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L'édito de Paul Sugy : la droite à la peine sur le front sanitaire

Dans son édito de ce lundi 3 janvier, Paul Sugy, journaliste au Figaro, se penche sur le pass vaccinal examiné à l’Assemblée nationale dès aujourd’hui.

Ce projet de loi devrait être voté avec les voix de la droite. Et sur les sujets sanitaires, les Républicains sont sur une ligne de crête, c’est le moins que l’on puisse dire. Bien sûr Les Républicains sont favorables à la vaccination, et tout ce qui peut l’encourager ou l’accélérer leur semble être une bonne chose : en cela le groupe parlementaire LR à l’Assemblée est cohérent avec lui-même. Mais même s’il se réserve un droit d’inventaire, dont il a d’ores et déjà usé grâce au dépôt de nombreux amendements au texte, comment expliquer que la droite parlementaire ait été si véhémente dans ses protestations contre le prolongement du pass sanitaire en octobre, pour accepter désormais sans broncher l’instauration du pass vaccinal ?

Éric Ciotti, invité du Grand Jury hier sur RTL, a déclaré que la droite « aurait fait mieux » que Macron si elle avait été au pouvoir pendant l’épidémie. Qui l’imagine dire le contraire ? C’est le jeu d’une campagne et il va falloir le supporter plusieurs mois encore : sur absolument tous les sujets, chaque parti présentant un candidat contre le chef de l’État n’aura de cesse de rappeler qu’il aurait fait beaucoup mieux.

Alors bien sûr la droite pourra égrener la longue liste des ratés de la crise : pas de masques, pas de tests, un début de campagne vaccinale chaotique et de nombreuses prises de parole intempestives de la majorité ou du gouvernement qui ont été démenties peu après par les faits ou par les actes.

Mais la droite ferait peut-être bien de se montrer un peu plus humble lorsqu’elle donne de grandes leçons sur l’hôpital, par exemple : certes il y avait sous Nicolas Sarkozy un plan pandémie digne de ce nom, et dont l’application à la lettre par Roselyne Bachelot en 2009 lors de l’épisode de grippe H1N1 a certainement permis d’éviter une catastrophe sanitaire à l’époque.

Mais il ne faudrait pas oublier non plus que c’est la droite qui, la première, a initié une politique drastique de rationalisation des coûts à l’hôpital public, dont l’emblématique tarification à l’activité est à ce jour l’une des mesures les plus contestées, et qui dès cette époque a commencé également à encourager la médecine ambulatoire qui a conduit aujourd’hui à voir le nombre de lits d’hospitalisation se contracter…

La droite cherche encore une vision d’ensemble et une ligne idéologique claire sur le front sanitaire. Eric Ciotti et Philippe Juvin n’avaient qu’un seul maître mot hier : le FFP2 ! Certes la question qu’ils soulèvent est légitime (est-on dans une pénurie telle qu’on ne prenne pas la précaution d’en distribuer à tous les agents de l’État ?), mais quand bien même tous les Français auraient un bec de canard en lieu et place des masques chirurgicaux, il y a fort à parier qu’Omicron et Delta continueraient à se propager à peu près au même train. Est-ce tout ce que la droite a à dire ?

Son problème, c’est qu’elle n’a plus et depuis longtemps de boussole idéologique fiable, de corps doctrinal cohérent et unifié. En l’absence d’une telle discipline intellectuelle, elle se cantonne à un pragmatisme qui ressemble à s’y méprendre à celui dont use le gouvernement, à ceci près qu’il faut à la droite chatouiller ce dernier sur des nuances de détail permettant de donner le sentiment qu’elle reste bien dans son rôle d’opposition.

Il reste bien, cependant, quelques voix qui prêchent dans le désert à droite : ainsi de François-Xavier Bellamy qui rappelle avec force combien le pass vaccinal heurte les promesses de liberté du nouveau monde ; ou de David Lisnard qui est parti en croisade contre l’absurdité bureaucratique de mesures sanitaires décidées à la hâte sans que la tracasserie qu’elles peuvent causer aux administrés ne soit soupesée au regard de leur efficacité réelle ou soupesée. Si Valérie Pécresse se cherche une doctrine sanitaire lisible et clairement en opposition au chef de l’État, elle dispose là de deux excellents conseillers.

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