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La chasse à courre dans le viseur d’un texte de loi

La France est un des rares pays où la chasse à courre est encore pratiquée. [ALAIN JOCARD / AFP]

Le député écologiste Nicolas Thierry a déposé une proposition de loi visant à faire abolir la chasse à courre, une pratique déjà interdite dans de nombreux pays.

Un combat important pour les défenseurs des animaux. Le 14 février dernier, Nicolas Thierry, député écologiste de Gironde, a émis une proposition de loi visant à faire «abolir» la chasse à courre. Cette méthode, qui consiste en la poursuite d’un animal sauvage par une meute de chiens, a été vivement critiquée par l’élu. Dans son exposé, il a dénoncé une «pratique inutilement cruelle, héritée d’une tradition féodale». Et il peut compter sur certains soutiens au sein de la société.

S’il ne pourra pas défendre et voter cette loi à l’Assemblée nationale, faute de sièges dans l’Hémicycle, le Parti animaliste approuve ainsi cette proposition. «Nous sommes profondément contre la chasse à courre, elle est particulièrement cruelle. Les animaux sont pourchassés, épuisés, déchiquetés par les chiens, c’est une pratique atroce», confie à CNEWS Eddine Ariztegui, adjoint au maire de Montpellier et membre du Parti animaliste.

L’organisation politique avait déjà ciblé la chasse à courre. Pour rappel, en octobre 2022, elle avait déposé une pétition sur la plate-forme du Sénat afin de demander l’interdiction de cette pratique. Une initiative qui n’avait pas atteint le seuil des 100.000 signatures nécessaires pour être étudiée.

Cette proposition de loi est en revanche décriée par les pratiquants de la chasse à courre. Pour Antoine Gallon, directeur de la communication de la société de vènerie, le texte présente des «contre-vérités» qui sont loin de «correspondre à une quelconque réalité». Ce dernier a également dénoncé une volonté de militants, «enfermés dans une idéologie» qui vise, «au-delà de la chasse à courre» veut «faire interdire la chasse tout court».

La société de vènerie a de plus contesté l’argument de la cruauté de cette pratique, stipulant que le terme méritait une «définition objective», ajoutant que «l’animal chassé sortait vainqueur de la confrontation avec la meute trois fois sur quatre».  

La France fait de la résistance

Dans la pratique de la chasse à courre, la France peut être considérée comme eldorado pour les pratiquants. En effet, la plupart des pays européens ont déjà aboli cette chasse. A titre d’exemple, elle l’est depuis 1950 en Allemagne, 1995 en Belgique, 2002 en Ecosse ou encore 2005 en Angleterre. De ce fait, le député Nicolas Thierry a déploré un territoire national «devenu le refuge des veneurs européens». 

A cet argumentaire, Antoine Gallon a tenu à rappeler que «l’attestation de meute, document administratif nécessaire à la pratique de la chasse à courre», n’était «délivrée qu’à des équipages dont le chenil est installé en France». 

Cette pratique n’est quasiment plus soutenue par l’opinion publique. Selon un sondage Ifop, paru en 2021, 86% des Français se prononcent contre la chasse à courre.

Une cinquantaine de célébrités avaient même signé une tribune, publiée dans Le Monde, le 8 janvier dernier, afin d’exprimer leur hostilité à cette pratique.

«Les Français sont de plus en plus opposés à toute forme de souffrance animale, notamment la chasse à courre. Mais, nous avons un gouvernement qui préfère écouter les lobbys plutôt que les Français et c’est malheureux», dénonce Eddine Ariztegui. «La chasse n’a jamais eu autant de cadeaux que ces dernières années», regrette-t-il.

De nombreux incidents

La proposition de loi dénonce également l’absence totale de «fonction écologique» de la chasse à courre. «La régulation est un prétexte, fustige Eddine Ariztegui, la seule espèce qui nécessiterait une régulation sont les sangliers, et encore, nous pouvons utiliser des méthodes douces».

Les opposants à la pratique prennent souvent en exemple les débordements lors de ces «traques» qui «se terminent régulièrement dans les villes et villages, les meutes poursuivant alors les animaux épuisés jusque dans les zones habitées où ils cherchent à se réfugier».

En face, les veneurs se sont défendus en indiquant que «2 incidents avaient été repérés» sur les 18.000 journées de vènerie organisées par les 390 équipages qui chassent dans 70 départements français. La société de vènerie a déclaré, par l'intermédiaire d'un communiqué que les «incidents» avaient d'ailleurs été «traités par la justice conformément à la règlementation en vigueur». 

En ce qui concerne «la tranquilité des habitants» la société a indiqué qu'elle avait été «renforcée et garantie par le décret ministériel de février 2019 qui interdit désormais de servir des animaux dans les zones urbanisées».

Le texte de loi prévoit ainsi que «la pratique de la chasse à courre, à cor et à cri, et celle visant à poursuivre par les mêmes moyens un leurre simulant la voie d'un animal» pourrait être puni «d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende». 

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