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Incendie de la rue Erlanger : l'accusée condamnée à 25 ans de réclusion

10 personnes ont perdu la vie dans l'incendie d'un immeuble de la rue Erlanger à Paris, dans la nuit du 4 au 5 février 2019. [Benoît Moser / BSPP - Brigade de sapeurs-pompiers de Paris / AFP]

Accusée d'avoir mis le feu à un immeuble de la rue Erlanger, à Paris, en 2019, causant la mort de 10 personnes, Essia B. a été condamnée à 25 ans de réclusion ce jeudi 23 février, lors de son procès. La veille, l'avocat général avait requis 27 ans de réclusion.

Essia B., accusée d'avoir causé la mort de 10 personnes en mettant le feu à son immeuble situé rue Erlanger, dans le 16e arrondissement de Paris, dans la nuit du 4 au 5 février 2019, vient d'être condamnée ce jeudi à 25 ans de réclusion.

«Gravité extrême de la tragédie»

«Au regard de la gravité extrême de la tragédie» vécue par les victimes de l'incendie de la rue Erlanger, l'avocat général avait requis 27 ans de réclusion contre la responsable, la veille du verdict. Essia B., 44 ans, était en effet jugée à Paris pour avoir causé la mort de 10 personnes, en incendiant son immeuble.

Le magistrat, Rémi Crosson du Cormier, avait demandé que cette peine soit assortie de 18 ans de sûreté et de 15 années de suivi socio-judiciaire, avec une obligation de soins et d'indemnisation des victimes.

Deux expertises psychiatriques différentes avaient d'abord conclu à une altération du discernement de l'accusée au moment des faits, mais l'avocat général a appelé le jury à ne pas appliquer la réduction de peine que permet le code pénal dans ce cas. Il a insisté sur le caractère «volontaire, vengeur et disproportionné» des actes d'Essia B. 

Cette femme, qui souffre d'addictions et d'importants troubles psychiatriques, avait bien reconnu avoir mis le feu dans son immeuble du 16e arrondissement de Paris dans la nuit du 4 au 5 février 2019. Elle venait alors de se quereller avec un voisin qui se plaignait de nuisances sonores.

Si la personnalité de l'accusée est «complexe», sa décision de mettre le feu n'est ni «un geste délirant», ni «un geste impulsif», mais le résultat de «sa colère non maîtrisée et exacerbée par son alcoolisme», avait estimé le représentant de l'accusation.

«La seule auteure de cette terreur»

Pour commencer son réquisitoire, Rémi Crosson du Cormier a comparé la scène vécue par les victimes de l'incendie à celle d'un «attentat terroriste», citant les cris, l'attente ainsi que l'intervention des pompiers et des forces de l'ordre. Essia Boulares est «la seule auteure de cette terreur qui a emporté dix personnes dans la mort, blessé près de 100 autres personnes et plongé tant de familles dans la douleur», a-t-il insisté.

Ce soir-là, les fumées toxiques et les flammes avaient rapidement envahi cet immeuble ancien, situé en fond de cour et donc difficile d'accès pour les secours. De nombreux habitants étaient restés piégés dans leur appartement. Ce mercredi, les avocats des victimes ont demandé au jury de «rendre une justice à la hauteur de leurs souffrances», appelant à protéger la société «de manière durable et efficace» des actes d'Essia Boularès.

Cette dernière, soumise à un «lourd traitement», a souvent lutté pour rester éveillée dans le box des accusés mais s'est exprimée clairement lors des débats. Julie Duvivier, avocate d'une jeune femme qui vivait au premier étage, a condamné le fait que l'accusée soit «infantilisée à dessein, pour atténuer sa responsabilité». «Elle n'a rien d'une gamine ni d'une folle», a-t-elle lâché.

L'avocate avait elle aussi demandé à ce que l'«altération» du jugement ne soit pas retenue pour alléger la peine d'Essia Boularès. Julie Duvivier considère au contraire que l'état mental de la quadragénaire constitue «un contexte aggravant», qui «mène au geste criminel qu'elle a commis, sous stupéfiants et en état d'ivresse, c'est-à-dire en sachant parfaitement qu'elle deviendrait dangereuse».

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