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L'édito d'Agnès Verdier-Molinié : «Retraites : il ne faut pas reculer sur les 65 ans !»

Dans son édito de ce vendredi 6 janvier, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, revient sur la réforme des retraites.

Cela sent la reculade à plein nez sur les 65 ans. C’est d’autant plus ridicule que les Allemands vont vers 67 ans, les Belges et les Hollandais aussi et les Italiens vers 70 ans. Que va encore imaginer le gouvernement ?

Il semblerait qu’on se dirige vers un report de l’âge à 64 ans et une accélération de la réforme Touraine (trois mois de plus à cotiser tous les ans au lieu de trois mois tous les trois ans). Ceux qui partiront à la retraite en 2031 le feraient à 64 ans et avec 172 trimestres de durée de cotisation. Problème : cette réforme-là ne réaliserait que 14 à 16 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2030 alors que les déficits sont prévus autour de 20 milliards et que c’est sans compter 30 milliards de déficits cachés des pensions publiques. Seul le report de l’âge à 65 ans permet 17 à 20 milliards d’économies en 2030.

le gouvernement veut aussi faire passer des mesures qui vont coûter plus cher ? 

La retraite minimum garantie autour de 1.130 euros par mois (85% du SMIC) ou l'extension du dispositif pénibilité pourraient coûter beaucoup plus cher, 2 milliards ou plus par an. D’ailleurs, les économies max chiffrées ne sont peut-être pas non plus au rendez-vous car le gouvernement est tout à fait capable, au nom du «en même temps» de sortir une combinaison 64 ans ou 172 trimestres, ce qui générerait une économie bien moindre.

Soyons sérieux ! Si l’on ne fait pas une vraie réforme des retraites pendant ce quinquennat, on ne fera aucune réforme structurelle.

Quelqu’un peut-il dire aux Français que si l’on ne repousse pas l’âge, on baissera les pensions ? Et dire aussi que la baisse concernera les retraités actuels et les futurs retraités ? Alors, bien sûr, les pensions ne baisseraient pas en nominal mais bel et bien en proportion du dernier salaire. Ce que l’on appelle le «taux de remplacement» des pensions serait moins élevé dans les prochaines années et donc le pouvoir d’achat des retraités et futurs retraités de plus en plus faible. Par les temps d’inflation que nous traversons, on comprend vite ce que cela veut dire.

Nous n’avons pas les moyens d’attendre. Car la réforme des retraites est la réforme la plus scrutée par les investisseurs qui financent notre dette fin 2022, les taux sur la dette à 10 ans ont recommencé à monter et ont même dépassé les 3% pour la première fois depuis 2012. Il faut comprendre qu’au-dessus de 3% de taux d’intérêt sur la dette à 10 ans, la réforme des retraites devient critique pour éviter la dégradation de la note de la France. A 4% de taux d’intérêt sur la dette à 10 ans, c’est la réduction en urgence du déficit et les hausses d’impôts qui seront notre la seule option. Est-ce que c’est ce que nous voulons ? Clairement non.

Au petit jeu du chat et de la souris sur la réforme des retraites, nous risquons de perdre (encore) collectivement des milliards.

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