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Crack à Paris : après le démantèlement du square Forceval, que vont devenir les 159 toxicomanes évacués ?

De nombreux élus ont regretté le choix d'«évacuer» à nouveau un campement de consommateurs de crack sans proposer de solutions pérennes. [© BERTRAND GUAY / AFP]

Ratissé en quelques heures, le square de la porte de la Villette (19e) – également appelé square Forceval – est désormais vide de toutes tentes, alors que le campement de consommateurs de crack qui s'y trouvait a été démantelé mercredi 5 octobre. Pas moins de 159 toxicomanes ont été pris en charge, que vont-ils devenir ?

Installés depuis le 24 septembre 2021 dans le square de la porte de la Villette (19e), l'ensemble des toxicomanes en grande déshérence ont été évacués mercredi. Prévenus en début de semaine du projet de démantèlement de ce campement dans lequel ils vivaient depuis plus d'un an, beaucoup de la centaine de consommateurs de crack avaient quitté les lieux avant l'arrivée de la police.

3 cas de figure prévus par le ministère

Pas moins de 159 personnes ont ainsi été appréhendées ce mercredi. Parmi eux, 39 délinquants recherchés (trafiquants...) ont été «interpellés» et «seront présentés à la justice», 52 étrangers en situation irrégulière ont été «placés dans des centres de rétention administrative (CRA) en vue de leur expulsion», alors que 68 autres ont été «orientés vers des centres d'hébergement», dont 5 «hospitalisés», selon le bilan annoncé par le ministre d'lntérieur Gérald Darmanin.

Sur ce dernier point, aucune information précise n'a été donnée sur les lieux qui pourraient accueillir les toxicomanes. Seule certitude, des places d'hébergement ont été mises à la disposition par la préfecture de Paris et d'Ile-de-France «avec un suivi médico-social ou médical». En outre, l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) a été sollicitée pour mettre à disposition des lits d'hospitalisation si nécessaire.

En attendant d'éventuelles précisions, de nombreux élus ont regretté le choix opéré par le ministère de l'Intérieur d'«évacuer» à nouveau un campement de consommateurs de crack – déplacés à plusieurs reprises ces dernières années au gré de la colère des riverains – sans proposer de solutions pérennes. «Pourquoi Laurent Nuñez recommence le même processus : évacuer sans solution construite de prise en charge préalable ?», s'interroge par exemple Anne Souyris.

Pour cette élue parisienne, adjointe à la mairie de Paris chargée de la santé publique et de la réduction des risques, le risque est qu'un nouveau campement se reforme ailleurs. «Comment penser que ces usagers de drogues en déshérence sociale ne vont pas se retrouver entre Stalingrad et halls d’immeuble ?», s'inquiète-t-elle, alors que la préfecture de police a annoncé le déploiement d'un millier de policiers pendant 24h chargés d'éviter ce scénario.

Quid de la prise en charge sanitaire ?

D'autres s'interrogent sur le plus long terme, à l'instar de François Dagnaud, le maire socialiste du 19e, qui espère que la prise en charge «médico-sociale va très vite être embrayée après l'opération de police conduite ce matin». Lui plaide pour que les toxicomanes intègrent «des parcours de soins», estimant que «le sujet de santé publique que pose le crack exige aussi des réponses médico-sociales encore trop timides».

Même chose du côté de Karine Franclet, la maire UDI d'Aubervilliers (93), qui évoque «une première victoire pour les riverains», mais déplore que les élus locaux n'aient pas été associés à l'opération. «Cette fois encore, des questions subsistent», écrit-elle sur Twitter, avec une question : «derrière la réponse sécuritaire, quelle est la réponse sanitaire pour les toxicomanes ?».

En outre, la réunion prévue de longue date et organisée le lundi 10 octobre prochain entre les élus locaux et le nouveau préfet de police de Paris Laurent Nuñez est maintenue. Elle permettra notamment de parler de la prise en charge de ceux qui restent, et des solutions proposées à plus long terme pour sortir ces toxicomanes de la rue et éviter qu'un tel campement renaisse ailleurs à Paris ou en petite couronne.

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