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Notre-Dame de Paris : les fouilles n'ont pas encore livré tous leurs secrets

Plusieurs centaines de fragments peints et sculptés datés du XIIIe siècle ont également été découverts sur le chantier. Plusieurs centaines de fragments peints et sculptés datés du XIIIe siècle ont également été découverts sur le chantier. [© Denis Glicksman/ Inrap]

Les fouilles organisées dans le cadre de la reconstruction de Notre-Dame de Paris sont officiellement terminées, mais pourraient livrer d'autres secrets une fois la reconstruction de la flèche terminée. Obligatoires dans ce type de chantier, elles avaient permis de découvrir plusieurs trésors archéologiques et patrimoniaux.

Parmi eux, un sarcophage en plomb, qui doit désormais partir à Toulouse, où il sera étudié, avant d'être à nouveau inhumé dans la cathédrale. Le sarcophage découvert mi-mars dans la cathédrale Notre-Dame de Paris doit en effet bientôt prendre la direction de l'Institut médico-légal de Toulouse, où il devrait livrer ses secrets «dans le respect» de la législation sur les restes humains.

Un aspect particulièrement important aux yeux du recteur de la cathédrale, Mgr Patrick Chauvet, qui avait personnellement réclamé – lors du départ du sarcophage le 12 avril dernier – qu'il soit à nouveau inhumé à Notre-Dame de Paris, une fois étudié. «J'ai accepté pour l'histoire de la cathédrale. En revanche, j’ai demandé qu’il soit vraiment traité avec respect et que le corps revienne», avait-il alors expliqué.

Ce sarcophage anthropomorphe – c'est-à-dire moulé directement sur le corps du défunt –, datant probablement du XIVe siècle, a été mis au jour en mars lors de fouilles archéologiques préalables aux travaux de reconstruction de la flèche de la cathédrale, partiellement détruite par l'incendie survenu le 15 avril 2019.

«Des découvertes exceptionnelles»

Des fouilles qui ont permis de faire des «découvertes exceptionnelles», comme le souligne Dorothée Chaoui-Derieux, conservatrice en cheffe du patrimoine au service régional de l’archéologie, rattaché à la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) Ile-de-France, dans Le Parisien, qui rappelle qu'une petite équipe d'archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) a travaillé là pendant près de 2 mois et demi.

Au premier rang desquelles l'on trouve le fameux sarcophage en plomb découvert mi-mars, mais aussi plusieurs centaines de fragments issus du jubé, cette cloison en pierre séparant le chœur réservé au clergé de la nef où se réunissaient les fidèles. Construit vers 1230, ce jubé avait été détruit au début du XVIIIe siècle lors de la rénovation de la cathédrale par le célèbre architecte de l'époque, Eugène Viollet-le-Duc.

Selon la conservatrice, certains de ces éléments peints et sculptés – pourtant datés du XIIIe siècle – sont «d'une finesse d'exécution incroyable» et toujours «resplendissants de couleurs».

Des fouilles à reprendre après la reconstruction ?

Et si pour le moment, les fouilles sur site sont bien terminées, Dorothée Chaoui-Derieux explique qu'une caméra aurait «révélé la présence d’un autre sarcophage en plomb» et ce, dans un «caveau en plâtre en très bon état et situé plus près du chœur que le premier».

Malgré une interruption dans les fouilles pour permettre la pose d'un grand échafaudage nécessaire à la reconstruction de la flèche (et tenir les délais pour une réouverture en 2024), la conservatrice assure que l’établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame devrait apporter «la garantie que ce sarcophage sera bien préservé sous l’échafaudage».

Des fouilles pourraient alors reprendre une fois le chantier terminé. C'est en tout cas le souhait de cette spécialiste, pour qui «cela aurait du sens» d'un point de vie scientifique, d’autant qu’il y a selon elle «encore des éléments du jubé sous le chœur».

En attendant cette éventuelle reprise, «la fouille qui vient de s’achever laisse place à une longue période d’analyse et d’étude du mobilier, des vestiges organiques, de l’ADN, des matériaux, de la stylistique, de la polychromie, du répertoire iconographique», se réjouit l'Inrap.

Des «données scientifiques jusqu'à présent inconnues», se félicite finalement Philippe Villeneuve, l'architecte en chef des monuments historiques, pour qui le «côté positif de ce chantier» est d'offrir aux chercheurs et autres historiens «ces champs d’investigations» qui n'auraient jamais vu le jour «s'il n'y avait pas eu cette catastrophe». Et d'assurer : «à chaque chose, malheur est bon».

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