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«Bassines» dans les Deux-Sèvres : la justice poursuit le porte-parole des opposants avant une nouvelle manifestation

Alors que l'association Bassines Non Merci appelle à un week-end de manifestation les 25 et 26 mars prochains dans les Deux-Sèvres, l'État a décidé de jouer la carte de la répression. Le porte-parole du collectif a été placé sous contrôle judiciaire et la préfecture a interdit tout rassemblement dans le département.

Après les tensions contre les retraites, l'État craint désormais des débordements en régions sur la question des «méga-bassines». La préfecture des Deux-Sèvres a interdit les rassemblements prévus dans le département contre ces infrastructures critiquées pour leur mauvaise utilisation des ressources en eau.

Un arrêté a donc été pris par la préfecture, visant un week-end de manifestations prévues samedi 25 et dimanche 26 mars prochains, à l'appel de la Confédération paysanne et du collectif Bassines Non Merci.

Pour rappel, ce qu'on appelle «méga-bassine» est un immense réservoir d'eau allant jusqu'à 650.000 m3 (plus de 250 piscines olympiques) remplis grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles l'hiver. Il permet l'irrigation l'été ou lors de périodes de sécheresse. Ces projets restent contestés car entre 20% et 60% de l'eau stagnante peut s'évaporer, tout en se dégradant. De plus, les infrastructures aggravent la situation déjà difficile des nappes phréatiques.

Le porte-parole du collectif devant les tribunaux

Les derniers rassemblements s'étaient produits en octobre dernier sur la commune de Sainte-Soline. Plusieurs milliers de militants et agriculteurs avaient monté une Zad pour empêcher la construction d'un réservoir géant. Mais la situation avait dégénéré, avec des affrontements avec les forces de l'ordre. Selon la préfète Emmanuelle Dubée, 61 gendarmes avaient été blessés, dont 22 grièvement.

Ce vendredi 17 mars, Julien Le Guet, le porte-parole de Bassines Non Merci, a été convoqué par la gendarmerie de Niort et placé en garde à vue «dans le cadre des enquêtes ouvertes suite au mouvement des 29 et 30 octobre 2022», indique le parquet. L'homme va comparaître le 8 septembre devant le tribunal correctionnel.

«Cela fait trois mois d'affilée qu'on est convoqué seul ou à plusieurs avant les manifestations, dans la perspective, j'imagine, de nous intimider», soutient Julien Le Guet. «Si l'État pense que c'est comme ça qu'ils vont éteindre la colère citoyenne, à travers l'intimidation, la répression et des bombes lacrymogènes, ils se fourrent le doigt dans l'œil très profond».

De leur côté, les syndicats agricoles reprochent au gouvernement une manœuvre de répression similaire avec les manifestations contre la réforme des retraites. «Le gouvernement s'entête sur les retraites à passer en force et quelque part, ce qu'il veut faire sur l'eau, c'est un 49.3 écologique», assure Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne.

Sur les réseaux sociaux, les associations écologistes et mouvements d'agriculteurs appellent toujours à la manifestation contre ces projets de «méga-bassines». «Tant que la question du partage de l’eau ne sera pas remise au cœur du débat, le mouvement va devoir encore se renforcer», indique Bassines Non Merci sur son site internet.

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