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Île-de-France : quelles solutions pour financer les transports en commun de demain ?

Les nouveaux besoins de financement pour les transports en commun ont déjà été évalués à 800 millions d'euros pour l'an prochain. Les nouveaux besoins de financement pour les transports en commun ont déjà été évalués à 800 millions d'euros pour l'an prochain. [© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Réunis ce lundi 23 janvier au Conseil régional d'Ile-de-France pour les Assises du financement des transports franciliens, de nombreux élus, administrateurs, spécialistes des mobilités et membres d'associations d'usagers ont débattu de l'avenir du transport public dans la région.

Si la première crise concernant le financement des transports en commun franciliens s'est conclue fin 2022 par l'augmentation significative du prix du passe Navigo – passé de 75,20 à 84,10 euros par mois le 1er janvier dernier – la présidente de la région et d'Ile-de-France Mobilités (IDFM) Valérie Pécresse s'inquiète pour la suite et appelle à trouver des moyens supplémentaires pour financer les transports en commun. D'où la tenue, ce lundi 23 janvier, des Assises du financement des transports franciliens.

«Des centaines de millions de plus à trouver»

«Cette crise conjoncturelle n'est rien à côté du "mur" de financement supplémentaire que nous allons devoir trouver pour financer entre 2024 et 2030 le doublement du réseau ferré francilien», s'est ainsi exprimée l'élue francilienne, qui prévoit qu'en 2024, les Franciliens devront faire «face à une déferlante, liée à l'ouverture à venir des lignes du Grand Paris Express».

«Chaque ligne de métro ou de RER qui ouvre ou se prolonge, ce sont des centaines de millions d'euros de plus à trouver», a-t-elle ajouté, appelant «à construire un pacte de financement durable pour les transports», avant de donner la parole à ses invités. Et si tout le monde s'est accordé sur le fait qu'il fallait de nouvelles ressources, la question reste ouverte au sujet de savoir lesquelles et qui les financera ?

Parmi les propositions, celle d'augmenter annuellement le prix du passe Navigo a évidemment été évoquée, mais n'est pas privilégiée dans la mesure où il subit déjà la hausse de 12 % cette année. D'autres concernent l'augmentation de taxes déjà existantes, à l'instar du Versement Mobilités (VM) payé par les entreprises, de la taxe de séjour payée par les touristes lors de leur passage dans un hôtel francilien ou encore de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) payée par les automobilistes à la pompe.

D'autres propositions ont également été formulées concernant la fiscalité sur le foncier, comme l'augmentation sur la plus-value immobilière, notamment sur les biens vendus aux alentours des futures gares du Grand Paris Express, ou encore l'augmentation de la taxe foncière, avec par exemple une hausse plus forte pour les propriétaires qui seraient bien desservis en transports en commun.

Même chose concernant la fiscalité incitative en faveur de la transition écologique, comme la baisse de la TVA de 10 % à 5,5 %, qui permettrait d'économiser environ 40 euros par an par abonné Navigo, mais aussi d'autres taxes concernant les autres moyens de transports de la route ou de l'aérien. A ce sujet, les élus écologistes proposent même de taxer les usagers de jets privés, notamment via une taxe spécifique sur les carburants.

Enfin, d'autres propositions – basées sur ce qu'il se passe ailleurs en Europe notamment – ont été avancées, avec la création de péages urbains, d'une éco-taxe poids lourds, d'une vignette à accoler sur les voitures à l'instar de ce qui existe en Suisse, d'une taxation sur les colis, avec une taxe dite «Amazon», ou encore au sujet de la lutte contre la fraude, alors que le manque à gagner dû aux fraudeurs est aujourd'hui évalué à 700 millions d'euros par an.

Toutes ces propositions – excepté celle d'augmenter le prix du passe Navigo – ont en commun de dépendre d'une modification législative, d'être soumises à la validation du Sénat et de l'Assemblée nationale et donc d'être, pour simplifier, fortement liées au soutien de l'Etat et du gouvernement sur ces questions-là. A ce sujet, des décisions sont «attendues au printemps», a assuré le préfet de région Marc Guillaume.

Des besoins financiers en explosion

Et la question est d'autant plus urgente à régler que, selon les chiffres avancés par le directeur général d'IDFM Laurent Probst, les nouveaux besoins de financement ont déjà été évalués à 800 millions d'euros pour l'an prochain, dont 200 millions d'euros rien que pour l'offre supplémentaire des transports pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Des besoins qui vont exploser dans les prochaines années, en parallèle de l'ouverture de nouvelles infrastructures. Parmi elles, le bras droit de Valérie Pécresse a énuméré le prolongement des lignes 11 et 14 du métro, de la ligne E du RER, des trams T1, T3a, T7, T8, ouverture du T12 et surtout du métro du Grand Paris.

En outre, Valérie Pécresse insiste sur le fait qu'IDFM va devoir commencer à rembourser à l'Etat 2 milliards d'euros d'avance remboursable de la «dette Covid». Les coûts de fonctionnement du seul projet de Grand Paris Express devraient atteindre le milliard d'euros par an à partir de 2031, année prévue de son achèvement. A cette date, IDFM aura besoin de 2,6 milliards d'euros supplémentaires par rapport à aujourd'hui.

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