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Paris : la «zone à trafic limité» pourra-t-elle vraiment voir le jour en 2024 ?

La zone à trafic limité vise à rééquilibrer le trafic au profit des piétons, des cyclistes et des usagers des transports en commun. La zone à trafic limité vise à rééquilibrer le trafic au profit des piétons, des cyclistes et des usagers des transports en commun. [© ALAIN JOCARD / AFP]

Le projet était un peu passé sous les radars depuis un an, mais la maire de Paris Anne Hidalgo a relancé le sujet ce jeudi 30 mars : la zone à trafic limité (ZTL) du centre de Paris «verra bien le jour début 2024», a-t-elle déclaré. La promesse sera-t-elle tenue ?

Comme promis l'an passé, la ZTL «se fera bien début 2024», a assuré la maire de Paris Anne Hidalgo, qui avait début 2022 décidé de repousser d'un an et demi la mise en place de ce projet phare de son deuxième mandat parisien. L'objectif ? Interdire la circulation de transit dans Paris Centre ainsi que dans la partie haute des 5e, 6e et 7e arrondissements.

Des études à réaliser

Mais le projet présenté il y a deux ans, en mai 2021, et initialement prévu pour 2022 avait pris du retard. L'exécutif avait justifié ce report par la nécessité de «prendre le temps» de réaliser une étude d'impacts ainsi qu'une enquête publique – «non obligatoires stricto sensu» dans le montage de ce projet, rappellent des proches de la maire – qui doit associer les habitants, les autorités de transports, les commerçants ainsi que les grands magasins.

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Pour autant, les délais sont tenus, promet l'élue socialiste, qui doit «transmettre le dossier à l'Autorité environnementale dans les semaines à venir pour une enquête publique à la fin de l'été». Mais rien n'est gagné, car si la majorité municipale veut mettre en œuvre ce projet dans un peu plus d'un an, en intégrant Paris Centre mais aussi la partie nord de la rive gauche des quais jusqu'au boulevard Saint-Germain, il va surtout falloir convaincre la préfecture de police de Paris, qui a le pouvoir de s'y opposer.

les réserves du préfet de police

Et ce n'est pas une mince affaire, puisque la préfecture de police de Paris – par la voix de l'ancien préfet Didier Lallemant – avait déjà émis de «fortes réserves» sur le projet «tel qu'envisagé», expliquant début 2022 que «les caractéristiques actuelles du projet risqu[aient] de créer des difficultés pour la circulation des services de secours et de police en périphérie de la zone, et pourraient par ailleurs avoir un impact négatif pour l'activité économique de la capitale».

Depuis, la ligne de la PP n'a pas spécialement changé, quand bien même le dialogue est bien plus fluide avec le nouveau préfet de police Laurent Nuñez qu'avec son prédécesseur. La maire se veut rassurante sur ce point : «on discute encore, en très bonne intelligence, du périmètre avec la préfecture de police». «Ces aménagements ne l'empêcheront pas de continuer à mener sa mission de protection des Parisiens», a-t-elle ainsi répondu aux principales inquiétudes émises par le préfet.

Des maires vent debout contre le projet

Et c'est bien là que le bât blesse, car le projet de la municipalité s'étale des Grands Boulevards (9e) au nord jusqu'au boulevard Saint-Germain (6e /7e) au sud, et prévoit donc de fermer à la circulation de transit les quais hauts de la rive gauche, entre l'Institut du monde arabe et l'Assemblée nationale. Pour compenser, la municipalité souhaite aménager le boulevard Saint-Germain à double sens de circulation.

Une aberration pour les maires des arrondissements concernés, qui se sont dits «très surpris» de ce changement de régime de circulation et donc de stationnement. En juillet 2021 déjà, les maires du 6e Jean-Pierre Lecoq et du 7e Rachida Dati avaient fait part de leur «complète opposition au projet de zone à trafic limité», réclamant même l'abandon du projet. «Sans étude d'impact, ni plan de circulation, sans compensation, ni projection financière, les projets de ZTL et de modification de la circulation sur le boulevard Saint-Germain ne sont pas crédibles», avaient-ils écrit dans un courrier envoyé à Anne Hidalgo.

«Notre position n'a pas changé», confirme ce jeudi le maire du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq, qui regrette que la maire «reste floue sur la partie nord des 5e, 6e et 7e arrondissements», «refusant de répondre sur ce point». Lui déplore que le projet «vendu» au départ dans une «forme très light» afin d'«inciter les automobilistes de transit à ne plus utiliser cette zone» ait finalement pris une forme plus sévère, avec «d'importantes limitations de circulation» dont «le sommet» a été de mettre le boulevard Saint-Germain à double-sens.

Un axe qui «relie les lieux de pouvoir, l'Assemblée nationale au Sénat», souligne l'élu, qui parle d'un projet «très violent» pour les habitants du quartier et évoque même un risque de «paralysie totale». Reste à savoir si la préfecture de police acceptera le projet, étant compétente sur une partie des axes concernés, notamment cet axe très fréquenté. Pour le maire du 6e, pour tenir les délais, il faudrait que la ZTL se concentre uniquement sur Paris Centre.

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