la France, quelques patientes dont le cas était jugé urgent ont pu bénéficier du Trodelvy de manière anticipée. Mais le laboratoire Gilead avait rencontré des problèmes d'approvisionnement, indiquant ne pas avoir la capacité de production suffisante pour fournir les malades européennes.

Seuls quelques flacons ont ainsi été envoyés en France à l'époque. D'après Claude Coutier, «78 patientes ont pu y avoir accès» dès le mois de juin. Son collectif de lutte contre le cancer du sein triple négatif, #Mobilisationtriplettes, a dénombré 600 malades ayant besoin en urgence du Trodelvy en France. Au début du mois de septembre, la HAS a annoncé une autorisation d'accès précoce d'une durée d'un an, qui doit permettre «de répondre aux besoins de l'ensemble des patientes concernées».

Ainsi, le traitement peut être administré sans attendre l'aboutissement de la procédure d'obtention d'une autorisation de mise sur le marché. Le Trodelvy fait actuellement l'objet d'une «évaluation accélérée» à l'Agence européenne des médicaments mais, à partir d'aujourd'hui, les oncologues sont déjà en mesure de prescrire cette thérapie. Et l'espoir qui va avec.

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