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Réception des syndicats à Matignon : retraites, salaires... À quoi s'attendre ?

Le 5 avril dernier, la réunion entre Elisabeth Borne et les syndicats n'avait duré qu'une petite heure. [BERTRAND GUAY / POOL / AFP]

La Première ministre va recevoir cette semaine des organisations syndicales prêtes à renouer le dialogue, notamment sur la question des salaires, mais pas à tourner la page des retraites.

Renouer avec les syndicats. C'est l'objectif d'Elisabeth Borne en recevant, cette semaine, les cinq organisations représentatives à Matignon dans le cadre de réunions bilatérales ce mardi (FO, CFDT) et mercredi (CFE-CGC, CFTC, CGT).

«Même après ces mois agités, je reste convaincue qu'il faut donner plus de place à la négociation et au dialogue social», a assuré la Première ministre dimanche dans une interview au JDD, se disant «à l'écoute des priorités» des organisations syndicales et patronales.

Elisabeth Borne avait lancé ces invitations sans «ordre du jour précis» le 5 mai dernier, après avoir présenté la feuille de route des «cent jours» décrétés par Emmanuel Macron pour relancer l'exécutif après la laborieuse adoption de la réforme des retraites.

les retraites toujours au centre des discussions

Le texte promulgué par le président de la République le 14 avril ne convainc toujours pas les syndicats qui entendent mettre le sujet au centre des discussions avec la cheffe de gouvernement. En ligne de mire : la 14e journée de grève et de manifestations le 6 juin, deux jours avant l'examen à l'Assemblée d'une proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme.

«L'intersyndicale soutient la proposition de loi supprimant l'âge légal et l'allongement de la durée de cotisation», a déclaré ce lundi l'intersyndicale, dans un communiqué qui martèle son opposition à la réforme des retraites.

«Le 6 juin, c'est une date importante de l'histoire de France, c'est le D-Day», a lancé de son côté la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, à Mediapart, en dressant un parallèle avec le débarquement de Normandie. «Ce que je vais dire à la Première ministre, c'est qu'il n'y aura pas de retour à la normale si cette réforme (des retraites) n'est pas abandonnée», a-t-elle martelé sur RTL, alors que le gouvernement reste inflexible sur le sujet.

les syndicats «en position de force» ?

Si les syndicats avaient écourté leur précédent rendez-vous avec la Première ministre, le 5 avril, faute d'avancée sur les retraites, le gouvernement espère cette fois-ci que d'autres thématiques pourront être abordées. «Il y a des sujets sur lesquels on devrait pouvoir discuter parce que ce sont des améliorations concrètes pour les travailleurs», a indiqué à l'AFP l'entourage de la Première ministre.

«On va continuer à dire que la page n'est pas tournée» sur les retraites, mais «on ne peut pas ne pas parler de l'inflation, du pouvoir d'achat», a confirmé à l'AFP le président de la CFTC, Cyril Chabanier, estimant que les syndicats sont «en position de force grâce au mouvement social».

Forts de leur exceptionnelle unité durant tout le mouvement contestation, les syndicats comptent porter des «propositions communes» auprès de la Première ministre pour obtenir des résultats.

les syndicats d'accord sur les salaires

Selon France Inter, FO, CGT, CFE-CGC, CFDT, CFTC se sont mis d'accord sur la question salariale, en exigeant notamment que les aides publiques aux entreprises soient conditionnées à des objectifs sociaux, comme la hausse des salaires, et environnementaux. Sophie Binet (CGT) propose ainsi que les aides publiques soient soumises à une validation des représentants du personnel, qui «jugeraient si les objectifs sociaux et environnementaux sont tenus».

«Ce n'est pas possible d'avoir des aides publiques quand on licencie, quand on ne respecte pas l'égalité professionnelle, quand on augmente de façon exponentielle les dividendes et les salaires des PDG et que les salaires stagnent», a-t-elle estimé en ciblant le directeur général d'Air France-KLM, Benjamin Smith, qui «vient d'annoncer le triplement de son salaire» ou encore le laboratoire français Sanofi «qui a bénéficié de près d'un milliard de crédit impôt recherche (CIR) et qui dans le même temps a divisé par deux son nombre de chercheurs». 

«Les minima sont au-dessous du smic dans 151 branches professionnelles sur 171», a dénoncé de son côté Laurent Berger (CFDT) dans L'Obs, évoquant de possibles «victoires» sur le sujet de la hausse des salaires dans un contexte d'inflation.

séniors, pénibilité...

D'autres revendications propres à chaque syndicat seront également mises sur la table. La CFDT veut ainsi promouvoir son idée de compte épargne-temps universel quand la CGT, elle, veut aborder les ordonnances de la loi Travail de 2017 qui ont supprimé les comités d'hygiène et de sécurité au travail (CHSCT).

Parmi les autres sujets que les syndicats souhaitent évoquer : l'emploi des seniors, la pénibilité ou encore l'organisation du travail (semaine de quatre jours, télétravail).

De possibles avancées sont également à attendre sur ce terrain, alors qu'Elisabeth Borne avait assuré début avril qu'il restait «beaucoup de sujets à aborder» sur «la qualité de vie au travail, sur les fins de carrière, sur la prévention de la pénibilité».

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