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Emploi : plus d'1 Français sur 3 prêt à gagner moins à condition de travailler 4 jours par semaine, selon une étude

L'étude de Manpower montre que ces salariés seraient prêts à sacrifier jusqu’à 5 % de leur salaire pour parvenir à la semaine de quatre jours. [REUTERS / Christian Hartmann ]

Selon une étude du groupe Manpower, plus d’un salarié français sur trois serait prêt à voir diminuer son salaire d'environ 5 % en échange d’une semaine de travail de quatre jours. Des chiffres qui mettent en évidence la volonté des Français d’avoir plus de temps libre et de consacrer moins de temps au travail.

Travailler moins pour vivre et travailler mieux. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par le groupe Manpower qui confirme la volonté de plus d’un Français sur trois de sacrifier jusqu'à 5 % de son salaire pour obtenir une semaine de travail de quatre jours. Si déjà plus de 400 entreprises l’ont adopté en France, les expérimentations autour de ce nouveau rythme de travail se multiplient depuis la crise sanitaire.

La pandémie a modifié la perception du travail de nombreux salariés français. Si le télétravail a gagné une place de choix dans le cœur de ces derniers, la semaine de quatre jours est également en train de prendre une toute nouvelle dimension, notamment en raison de la volonté des salariés d’avoir plus de temps libre pour leur famille ou pour des loisirs, et de consacrer moins de temps à leur travail.

Partage du temps de travail

Le principe est simple : il s’agit d’offrir aux salariés d’une entreprise la possibilité de travailler quatre jours par semaine, au lieu de cinq, tout en conservant le même salaire. Autrement dit, il s’agit de mieux partager le temps de travail pour répondre aux besoins des salariés (temps libre, obligations familiales, loisirs…) et pour permettre aux entreprises de gagner en productivité.

En effet, plusieurs études ont montré que des salariés heureux travaillent mieux, et que des salariés qui ne travaillent que quatre jours par semaine sont plus productifs, car plus investis dans leurs missions quotidiennes, et plus libres d’organiser leur emploi du temps comme ils le souhaitent. 

Du côté des entreprises, si la semaine de quatre jours est mise en place et qu'une société crée 10 % d’emplois en CDI, elle est exonérée des cotisations chômage. La compétitivité de l’entreprise est ainsi sauvegardée (voire s’améliore) et les salaires ne baissent pas. Grâce à cette exonération des cotisations chômage, la semaine de quatre jours n’augmente pas les prix pour les consommateurs et les marges des entreprises sont préservées.

Equilibre entre vie professionnelle et vie privée

Si le principe initial est de conserver le même salaire tout en travaillant un jour de moins, l’étude de Manpower montre que plus d’un tiers des salariés serait même prêt à sacrifier jusqu’à 5 % de leur salaire pour y parvenir.

De fait, si on prend l’exemple d’un salarié qui touche 2.300 euros par mois, une baisse de 5 % de salaire correspondrait à lui retirer 115 euros par mois. Une somme importante, surtout en période d’inflation, mais qui pourrait lui permettre d’obtenir un week-end de trois jours, ou un jour de repos en milieu de semaine pour s’occuper de ses enfants, ou pour s’adonner à des activités de loisirs.

D’après le président du groupe Manpower, de plus en plus de Français cherchent un meilleur équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle : «Les candidats ont le choix, et puis après chacun arbitre. On avait sans doute tendance à penser que la rémunération était l’élément important. Il faut plutôt voir cela comme un équilibre qui se rétablit. Les gens sont prêts à faire un effort financier», explique-t-il.

Gain de productivité et bonheur des salariés

En France, une poignée d'entreprises ont franchi le pas au cours des dernières années, notamment grâce à la loi Robien, qui permettait, avant son abrogation, d’obtenir une exonération de charges sociales en cas d’embauche d’au moins 10 % de salariés supplémentaires. Plus de 400 entreprises françaises auraient ainsi choisi de mieux partager leur temps de travail, afin d’embaucher et de gagner en productivité.

C’est notamment le cas d’Yprema, entreprise spécialiste du recyclage des matériaux de construction, qui a adopté ce mode d'organisation en 1997. 26 ans plus tard, Yprema vit toujours au rythme de la semaine de quatre jours. Un modèle qui lui permet de gagner «un mois par an de productivité en plus», estime le groupe sur son site internet.

Depuis la crise sanitaire et la pandémie de Covid-19, d’autres entreprises ont également adopté ce modèle. Inspiré par l’exemple de Microsoft au Japon, l’entreprise lyonnaise LDLC, spécialisée dans la vente d’équipements numériques et informatiques, a quant à elle choisi de passer à 32 heures par semaine, payées 35, pour ses salariés.

Depuis, les dirigeants du groupe enchaînent les interventions médiatiques pour témoigner des bienfaits de la semaine de quatre jours. Un an après son instauration, Laurent de la Clergerie, président de LDLC, les listait lui-même dans un texte publié sur Linkedin : «Bilan : 6 % de croissance, 20 % de gain de résultat et un solde entre embauche et départ négatif».

Comme ces entreprises, nombreuses sont les sociétés à avoir constaté les bienfaits d’une réduction du temps de travail, et à souhaiter pérenniser ce système. Confiance aux salariés, gains de productivité, attractivité, facilité d’embauche, réduction des inégalités femmes-hommes, et bonheur des salariés : ce phénomène longtemps décrié par certains économistes devrait séduire de plus en plus les Français qui souhaitent trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

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